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26 mars : Première victoire d’une voiture de F1 munie d’une transmission semi-automatique

26 mars : Première victoire d’une voiture de F1 munie d’une transmission semi-automatique

Mercredi 26 mars 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Sothebys

Crédit photo: Sothebys

La première monoplace de Formule 1 équipée d’une boîte de vitesses robotisée, ou “à palettes”, à avoir gagné un Grand Prix fut la Ferrari 640 et l’événement s’est produit lors de la course d’ouverture de la saison 1989.

Cet événement a mis à mort le bon vieux levier de vitesses avec sa grille en H que les pilotes devaient manipuler manuellement. Avec ses quelques 3000 changements de rapports, le Grand Prix de Monaco mettait les paumes des mains des pilotes à sang. Demandez à Keke Rosberg.

La transmission semi-automatique activée par des boutons au volant de Ferrari a été d’abord imaginée par Mauro Forghieri et greffée sur une 312 T4 en 1979. Cette transmission, lourde, lente et imprécise, fut vite rangée au placard. C’est John Barnard, le remplaçant de Forghieri à la tête de la direction technique de la Scuderia, qui la dépoussière en 1987. Les développements majeurs effectués sur les électrovannes, les circuits hydrauliques à très haute pression et l’électronique permettent de faire fonctionner correctement cette transmission. Ou presque.

Des pannes à répétition

La transmission est désormais activée par des palettes situées derrière le volant (voir photo ci-dessus). Les essais, essentiellement effectués sur le circuit de Fiorano par le pilote de développement Roberto Moreno, sont constamment interrompus par des pannes. Après des semaines de travail les ingénieurs découvrent que l’alternateur surchauffe rapidement et que la batterie se décharge complètement. Une fois des échancrures découpées dans la carrosserie, l’alternateur fonctionne adéquatement. Cependant, la 640 a encore bien du mal à parcourir plus de 15 tours de piste consécutifs.

La saison 1989 débute au Brésil le 26 mars. Les Ferrari 640 de Nigel Mansell, qui a quitté Williams pour se joindre à Ferrari, et de Gerhard Berger sont expédiées au circuit Jacarepagua près de Rio de Janeiro.

Ayrton Senna inscrit sa 30e pole position en carrière à bord de sa McLaren MP4/5-Honda. Berger se qualifie au troisième rang et Mansell, sixième.

Il fait horriblement chaud ce dimanche 26 mars. La séance de réchauffement des Ferrari est encore une fois perturbée par des ennuis de transmission. Ça annonce mal pour la course.

Quelques instants après le départ, la Ferrari de Berger entre en contact avec la McLaren de Senna, ce qui brise l’aileron avant de cette dernière. Mansell a pris un excellent départ et est déjà deuxième au troisième passage derrière la Williams FW12C-Renault de Riccardo Patrese.

Au 16e tour, Mansell double Patrese avec une manœuvre agressive et prend la tête de la course. Après les arrêts aux puits pour changer les pneus, Mansell chute en troisième position. Le Britannique moustachu double Patrese, puis le meneur Alain Prost qui a perdu l’usage de son embrayage et dont les pneus sont presque totalement détruits.

En tête, Mansell n’en croit pas ses yeux - ou des doigts ! - car la transmission semi-automatique fonctionne à merveille malgré la chaleur oppressante. Prost, qui a bien du mal à changer les vitesses, est à 10 secondes de la Ferrari.

Mansell est quand même aux aguets, car son tableau de bord est éteint depuis le début de la course et il n’a aucune idée de la quantité d’essence qui reste dans le réservoir !

La Ferrari de Mansell croise l’arrivée en première place avec une priorité de 7”8 sur la McLaren de Prost et 9”4 sur l’étonnante March 881-Judd de Maurico Gugelmin ; un magnifique bolide conçu par un jeune ingénieur de grand talent, Adrian Newey.

Cette transmission robotisée a finalement fonctionné sans anicroches durant 61 tours, soit une distance de 306,9 km ! Mansell, dont les paumes de mains ne souffrent d’aucune ampoule, grimpe sur le podium, mais, comble d’ironie, s’entaille la main gauche en manipulant l’énorme trophée du vainqueur !