Le Ferrari Challenge Amérique du Nord existe depuis 1994. Au Québec, le grand public a commencé à s’y intéresser au début des années 2000 lorsque l’ancien joueur de hockey Patrice Brisebois y a participé, et remporté des épreuves.
Mais un autre pilote québécois participe à la série depuis plusieurs années, souvent avec succès. Martin Burrowes est domicilié à Mont-St-Hilaire et il a remporté le championnat en 2018. Cette année, aux commandes de sa 488 Challenge Evo, il a connu un début de saison plus difficile et cela s’est hélas confirmé le week-end dernier au Grand Prix du Canada alors que sa nouvelle voiture a été accidentée, Burrowes étant victime d’un accrochage dès le premier tour de la course de samedi.
Le lendemain, c’est avec sa voiture de réserve (photo ci-dessous) qui a disputé la seconde course, terminant 7ème. Nous l’avons justement rencontré au circuit Gilles-Villeneuve. Entrevue d’un "Gentleman driver" discret et talentueux…
Martin, tout d’abord comment as-tu débuté en sport automobile ?
À la base, je suis plus un gars de moto et je faisais beaucoup de lapping. Avec la venue de mes deux filles, j’ai décidé de passer au sport automobile car c’est un peu plus sécuritaire. Je me suis alors inscris dans le club Porsche en 2002 et en Ferrari Challenge en 2003, avec mon Armada 360. J’ai ensuite roulé avec les modèles 430, 458 et 488. À cet époque-là, j’ai roulé beaucoup à Tremblant, je ne participais pas à tous le championnat américain. En 2018, j’ai fait le championnat américain au complet, que j’ai gagné. L’année suivante, j’étais 2ème avant le championnat du monde en Italie auquel je n’ai pas participé et j’ai terminé 3ème au final. En 2020 et 2021, je terminais toujours 1, 2, 3 ou 4. Finalement, cette année la saison est un peu plus difficile parce qu’il y a beaucoup de jeunes qui sont arrivés dans la série et ils sont vraiment bons. J’ai 54 ans et je me bats contre des jeunes de 25-30 ans qui ont beaucoup de nerfs et qui sont très rapides. En début de saison, j’avais de la misère à me qualifier en bonne position. À Watkins Glen, j’ai eu une mauvaise qualification mais j’ai quand même réussi à terminer 4ème le samedi et 3ème le dimanche. Je suis plus à l’aise et je commence à retrouver mes repères.
Revenons sur 2018. C’était ta première saison complète dans la série et tu as remporté le championnat. Ça reste un souvenir particulier pour toi ?
Oui, définitivement. Ce sont mon père et mon oncle qui m’ont initié à la course automobile, ils m’emmenaient voir les courses de Can Am au Mont-Tremblant quand j’étais tout petit. Après mon titre, mon oncle et décédé et mon père est lui aussi décédé un an plus tard. Je leur ai dédié mon championnat à tous les deux, j’étais très fier de cela.
Daytona est un circuit mythique pour beaucoup de pilotes, pourtant c’est une piste que tu n’aimes pas. Pourquoi ?
J’y ai souvent connu des problèmes, bien que ça ait quand même été correct cette saison, je n’ai pas trop mal terminé. Mais c’est effectivement une piste où j’ai eu de mauvaises expériences par le passé, dont un gros accident et j’avoue que je suis toujours un peu craintif de retourner piloter là-bas.
Tes ambitions pour cette saison ?
Je suis 7ème au championnat. Je suis confiant de monter dans le Top 5 avant la fin de la saison, ce qui serait bon dans les circonstances actuelles. Le Top 3 n’est pas impossible. En fait, si je ne suis pas en position de finir parmi les meneurs en fin de saison, je ne participerai pas au championnat du monde en Europe. C’est un gros investissement à une époque où j’ai vraiment beaucoup de travail au bireau. Si je fais le déplacement, il faut que ça en vaille la peine.
Plusieurs pilotes de Ferrari Challenge sont ensuite partis faire carrière en Endurance. Est-ce quelque chose que tu envisages ?
Les voitures d’Endurance m’intéressent beaucoup. J’ai eu 2 Ferrari GT3 et j’ai adoré les piloter mais je ne suis pas attiré vers la discipline en tant que telle. Je préfère les courses de sprint. J’ai essayé la Coupe Porsche Sprint challenge une fin de semaine l’an dernier en Virginie et j’ai bien aimé. C’est la première fois que j’essayais la voiture et j’ai réussi à monter jusqu’au 3ème rang avant de me faire envoyer en tête-à-queue pour finalement compléter la course 9ème. J’ai quand même adoré mon expérience. Je n’ai pas le temps de participer à 2 séries, sinon je ferais la Coupe Porsche en plus du Ferrari Challenge. Cela suffirait à mon bonheur !
Quelle est ta piste préférée ?
Watkins Glen, et aussi Laguna Seca. Il y a également Mosport et Sebring que j’adore. Même si la piste est très bosselée, il y a beaucoup de d’endroits stratégiques pour effectuer des dépassements à Sebring et j’adore cela.
Tout au long de ces années en Ferrari Challenge, y a-t-il une victoire qui t’a marqué plus que les autres ?
L’an dernier à Watkins Glen ! J’ai eu un bris mécanique en qualification et je suis parti 15ème pour la course du samedi. J’ai réussi à terminer 2ème. Le lendemain, j’ai réussi à gagner et cela reste pour moi une victoire exceptionnelle. J’ai aussi gagné à Laguna Seca en 2019 alors qu’un jeune pilote brésilien de 20 ans m’a talonné tout au long de la course. Il était constamment dans mon pare-choc arrière, ça été une belle bataille et un très beau souvenir.
Après le Grand Prix du Canada, les pilotes de Ferrari Challenge Amérique du Nord seront en piste du 15 au 17 juillet sur le circuit routier d’Indianapolis. La saison prendra fin avec la finale mondiale, à Imola (Italie) du 26 au 30 octobre.