Site officiel de Pole-Position Magazine - Le seul magazine québécois de sport automobile

www.Poleposition.ca

Site officiel de Pole-Position Magazine

Porsche au Mans, partie 3 : 1977, un exploit signé Jacky Ickx !

Porsche au Mans, partie 3 : 1977, un exploit signé Jacky Ickx !

Mercredi 10 juin 2020 par Philippe Brasseur
Crédit photo: WRI2

Crédit photo: WRI2

Après s'être partagé les victoires lors de la première moitié des années 1970, Matra (3 gains) et Porsche (2) se sont retirés et l’édition 1975 des 24 Heures du Mans s'est jouée entre écuries privées. Jacky Ickx, associé cette fois à Derek Bell, l’emporta sur une Mirage-Ford. Derrière seulement 4 prototypes de classe Sport, dont une 908, les Porsche 911 RSR monopolisèrent les 7 premiers rangs de la classe GTS. On note au passage la 5ème place GTS et 8ème toutes-catégories du Québécois Jacques Bienvenue, associé au Français Claude Ballot-Léna.

Dès l’année suivante, la marque allemande était officiellement de retour en classe Prototypes pour viser la victoire générale. Confiée à Ickx et Gijs Van Lennep, l’une des 936 officielles s’imposa face à un nouvel adversaire : Renault. Un duel, qui promettait d’atteindre les sommets de celui de Ford contre Ferrari lors de la décennie précédente, se dessinait alors entre Renault et Porsche. Mais en 1976, Renault débutait avec un seul prototype Alpine, qui renonça à la 11ème heure, et le duo Ickx/Van Lennep offrit à Porsche sa troisième victoire toutes-catégories au Mans, avec cette fraîchement développée 936 Spyder turbo. C'était aussi la première victoire au général d’un moteur turbocompressé aux 24 Heures du Mans.

L’édition de 1977 révéla un scénario bien différent et demeure aujourd’hui considérée par Jacky Ickx comme sa plus grande course à vie. Au terme de la 1ère heure, les prototypes Renault-Alpine caracolaient en tête alors que le moteur de la 936 de Ickx et Henri Pescarolo rendait l’âme. La seconde 936, celle de Hurley Haywood et Jürgen Barth, avait chuté en 42ème position, victime là encore d’un souci mécanique. Bien peu de monde ne pariait alors sur une victoire Porsche. Et pourtant…

L'histoire allait alors connaître un revirement comme le sport automobile est capable d’en offrir : Ickx fut appelé par Porsche pour aider Haywood et Barth sur la seule 936 restant en course (le règlement permettait alors à un pilote de changer de voiture pendant l’épreuve, en autant que cela reste au sein de la même équipe) et le champion belge réalisa, de nuit, un véritable festival, remontant les positions par dizaines; la plupart du temps sous la pluie !

Du grand art et lorsque le dimanche matin, à moins de 2 heures de l’arrivée, la dernière Renault-Alpine encore aux avant-postes connut à son tour un bris mécanique, le trio Ickx-Haywood-Barth se retrouva en tête. Jusqu’au bout, et alors que la 936 commençait à démontrer des signes de fatigue de la folle remontée que lui avait imposé ses pilotes, le suspense dura. Barth boucla un dernier tour au ralenti mais qu'importe, Porsche triomphait de nouveau.

Renault obtint enfin sa revanche en 1978, Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud récoltant la seule victoire au Mans de la marque française. Un succès indiscutable, la A442B des deux pilotes français devançant par 5 tours les deux 936 officielles, confiées alors aux trios Jacky Ickx, Bob Wollek et Jürgen Barth (2èmes) et Hurley Haywood, Reinhold Joest et Peter Gregg (3èmes). Cette année-là, les ambitions de Porsche ne reposaient pas uniquement sur les deux seules vieillissantes 936 mais aussi sur un modèle de 911… survitaminé ! Appelée 935/78 Moby Dick, cette voiture hyper large et très puissante atteignit les 366 km/h en vitesse de pointe. Pas mal pour une GT avec un moteur biturbo de 3,2 litres, qui développait il est vrai quelque 850 chevaux ! Cette voiture ne permit toutefois pas à la marque de rivaliser avec les prototypes et, en finissant 8ème, elle fut aussi devancée par trois autres GT. Des 935 plus conventionnelles, tandis que le duo Rolf Stommelen et Manfred Schurti avait été ralenti par des soucis mécaniques et la grande consommation de son bolide.

La décennie 1970 se termina tout de même sur une ultime victoire Porsche au Mans. Renault parti en Formule 1, la bataille pour la victoire se joua entre équipes privées disposant de 911 modifiées. La 935 K3 de l'équipe allemande Kremer franchit la ligne d'arrivée en tête des 24 Heures du Mans 1979. Son trio de pilotes, composé de Klaus Ludwig et des frères Don et Bill Whittington, l’emporta devant une autre 935, celle du Dick Barbour Racing pilotée par son pilote-propriétaire et par Rolf Stommelen et l’acteur Paul Newman. Ayant ressorti une fois encore ses 936, à l’initiative de la compagnie Essex qui avait payé la totalité des dépenses, l’équipe officielle Porsche connut l’un de ses rares fiascos au Mans avec des prototypes : les deux 936 abandonnèrent avant de voir le lever du jour le dimanche, suite à des bris mécaniques.

Ce succès toutes-catégories de la 935 K3 de l’équipe Kremer était aussi le premier d’une voiture de course à moteur arrière au Mans mais il marquait la fin d’une époque : les rumeurs d’un tout nouveau règlement commençaient à sortir au grand jour et celui-ci allait reléguer les GT au rang de faire-valoir en faisant des années 1980 une décennie toute entière à la gloire des prototypes...