Disputé hier, le quatrième Grand Prix des 24 prévus cette saison nous a offert 57 tours assez spectaculaires sur le tracé de Sakhir, dans le petit royaume de Bahreïn. Un circuit que les équipes connaissent parfaitement pour y disputer les essais d’avant-saison et une simulation basée sur les données accumulées lors de ces mêmes essais préliminaires avait produit une séquence basée sur les statistiques des équipes favorites. Dans l'ordre : McLaren, Red Bull, Ferrari, Mercedes, Racing Bulls, Haas, Williams, Alpine, Sauber… et Aston Martin. On peut dire que la réalité de la course n’a guère été différente !
1. Oscar Piastri, parti de la pole. Sa domination a été totale, couplée à une maîtrise grandissante d’un pilote de F1 qui joue pour la victoire… et le titre désormais. De plus en plus fort, tant comme pilote qu’en stratégie et gestion de course dans son travail avec son ingénieur, l’Australien fait aussi moins d’erreurs que son coéquipier depuis trois courses. Peut-on dire que c’est lui le favori pour le titre 2025 ? Ce serait sauter un peu vite aux conclusions, mais il est certain que McLaren dispose de deux pilotes capables de décrocher la couronne, contrairement à Red Bull et Mercedes.
2. George Russell, parti 3e. Le longiligne pilote anglais semble s’adapter naturellement à son nouveau rôle de premier pilote chez Mercedes. L’arrivée de Kimi Antonelli avec son énorme vitesse naturelle et sa précocité ne semble pas l’affecter, du moins pas en ce début de saison. Il savait bien se défendre contre l’attaque de Lando Norris en fin de course sans pour autant pouvoir attaquer Piastri devant lui, victime entre autres de la turbulence laissée par ce dernier. Somme toutes, une course sans faute, hormis une petite ouverture de DRS à un moment interdit qui aurait pu lui valoir une exclusion. Mais les officiels ont su, cette fois, se montrer cléments.
3. Lando Norris, parti 6e. Départ canon de Lando, mais jugé illégal par les officiels, car parti juste au-delà de sa case peinte sur la piste. Il s’est alors appliqué à reprendre les 5 secondes de pénalité, imposées lors de son premier arrêt. Sa fin de course en attaque de George Russell a été passionnante et réussie au final. Frustré par son erreur au départ et cette 3ᵉ place qui en résulte au lieu d’une 2ᵉ, il a reconnu son erreur et semblait affecté. Attention à ne pas craquer psychologiquement trop tôt dans la saison !
4. Charles Leclerc, parti 2e. Leclerc n’a pas aimé la stratégie de Ferrari alors qu’il a passé l’épreuve dans le Top 5 mais sans pouvoir se défendre face à Norris pour la 3ᵉ place en fin de course. Sa Ferrari manque d’un peu de performance en ce début de saison, et il ne peut que tirer le maximum de la voiture que la Scuderia lui apporte, mais Charles a raison de réclamé un meilleur travail, plus audacieux, de son équipe en matière de stratégies de course.
5. Lewis Hamilton, parti 9e. Belle journée de travail du vieux routard qui démontre la rapidité de son adaptation à Ferrari et son heureux mélange d’expérience et habilité au volant encore au meilleur niveau. On le surveille en se demandant quel savant coup de passe il prépare pour gagner tous les petits affrontements avec les autres en piste. Si Ferrari parvient à trouver les quelques petits centièmes qui font défaut présentement, il faudra compter avec Lewis pour le podium très bientôt.
6. Max Verstappen, parti 7e. Période creuse pour la glorieuse équipe en traversée du désert depuis la mi-saison 2024. On constate bien la coïncidence de cette chute avec le départ d’Adrian Newey, les sorties publiques pas toujours habiles de Jos Verstappen (le père de Max), le leadership un peu conflictuel du Dr Helmut Marko avec Christian Horner, et peut-être le mécontentement du fils de Dietrich Mateschitz, le fondateur de l’empire Red Bull, qui en a hérité à la mort de son père. Mais reste l’élément très actuel : la RB21 n’est pas compétitive sur la majorité des tracés de ce début de saison et, sans Verstappen, on peut se demander si cette équipe ne serait tout simplement pas hors du Top 10 !
7. Pierre Gasly, parti 4e. Superbe qualification et course juste en deçà du niveau des meneurs. Déçu d’avoir concédé une position à Max au dernier tour, il a tout de même offert à Alpine sa première récolte de points de la saison, tout en avouant ne pas comprendre les changements de comportement de sa monoplace après des essais présaison positifs. Sur l’Alpine, les pneus se dégradent vite et l’équipe doit comprendre pourquoi. Gasly de son côté, demeure impressionnant.
8. Esteban Ocon, parti 14e. Une erreur a causé une sortie de route aux qualifs. En course, le pilote normand a remarquablement bien corrigé la situation pour entrer dans les deux points pour une seconde fois en trois Grands Prix. Haas est aujourd’hui 5ᵉ du championnat. Ocon peut être fier de son travail même s’il reste beaucoup de choses à améliorer sur sa monoplace.
9. Yuki Tsunoda, parti 10e. Le réveil partiel tant attendu est arrivé pour celui qui doit jouer un rôle essentiel dans la course aux titres 2025 pour Max et Red Bull Racing. Mais avec une RB21 dans la panade côté comportement et sans le coup de volant magique de Max, Yuki n’a pas la vie facile. Il doit lui aussi apporter des solutions, car la saison avance et on ne gagne pas de titres avec des 7ᵉ et 9ᵉ places. Mais au moins, il a démontré à Bahreïn être de plus en plus intégré à l’équipe.
10. Oliver Bearman, parti 20e. Excellente prestation d’un pilote discret, mais apparemment apte à aider Haas à remonter son niveau à l’aide du nouveau personnel récemment embauché. Bearman semble travailler avec la même maturité qu’Antonelli et Hadjar. C’est plaisant de le voir utiliser son intelligence en course.
11. Kimi Antonelli, parti 5e. Course mixte pour la recrue qui continue à apprendre la Mercedes en voyant agir George Russell. Une stratégie de trois arrêts a finalement eu raison de Kimi en course, enterré après le dernier arrêt trop retardé et incapable de remonter vers le Top 5 malgré, finalement, un bon rythme. Sa 11ᵉ place, qui plus est au volant d’une voitru endommagée par un accrochage avec Carlos Sainz, le laisse loin de son vrai potentiel.
12. Alex Albon, parti 15e. Pour la 1ʳᵉ fois dominé par Sainz en qualifs, il a de nouveau démontré que la Williams est une bonne voiture en course. Mais l’erreur de son équipe aux qualifs où il s’est retrouvé trop rapidement éliminé, lui a couté cher en course.
13. Isack Hadjar, parti 12e. Le pilote français continue sur sa lancée fructueuse des deux dernières courses. Le départ de Yuki Tsunoda vers Red Bull laisse deux jeunes pilotes, Hadjar et Lawson pour le développement et la mise au point des Racing Bulls. La commande est de taille et Hadjar démontre la patience et le potentiel de continuer à avancer mais il est clair que ce GP de Bahreïn a été moins bon que les deux précédents dans son cas.
14. Jack Doohan, parti 11e. Encore sur le métier chez Alpine malgré des menaces de perdre son volant, l’Australien apprend les caractéristiques de l’Alpine en se comparant à Pierre Gasly. Son talent naturel hérité de son père Mick promet beaucoup plus que ce que certains mentionnent. Doohan a montré sa pointe de vitesse à Bahreïn mais il a écopé d'une pénalité de cinq secondes pour avoir enfreint les limites de la piste et il termine de nouveau loin des points.
15. Fernando Alonso, parti 13e. Finir quelques secondes devant Lance Stroll, loin derrière les meneurs sans espoir valable de remonter en altitude. Triste, très triste ! En fait, l’Espagnol a souffert du manque de performance de son Aston Martin tout au long du week-end. Assez pour finalement traiter la course comme une séance d’essais afin d’améliorer le niveau d’une voiture ratée.
16. Liam Lawson, parti 17e. Mieux mais pas encore assez ! Ses chronos et son pilotage plus mature témoignent de son retour en confiance chez Racing Bulls. La tête lui désenfle graduellement et le laisse se concentrer sur l’important : son boulot, et non son image. Il doit apprendre à doubler sans frapper tout ce qui bouge.
17. Lance Stroll, parti 19e. Certainement frustré, il termine à sa place un peu trop habituelle. Victime de l’inefficacité de son équipe, il se montre également démotivé. Que dire de plus ?
18. Gabriel Bortoleto, parti 18e. Discret, assidu, on ne peut rien lui reprocher et il apprend bien d’un Nico Hülkenberg généreux. Reste que Sauber semble hélas retrouver peu à peu son niveau de 2024, c’est à dire le fond du classement !
19. Carlos Sainz, parti 8e. Deux accrochages, avec Tsunoda puis avec Antonelli, une pénalité de 10 secondes et finalement un abandon (voiture endommagée). Carlos aurait pu viser la 6ᵉ place, qui correspond mieux à son potentiel, sans tous ces incidents. Une course à oublier côté résultats, cependant prometteuse côté performances pour Williams.
Exclu, Nico Hülkenberg, parti 16e. Journée de travail ardue et finalement vaine pour l’Allemand sur une Sauber sans éclat. Nico est exclu des résultats pour usure excessive du patin sous le fond plat de sa voiture. Comme Hamilton et sa Ferrari en Chine.
Bilan GP de Bahreïn : McLaren domine, Ferrari retrouve des couleurs et Red Bull Racing dans la panade !
Lundi 14 avril 2025 par Marc Cantin
Crédit photo: Galeron