Avant l’ouverture du super ovale de Daytona International Speedway en 1959 et ses célèbres épreuves de 500 milles, les courses floridiennes de stock-car sanctionnées par la NASCAR avaient lieu sur la plage de Daytona Beach.
La piste était alors tracée en partie sur le sable de la plage, tout en tenant compte de la marée puisqu'à marée haute, l’océan recouvrait une partie du circuit.
La dernière course automobile à avoir été organisée sur la plage a eu lieu le 3 février 1958. Un des meilleurs compétiteurs de l’époque était Paul Goldsmith de St. Clair Shores au Michigan, un ancien pilote de moto du constructeur américain Harley-Davidson.
Piloter une moto de course sur des ovales en terre battue était extrêmement dangereux à ce moment-là. Plusieurs compétiteurs perdaient la vie dans de terribles accidents, car au fil des tours la piste devenait bosselée, remplie de sillons profonds et de trous.
Un génie de la mécanique et préparateur des meilleurs voitures de stock-car du moment, Henry "Smokey" Yunick, repère Goldsmith sur les circuits de motos. C’est lui qui va convaincre Goldsmith de délaisser les motos pour tenter sa chance dans les voitures de stock-car.
La NASCAR organisait une course sur la plage de Ponce Inlet Beach à Daytona. Le circuit de 4,1 milles de long (6,6 km) était composé d’une longue ligne droite tracée sur la plage, suivit d’un virage sur le sable menant sur l'Atlantic Avenue à deux voies pavées jusqu'à la ligne de départ/arrivée puis au virage sud en sable pour compléter le tour. C’était une sorte d’ovale très allongé.
En préparation à la course du 3 février 1958, Goldsmith et Yunick travaillent sans relâche pour trouver les bons ajustements de la Pontiac qui doit être efficace et rapide sur le sable de la plage comme sur l’autoroute pavée. Ils testent tout un lot d’amortisseurs, de réglages de suspension et de pressions de pneus afin d’obtenir une tenue de route efficace.
Goldsmith est alors un pilote de stock-car expérimenté, ayant déjà récolté plusieurs victoires en Cup. Il a triomphé une fois en 1956 et quatre fois en 1957.
Cette course de Daytona Beach de février 1958 sera la dernière présentée sur la plage puisque Bill France sénior et la NASCAR ont entrepris la construction d’un super ovale de 2,5 milles, le fameux Daytona International Speedway.
Une grande fête sur la plage
Durant trois jours de février, on assiste à un véritable carnaval de l’industrie automobile à Daytona Beach, le fameux Speed Week, avec des événements qui se succèdent sur la plage : courses d’accélération, courses de motos, tentatives de records de vitesse, etc. Le clou du spectacle est sans contredit la course de stock-car du 3 février avec une grille de départ de 49 bolides.
Malgré le temps froid (à peine une quinzaine de degrés C), des milliers d’amateurs s’entassent sur les gradins temporaires en bois. Goldsmith met à profit sa vaste expérience des courses à motos sur les ovales de terre battue.
Ce dernier est intraitable lors de la course de 160 milles (257 km) réservée aux voitures fermées de type Late Model. Au volant de sa Pontiac 1958 préparée par Yunick, Goldsmith remporte la victoire à la vitesse moyenne de 162,8 km/h. Il termine les 39 tours de piste avec une avance de cinq longueurs de voitures sur la Ford de Curtis Turner et la Pontiac de Jack Smith. À noter la sixième place de Lee Petty et la neuvième position de Fireball Roberts.
Il s’agissait donc de la dernière course automobile à avoir été présentée sur la plage de Daytona Beach, bien que des courses de motos y furent organisées durant quelques années encore.
Quant à Paul Goldsmith, il a couru en NASCAR Cup durant 11 saisons, a participé à 128 courses et a remporté neuf victoires.