Après seulement deux Grands Prix dans la saison 2025 du Championnat du monde de Formule 1, la recrue néo-zélandaise Liam Lawson (photo ci-dessus) a perdu son volant chez Red Bull Racing (RBR), incapable d’approcher le rythme de Max Verstappen en qualification comme en course. Il n’a pas survécu à ses résultats inacceptables pour RBR, en Australie puis en Chine. Il s’agit du même traitement que celui qu’avait connu Pierre Gasly ou encore Alex Albon, Daniel Ricciardo et Sergio Pérez. La différence, c’est que ces quatre pilotes avaient eu au minimum une demi-saison pour tenter de hausser leur rythme, faveur que Lawson n’a même pas eue. Pour le bien de sa carrière dit-on chez RBR…

Les premiers pilotes au sein des grandes équipes profitent souvent de plus d’attention de la part du personnel et des structures techniques, possèdent plus d’expérience et de talent brut. C’est une évidence et cela s’est produit de tout temps dans le sport automobile. Les recrues comme Liam Lawson, qui avait tout de même 13 Grands Prix à son actif avant de débuter la saison 2025 chez Red Bull, ont beaucoup à apprendre et n’ont que peu de chances de briller contre leur compagnon d’équipe.

Heureux dans sa malchance, Lawson se retrouve maintenant dans le baquet de son remplaçant, Yuki Tsunoda, qui avait d’abord été écarté au profit de Lawson lors des tests servant à déterminer qui ferait le meilleur coéquipier de Verstappen une fois le sort de Pérez réglé l’automne dernier. Tsunoda arrive donc de l’équipe satellite Racing Bulls (RB), donc encore dans la famille Red Bull, tandis que Lawson y retourne à partir de l’épreuve du week-end prochain, à Suzuka. Lawson aura pour coéquipier une autre recrue, le Franco-Algérien Isack Hadjar. Ce dernier a créé une impression favorable malgré une sortie de piste en Australie. En Chine, grâce à une machine facile à piloter et malgré une erreur dans la stratégie des arrêts aux puits de son équipe, il a avantageusement soutenu la comparaison avec Tsunoda.

À l’heure où Yuki Tsunoda, pur produit Honda, intègre Red Bull Racing qui en est à sa dernière saison de contrat avec le manufacturier japonais, il semble évident que le pilote nippon joue la seconde partie de sa carrière en F1 lors des prochaines courses. S’il brille, c’est à dire qu’il fait mieux que Lawson et aussi bien que Pérez les saisons passées, il pourrait poursuivre l’aventure avec Red Bull et Ford l’an prochain, en attendant peut-être de remplacer Fernando Alonso à compter de 2027 si ce dernier venait à prendre sa retraite de la F1 et quitter Aston Martin qui sera, à compter de 2026, motorisée par Honda.

S’il échoue à marquer régulièrement des points, personne ne s’intéressera à lui pour les futures saisons. Lorsqu’ils se retrouvent au sein d’une équipe misant tout sur un pilote d’exception comme l’est Max Verstappen, dominant de 2022 à 2024 inclusivement et encore candidat au titre 2025 malgré une monoplace clairement inférieure aux McLaren, le second pilote est recherché pour ne pas nuire au premier pilote, se qualifier dans le Top 10 et terminer régulièrement dans les points pour espérer voir l’équipe briguer aussi le titre mondial des constructeurs.  Sergio Pérez avait parfaitement accompli ce travail de 2021 à 2023, avant de s’effondrer l’an passé aux commandes d’une voiture compliquée côté réglages et, comme toujours, entièrement développée pour Verstappen.

Certains ont pensé que les commentaires de Christian Horner et Helmut Marko étaient sarcastiques lorsqu’ils ont déclaré que ce changement aussi tôt dans la saison était pour préserver l’avenir de Lawson. Ils ont tort. La confiance d’un jeune pilote est fragile et l’écart de performances entre Max et Liam était trop grand. Chez RBR, on voulait une solution immédiate et Lawson aux commandes de la Racing Bulls retrouvera peut-être le plaisir d’évoluer en F1. Après les divers cas similaires de pilotes qui ont brisé leur parcours dans la discipline reine à vouloir tenter de se hisser au niveau d’un coéquipier trop présent, tels Sébastien Bourdais (venu chez Toro Rosso – Racing Bulls aujourd’hui – après quatre titres consécutifs en Champ Car et qui a vécu l’enfer aux côtés de Sebastian Vettel), Gasly, Albon, Ricciardo, Pérez et nombre d’autres en-dehors du giron des écuries de Red Bull, il convenait d’être prudent.

Yuki Tsunoda compte bien réussir à se révéler le meilleur coéquipier de Verstappen dans les 22 courses restantes cette saison, déclarant même qu’il vise un podium chez lui, au Japon ce week-end, pour ses débuts chez RBR ! Ambitieux d’autant qu’il s’agit tout de même d’un coup de dé pour RBR dont la RB21 de cette année pourrait ne pas se révéler être à la hauteur pour jouer les titres, tant pilotes que constructeurs, maintenant fignolée sans le génie d'Adrian Newey, parti chez Aston Martin. Somme toutes, Tsunoda a au moins deux avantages sur Lawson : il est nettement plus expérimenté (89 Grands Prix disputés à ce jour) et comme il n’a pas de contrat pour la saison 2026, tout exploit viendrait tout simplement faire monter sa cote auprès des directeurs d’équipe. À l’image de Sergio Pérez fin 2020 qui, en signant une victoire avec la modeste Racing Point, s’était vu ouvrir les portes de Red Bull Racing où il a gagné 5 autres Grands Prix avant la désastreuse saison 2024. En passant, le Mexicain serait d’ailleurs le candidat numéro 1 sur la liste des pilotes de Cadillac pour 2026…