Les spécifications du Circuit de la Corniche à Djeddah impressionnent : record du tour à 252 km/h, tracé de 6,174 km, 27 changements de direction dont deux épingles reliées par deux allers-retours en enchaînement rapide. Une piste urbaine ceinturée de murs trop souvent collés à la corde et à la sortie de virage, et trop peu d'échappatoires adéquates. À Djeddah, pas de pardon pour les erreurs de pilotage. Lando Norris l’a constaté aux qualifications…

De plus, la concentration et les efforts physiques requis de la part des pilotes sont énormes sur ce circuit. On peut donc s’étonner de voir que seulement deux abandons, suite à un accrochage au 1er tour qui plus est, ont émaillé l’épreuve d’hier. Cette 5ème manche de la saison 2025 du Championnat du monde de Formule 1 fut intéressante. Voici notre bilan, pilote par pilote, selon leur classement à l'arrivée…

1. Oscar Piastri, parti 2e. Tout s’est joué au départ, exactement comme le jeune australien l’avait prédit : arrivé à la hauteur de Max Verstappen au premier virage, il a forcé ce dernier à aller hors-piste pour maintenir sa première place, du moins jusqu’à son premier arrêt. Piastri avait dès lors course gagnée ! Par la suite, il a su gérer son rythme et il l’emporte devant un Verstappen frustré. Cette 3ème victoire, en 4 courses, vient faire du pilote de 24 ans le favori pour le titre. Mentalement plus fort que Norris, il pointe désormais au 1er rang du championnat.

2. Max Verstappen, parti de la pole. En montant un peu trop haut en régime au moment du départ, le quadruple champion du monde a laissé filer quelques centièmes qui ont permis à Piastri de se porter à sas hauteur. En sortant de piste dans le premier virage pour conserver sa première place, Max s’est vu décerner une pénalité de 5 secondes. Cela aurait pu être pire (habituellement, 10 secondes sont appliquées pour cette infraction), ou… mieux car il est souvent arrivé que lors du départ de ce Grand Prix que les pilotes fautifs aient la clémence des officiels. Max reprendra 15 de ces secondes perdues et échouera bon 2ème au final, à 2,8 secondes de Piastri, qui n’attaquait plus en fin de course. Somme toute, une performance remarquable d’un pilote au volant d’une voiture inférieure aux McLaren.

3. Charles Leclerc, parti 4e. Visiblement éprouvé physiquement après la course, on sentait bien qu’il avait tout donné au volant de sa Ferrari honnête, mais jamais vraiment dans le coup pour gagner. Sa domination à Monaco l’an dernier avait rappelé à tous combien Charles aime piloter sur circuit urbain mais la Ferrari 2025 réserve encore bien des surprises dans son comportement.

4.  Lando Norris, parti 10e. L’Anglais a disputé une belle course après s’être élancé de la 10ème place dû à un accident en Q3, avant même d’avoir enregistré un chrono. Cette erreur de pilotage lui coûte sans doute la tête du championnat. Mais Lando a été capable de se reprendre en course. Efficace dans l'espoir d'un podium à la faveur d’une bonne gestion de son rythme, de la gestion de l’usure de ses pneus, d’un usage judicieux du DRS et, avouons-le, de la meilleure voiture en piste, il a fait son travail sans erreur.

5. George Russell, parti 3e. Toujours assuré, le grand anglais a su tirer le maximum de sa Mercedes, encore en deçà du niveau des autres grandes écuries. Améliorer une voiture déjà de très haut niveau comme les McLaren exige la contribution d’un pilote dont le pilotage est déjà au-delà du niveau de la voiture. Reste que la Mercedes semblait avoir retrouvé ses ennuis de 2024 à Djeddah, notamment l’usure excessive de ses pneus et des ennuis de surchauffe.

6. Kimi Antonelli, parti 5e. Jugé comme le meilleur nouveau venu de la saison, jusqu’à présent, le jeune italien de 18 ans termine à 7 secondes de son coéquipier premier pilote sans faire de bruit sauf pour quelques gestes trop agressifs en doublant des pilotes qui osent ne pas lui ouvrir la porte trop grande. Hormis le fait qu’il ait frotté le mur au 32ème tour, mais la voiture semblait intacte après cela, Kimi est apparu serein à sa descente d’auto. Il engrange de l’expérience et se retrouve désormais 6ème au championnat.

7. Lewis Hamilton, parti 7e. Course frustrante pour Lewis qui termine à 31 secondes de Charles Leclerc sur une machine de la même équipe. Le septuple champion continue à s’appliquer en course et semble vouloir remonter vers les meneurs, mais il est très à la peine depuis 3 courses. Lewis semble perdu sans ses réglages depuis sa victoire en course Sprint en Chine, lors du deuxième week-end de la saison. Plus jeune, Hamilton a su tolérer des voitures moins performantes en sachant que le vent tournerait. Plus vieux de nos jours, ne risque-t-il pas de se décourager vite si l’écart avec Leclerc ne se réduit pas rapidement ?   

8. Carlos Sainz, parti 6e. Enfin, un résultat à la mesure des espoirs de Williams pour sa nouvelle voiture et un pilote capable de contribuer à son développement et l’amener vers le peloton de tête. L’équipe Williams revient de loin : Nouveau financement, nouvelle équipe de gestion et un gros effort pour améliorer ses opérations en atelier et en fabrication, tombés quelque peu en désuétude depuis le départ du grand fondateur Frank Williams, et même bien avant. La stratégie de Sainz (photo ci-dessus) et de son coéquipier a aussi été brillante à Djeddah, de sorte que les points marqués font de Williams la 5ème meilleure équipe actuellement.

9. Alex Albon, parti 11e. Alex profite, et contribue, à la bonne santé de l’équipe et du développement des nouvelles Williams. Il a su remporter son duel avec Isack Hadjar en fin de course à la faveur d’une tactique d’équipe, Carlos Sainz lui donnant le DRS pour empêcher toute tentative de dépassement de la recrue. Si Albon et Sainz continuent de bien travailler ensemble, d’autres points importants sont à attendre de l’équipe cette saison.

10. Isack Hadjar, parti 14e. Second plus rapide parmi les débutants cette année, en bataille constante dans le peloton du milieu, il a de nouveau piloté avec intelligence, sans heurts avec les autres. Il aurait pu finir 8ème mais, face à la tactique d’équipe des Williams en fin d’épreuve, bien des jeunes pilotes auraient perdu patience et fait une erreur. Il marque donc un nouveau point au terme d’une course digne d’un pilote d’expérience.

11. Fernando Alonso, parti 13e. Une meilleure stratégie de pneus et sa vitesse naturelle lui donnent une meilleure place au final que Lance Stroll. Le double champion du monde montre une grande patience à bord d’une voiture dont le développement semble déjà arrêté au profit de la version 2026. Reste que Fernando n’a pas encore marqué le moindre point cette saison, ce qui témoigne du manque total de compétitivité de sa monoplace.

12. Liam Lawson, parti 12e. Apprend graduellement son métier et fait preuve de frustration occasionnelle en bloquant, se frottant ou frappant quiconque résiste à ses tentatives de dépassement. Il a écopé de 10 secondes de pénalité, perdant ainsi une place au profit d’Alonso. Mais ça ne change rien pour un pilote qui a, pour une première fois cette saison, réussi à devancer son coéquipier. Mais c’était aux qualifications, et seulement à ce moment !

13. Oliver Bearman, parti 15e. Course honnête avec une voiture bien capricieuse d’un Grand Prix à l’autre. Le jeune anglais, qui fêtait l’anniversaire de ses débuts en F1 à Djeddah (il avait remplacé au pied levé Sainz chez Ferrari l’an passé lors de cette épreuve), se sert bien de sa Haas et il a terminé 20 secondes devant Esteban Ocon, l’expérimenté premier pilote de l’équipe américaine.

14. Esteban Ocon, parti 19e. Termine 20 secondes derrière son équipier, la recrue Oliver Bearman. Une course à oublier pour le Français, jamais en mesure de faire fonctionner sa voiture comme il le souhaitait.

15. Nico Hülkenberg, parti 18e. Termine à plus d’un tour derrière le meneur. Une pilule dure à avaler pour l’excellent pilote allemand, en attente de la saison prochaine et de la nouvelle Audi en construction chez Sauber. La saison risque d’être très longue pour cette équipe…

16. Lance Stroll, parti 16e. Sa stratégie de retarder le plus possible son premier arrêt était bonne. S’arrêtant pour des gommes tendres au 26ème des 50 tours prévus, il espérait sans doute se rendre à la fin avec encore une belle réserve de performance en gérant ses pneus et en profitant d’une voiture de plus en plus légère et mieux chaussée que sa concurrence directe. Mais l’absence de tout incident en fin de course combinée à l’usure de ses pneus l’a forcé à un second arrêt pour terminer la course. Dès lors, l’espoir de Top 10 s’est évanoui.

17. Jack Doohan, parti 17e. Course difficile après avoir monté des pneus durs lors de la sortie de la voiture de sécurité au premier tour, avec l’objectif de rester en piste jusqu’au bout. La stratégie n’a pas marché pour l’unique Alpine en piste à compter du 2ème tour. Et la pression interne ne fait qu’augmenter pour le jeune australien.

18. Gabriel Bortolero, parti 20e. Apprend son métier de pilote de F1 avec l'aide de Nico Hülkenberg et des éléments techniques chez Sauber. Champion de F2 en titre, il évolue sans pression au sein d’une équipe qui n’attend rien de la saison 2025.

19. Yuki Tsunoda, parti 8e. Le Japonais a raté une autre occasion de se familiariser avec la Red Bull Racing en heurtant Pierre Gasly au premier tour de la course. Les deux pilotes ont dû abandonner. Dommage car en se qualifiant 8ème, Yuki avait montré qu’il parvient graduellement à se rapprocher de Verstappen. Attendons maintenant Miami dans deux semaines pour mesurer sa progression.

20. Pierre Gasly, parti 9e. Victime de la fougue de Tsunoda, il a dû abandonner dès le 1er tour après un gros contact avec le mur. C’est la première fois en 2 ans que Pierre endommage du matériel dans un accident. Un record qui a pris fin à Djeddah, sans que sa responsabilité ne soit engagée. Meilleur chrono aux essais libres le vendredi, il aurait mérité de concrétiser par une arrivée dans les points.