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Porsche au Mans, partie 2 : La transition vers les années 1970 et les premiers gains

Porsche au Mans, partie 2 : La transition vers les années 1970 et les premiers gains

Mardi 9 juin 2020 par Philippe Brasseur
Crédit photo: WRI2

Crédit photo: WRI2

Pour tenter de remporter cette tant attendue victoire toutes-catégories aux 24 Heures du Mans, Porsche a continuellement accéléré le rythme de ses présences et du développement de ses machines au cours des décennies 1950 et 1960. En 1958, Hans Herrmann et Jean Behra sont les premiers pilotes Porsche à monter sur le podium au classement général. Le duo a terminé troisième dans une 718 RSK avec un moteur Carrera de 1,6 litre disposant de 150 chevaux.

En 1964, la première Porsche à carrosserie plastique fait ses débuts au Mans : la 904 Carrera GTS. En 1966, la longue histoire de succès commence avec l’arrivée de la 911. Un an plus tard, une 907 à longue queue termine la course de 24 heures en tant que première Porsche à atteindre une vitesse moyenne de plus de 200 km/h. C’est alors la grande époque du duel Ford-Ferrari, qui a fait l’objet d’une fiction très réussie au cinéma l’an dernier. Pour Porsche, c’est véritablement en 1968, alors que Ferrari s’est retirée officiellement et que les GT40 sont à leur apogée, que les premiers exploits marquent les esprits.

Ainsi, le pilote suisse Jo Siffert établit le meilleur temps aux essais libres, au volant de la 908 nouvellement développée avec un moteur boxer huit cylindres de trois litres. En 1969, la 917 fait son apparition. Une voiture qui allait devenir mythique avec son moteur à douze cylindres de 4,5 litres. Les prototypes démesurés remplacent alors peu à peu les GT Sport. Après avoir enregistré les meilleurs essais et tours de course, les deux 917 officielles sont toutefois contraintes à l’abandon après avoir occupé dominé en début de course. Une bonne vieille 908 avec son châssis longue queue pilotée par Hans Herrmann et Gérard Larrousse passe tout de même proche de la victoire mais le jeune, talentueux et très rusé pilote belge Jacky Ickx parvient à prendre définitivement l’ascendant sur Hermann dans le dernier tour et impose sa GT40 avec 120 mètres d’avance !

Cette victoire qui semblait tendre les bras à Porsche dans la seconde moitié des années 60 va finalement devenir réalité en 1970 : elle inscrit son nom dans le cercle des vainqueurs des 24 Heures du Mans ! La victoire n’a jamais semblé pouvoir échapper à la marque de Stuttgart mais c’est une 917 semi-officielle qui bat les voitures d’usine au fil d’arrivée.

Quatre autres victoires Porsche vont marquer les années 1970 au Mans, avec trois modèles différents. La 917 a encore gagné en 1971 (photo ci-dessus) avant que le règlement change et qu’apparaisse, trois années durant la domination de la marque française Matra avec ses prototypes au moteur V12 hurlant.

Avec la 917, Porsche avait développé, comme précédemment avec les 906, 907, 910 et 908, une version longue queue. Un type de châssis dédié aux circuits de très haute vitesse et Le Mans à cette époque, avec sa fameuse ligne droite des Hunaudières de 6,2 km, était particulièrement adapté pour ce type de châssis. Une version courte queue conçue pour une force d'appui plus élevée fut aussi utilisée et, les aléas de l’épreuve aidant (notamment la pluie en 1970), ce sont ces modèles de 917 qui ont gagné l’épreuve en 1970 et 1971. Hans Herrmann et Richard Attwood furent ainsi les lauréats en 1970 tandis qu’Helmut Marko, qui est aujourd’hui le très influent conseiller sport automobile de Red Bull, et Gijs Van Lennep ont poursuivi sur le chemin de la victoire l’année suivante.

33 des 49 voitures sur la grille de départ en 1971 étaient des Porsche, que ce soit des prototypes (917 ou 908) ou des 911 engagées en catégorie Sport. L’édition 1971 demeure à ce jour la plus forte présence d’un même constructeur au départ dans toute l'histoire du Mans et, en prime, Porsche pouvait se targuer d’un record qui allait tenir plusieurs décennies : le gain de la 917 de Marko et Van Lennep avait été acquis à une vitesse moyenne de 222,304 km/h !

En 1972 avec Matra, une nouvelle tendance est apparue dans le domaine de l'aérodynamique. Alors que par le passé, les voitures de course avaient toujours été conçues pour une faible traînée sur le circuit du Mans, les choses ont changé. Du côté des prototypes d’abord, puis des GT à compter de 1973, les gros ailerons ont fait leur apparition. Chez Porsche, l’engagement officiel en 1973 passait par deux 911 Carrera RSR équipées de ces imposants appendices aérodynamiques. De quoi réduire la vitesse de pointe sur la ligne droite des Hunaudières mais donner davantage de stabilité et une meilleure vitesse de passage en courbe dans les autres sections de ce circuit de plus de 13 km.

Des caractéristiques qui se révélèrent payantes, d’autant que le tracé du Mans, réputé très dangereux, devenait au fil du temps plus techniques, avec des chicanes ajoutées à plusieurs endroits et la création, en 1971 d’une nouvelle section permanente de la piste, intégrant un enchaînement de courbes qui se révélèrent particulièrement piégeuses, ce qui est encore le cas aujourd’hui : les fameux virages Porsche !

En 1974, alors que Matra récoltait une troisième et dernière victoire de suite au niveau toutes-catégories, Porsche inaugurait avec ses GT l'ère des moteurs turbocompressés, qui équipaient ses 911 Carrera RSR Turbo 2.1.