Ce vendredi 3 juin 2011, les amateurs canadiens de course automobile apprennent avec étonnement qu’un de leurs compatriotes possède enfin une chance crédible d’atteindre le nirvana, la Formule 1. Depuis que Jacques Villeneuve a disputé le Grand Prix d’Allemagne en 2006 avec Sauber-BMW, aucun autre pilote canadien n’a été approché par une écurie de F1. Mais en ce 3 juin, l’annonce est faite que le Torontois Robert Wickens est recruté comme pilote de réserve de l’écurie de F1 Marussia Virgin Racing aux côtés des pilotes réguliers, Timo Glock et Jérôme d'Ambrosio.
La conférence de presse (que j’ai animée !) avait été tenue à Montréal une semaine avant le Grand Prix du Canada. Wickens était évidemment présent et était accompagné par Marc Haynes, responsable du programme de développement des pilotes de l’écurie Marussia Virgin Racing.
Né en 1989, Wickens était un pilote sérieux, compétent, rapide et pas du tout un fils de milliardaire. Il avait atteint cet objectif grâce à son talent et sa détermination. Après une très belle carrière en karting, il intègre la filière des jeunes pilotes Red Bull. Il devient champion de Formule BMW nord-américaine en 2006, puis se classe deuxième du championnat de Formule 2 en 2009. Un an plus tard il se classe second du championnat de GP3 et en 2011, il dispute le championnat de Formule Renault 3.5 avec l’écurie Carlin Motorsport.
Après une victoire et deux deuxièmes places en sept épreuves, l’annonce est faite qu’il intègre l’écurie de F1 Marussia du nom du constructeur de voitures sport russe vient de racheter les actifs de l’écurie Virgin Racing. Puis, le 1er juillet, Wickens effectue son premier essai à bord d’une monoplace de F1. Il s’agit du prix offert par Renault au meneur du classement général de la série Formule Renault 3.5 à la mi-saison. Wickens pilote donc une Renault R30 sur le circuit du Hungaroring et découvre l’environnement de la F1.
Wickens découvre le monde des Grands Prix
L’été se poursuit et le pilote ontarien engrange quatre autres victoires en FR 3.5 et décroche le titre de champion, battant des rivaux qui vont monter en F1, dont Jean-Éric Vergne, Alexander Rossi et Daniel Ricciardo. En septembre, Robert fait ses premiers pas avec l’écurie russe en réalisant 200 km d’essais aérodynamiques sur l’Autodromo Riccardo Paletti de Varano aux commandes de la MVR-02 à moteur Cosworth.
Arrive la fin de la saison 2011. Si Wickens accompagne l’équipe chaque fois qu’il ne court pas en Formule Renault 3.5, il n’a pas encore roulé lors d’un week-end de Grand Prix. Ce grand événement a lieu lors de la dernière course de la saison à Abou Dhabi. Au volant de la voiture de D’Ambrosio, il participe aux premiers essais libres du vendredi. Il réalise le 23e temps en 1’48”551, 0”5 plus lent que son coéquipier, Timo Glock.
Après la course, Wickens reste à Abou Dhabi pour participer aux essais jeunes pilotes où il teste des nouveaux pneus Pirelli. Le Canadien effectue 34 tours de piste et avec un train de pneus super tendres, il réalise un chrono de 1’45”934, 0”41 plus vite que Charles Pic au volant de la même voiture.
Pour lui, l’aventure de la F1 se termine là. L’affaire Marussia tombe à l’eau. Wickens est ensuite recruté par Mercedes-Benz et court en DTM de 2012 à 2017. En série IndyCar, Wickens est cependant victime d’un terrible accident à Pocono en 2018 qui le laisse paraplégique. Au volant d’une voiture adaptée, il reprend courageusement la compétition en 2022 et remporte le titre de la série IMSA Michelin Pilot Challenge un an plus tard au volant d’une Hyundai Elantra N TCR qu’il partage avec Harry Gottsacker. Cette année, il a poursuivi son engagement avec Hyundai en classe TCR de l'IMSA.