Niki Lauda n’a pas vraiment fait d’étincelles au cours de ses 28 premiers Grands Prix de Formule 1 effectués avec les écuries March et BRM. Cela n’a pas empêché Enzo Ferrari de voir en lui une future vedette, comme ce fut le cas en 1977 avec le Québécois Gilles Villeneuve.
Si Lauda a décroché sa première victoire en F1 le 28 avril 1974 en Espagne aux commandes d’une Ferrari, son ascension avait été passablement pénible. Né au sein d’une famille aisée et bourgeoise autrichienne, rien ne prédestinait Niki à s’intéresser aux sports mécaniques.
Sans le soutien financier de sa famille, il doit emprunter de l’argent pour assouvir sa passion sans toutefois récolter de résultats probants dans les formules de promotion. Il tente un coup de poker en 1971 et dispute un premier Grand Prix avec l’écurie March.
Il retourne à sa banque et finance sa saison 1972 avec March, sans obtenir de résultats notoires. Fin 1972, il fait face à tant de dettes qu’il déclare : « Il faudrait que je travaille durant au moins 30 ans dans un bureau pour arriver à tout rembourser… »
Niki trouve refuge chez BRM de Louis Stanley. Il tente un autre coup de poker et affirme qu’un commanditaire le finance alors que c’est faux. Il n’a pas un sou. Il dispute les cinq premières courses de la saison 1973 en repoussant sans cesse les échéances de paiements en prétextant des retards de son bailleur de fonds. Mais un véritable miracle se produit à Monaco. Au volant de la lourde et volumineuse BRM P160E à moteur V12, Lauda se qualifie sixième et roule en troisième position quand la pompe à essence lâche. Stanley est séduit et lui dit d’oublier les paiements en retard. Il lui fait même signer un contrat !
En Italie, Enzo Ferrari revient aux affaires après un courte maladie. Il place Luca de Montezemolo aux commandes de son écurie et replace Mauro Forgheri, qu’il avait écarté l’année précédente, à la tête de la direction technique. Contre toute attente, il recrute Niki Lauda, car ce dernier l’a vraiment impressionné lors du Grand Prix de Monaco. Ferrari s’occupe aussi de faire sauter le contrat qui lie Lauda à BRM.
Une nouvelle monoplace, plus efficace
La Scuderia Ferrari produit la 312B3-1974 ; une B3 dotée d’un centre de roulis et de suspensions modifiés. Dès sa première course, Lauda termine deuxième. Son moteur casse au Brésil, mais il inscrit la pole position, sa première, en Afrique du Sud.
Le week-end du 28 avril 1974, les écuries de F1 se rendent au petit circuit tortueux de Jarama pour le Grand Prix d’Espagne. Lauda réalise une seconde pole position devant la Lotus-Ford de Ronnie Peterson, l’autre Ferrari de Clay Regazzoni et la McLaren-Ford d’Emerson Fittipaldi.
Dimanche, il pleut légèrement et toutes les voitures doivent être chaussées de pneus pluie. Au baisser du drapeau, Peterson surprend Lauda et prend la tête de la course. L’Autrichien roule sagement en deuxième position. La piste sèche au fil de tours et Peterson s’arrête au 21e tour pour faire chausser des pneus lisses.
Lauda s’arrête deux tours plus tard et reprend la course en tête devant son coéquipier Regazzoni. Les autres concurrents tardent à effectuer leurs changements de pneus, ce qui permet aux deux pilotes Ferrari de prendre une avance confortable sur leurs rivaux.
Au 50e tour sur les 90 prévus, Lauda dispose d’une avance impressionnante de 30 secondes sur Regazzoni. Hans Stuck, toujours excellent dans des conditions piégeuses, occupe la troisième place à bord de sa March-Ford à 40 secondes de Regazzoni. Bref, on assiste à une balade des Ferrari.
Les deux heures de course sont atteintes au 84e passage des bolides, ce qui signale la fin de l’épreuve. Lauda termine premier avec une priorité de 35”6 sur Regazzoni, un tour complet sur Fittipaldi et sa McLaren, et deux tours sur la March de Stuck.
C’est la première victoire en F1 de Lauda et la 50e pour Ferrari. L’Autrichien, qu’on surnomme “l’ordinateur” à cause de sa froideur et son esprit calculateur, a frappé fort et prouve à Enzo Ferrari qu’il a fait le bon choix.
28 avril : Niki Lauda remporte sa première victoire en F1 en Espagne en 1974
Lundi 28 avril 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron