La F1 nous a offert de nombreux rebondissements en 2024, avec plus d’un prétendant aux victoires durant 16 des 24 Grands Prix disputés, et des mélodrames fumants, tant au niveau sportif, de la réglementation, des conflits politiques et même des histoires sentimentales si l’on pense à l’affaire Christian Horner qui connaîtra vraisemblablement son dénouement devant les tribunaux en 2026.
L’action sur et hors-piste en 2024 a donc su intéresser tout le monde de bout en bout sans avoir besoin des scénarios grossièrement fabriqués de la série Netflix Drive to Survive. Rappelons ainsi que Max Verstappen et Red Bull entamèrent la saison en lion avec 7 victoires en 10 courses, avant de perdre leur domination en seulement quelques courses, au profit surtout de Lando Norris, chef de file d’une écurie McLaren revenue en force et qui a fini par conquérir le titre mondial des manufacturiers, devant Ferrari et Red Bull.
Le départ de chez Red Bull du génial aérodynamicien Adrian Newey a probablement été l’un des aspects ayant amené au ralentissement de la domination de Red Bull Racing, même si les dirigeants de l’équipe anglo-autrichienne l’ont toujours réfuté. Mais, en 19 saisons chez Red Bull Racing, Newey a contribué aux 8 titres pilotes de Sebastian Vettel puis Max Verstappen (4 chacun) et aux 6 titres chez les manufacturiers. Une telle contribution laisse certainement un vide dans le staff technique. De plus, la contre-performance inexplicable de Sergio Pérez en piste, ce qui a fini par lui coûter son volant pour 2025, est venue priver l’équipe de nombreux points attendus de la part d’un second pilote au sein d’une équipe de pointe. Red Bull a ainsi fini la saison troisième, à 77 points de McLaren.
Si l’on en croit Max Verstappen, la nouvelle monoplace RB21-Honda ne part pas favorite cette saison. À vrai dire, il semble impossible de prévoir le niveau de cette machine, confiée au quadruple champion du monde et à Liam Lawson, avant de l’avoir vue disputer quelques Grands Prix et après des résultats en demi-teinte lors des essais de fin février. Cette monoplace a été fortement influencée par Adrian Newey, mais elle est maintenant dépourvue de sa présence pour aider à son développement.
Adrian Newey se retrouve chez Aston Martin, une équipe une fois encore réorganisée fin 2024 après peu de résultats. Elle débutera donc 205 sans vraiment être intégrée en une structure homogène. Le défi est grand pour Newey, en poste depuis ce 1er mars 2025 : faire de la AMR25 une F1 qui se maintiendra solidement dans le Top 5. C’est loin d’être acquis au vu des essais présaison et de la motivation de Fernando Alonso et Lance Stroll. Parlant du Québécois, hausser le niveau de son pilotage au niveau du premier pilote, Alonso, est l’un des défis de l’équipe qui doit aussi créer une toute nouvelle F1 pour 2026. Toutes les équipes sont concernées dans le cas de 2026, mais disons que, pour Aston Martin qui cessera son partenariat moteur avec Mercedes à la fin de cette année pour se tourner vers Honda, le contrat est immense. Dans 3 ans peut-être, le pari d’Adrian Newey sera gagnant, mais n’attendons pas de miracle en 2025 et même 2026.
Lewis Hamilton et Ferrari : Des attentes élevées !
Lewis Hamilton a signé avec Ferrari très tôt l’an dernier, en vue de 2025, fort d’un titre mondial chez McLaren suivi de six titres chez Mercedes de 2013 à 2020. Les couronnes mondiales des pilotes anglais chez Ferrari depuis les débuts de la F1 en 1950 se résument rapidement : Mike Hawthorn en 1958 et mort d’un accident routier en début de 1959, puis "Big John" Surtees, le seul pilote de l’ère moderne à avoir remporté des titres sur deux et quatre roues, qui fut champion sur Ferrari en 1964 et claqua la porte sur conflit politique interne en 1966, alors qu’il était destiné à remporter un second titre.
Les autres anglais passés au volant des monoplaces de la Scuderia y ont trouvé l’ambiance globale invivable et ont résolu le problème via des départs fracassants, surtout accompagnés de rancœur. On retrouve sur la liste Peter Collins (mort au Nürburgring en 1968 sous les pressions de l’équipe), Tony Brooks retourné en 1960 vers une équipe anglaise (Vanwall) d’où il pouvait gérer ses entreprises dans le calme, et Nigel Mansell, parti frustré par une incompréhension mutuelle. Pas surprenant que l’égo fragile et le comportement impulsif habituel de Mansell n’ait pas pris avec la mayonnaise italienne à l’usine et dans la presse, malgré son courage et sa vitesse en piste.
Du côté des autres équipes, il sera intéressant de suivre cette année les recrues qui sont attendues avec beaucoup d’impatience. On pense ici à Andrea Kimi Antonelli, titularisé à seulement 18 ans chez Mercedes, Gabriel Bortoleto (champion en titre de F2) chez Sauber, Isack Hadjar chez Racing Bulls, Oliver Bearman chez Haas et Jack Doohan chez Alpine. Ce dernier semble particulièrement vulnérable alors que la rumeur veut qu’il ait un contrat pour seulement 5 courses avant son éventuel remplacement par l’Argentin Franco Colapinto, qu’Alpine a fait venir de chez Williams.
Le tout-puissant conseiller spécial de chez Alpine, Flavio Briatore, a certes Doohan sous contrat personnel à titre de gérant, mais Flavio ne passe pas pour avoir des sentiments envers ses pilotes. Le pauvre Jack n'est tout simplement pas assez "Alonso" pour Briatore, qui ne réagit pas aux mêmes traits de personnalité que le monde ordinaire. Pourtant, Jack est le fils de Mick Doohan, le quintuple champion en MotoGP à l’époque des deux-temps inconduisibles. Mick était reconnu comme le pilote le plus agressif en piste, surtout contre lui-même, ce qui en résulta parfois en des accidents et blessures horribles.
Jack Doohan sait que s’il parvient à rester proche des chronos de Pierre Gasly et marquer quelques points, sa saison sera assurée. Mais ses essais présaison n’ont guère été convaincants. Sera-t-il le premier pilote 2025 remplacé... et Williams, avec Carlos Sainz et Alex Albon, la belle surprise de la saison ?
La saison 2025 de F1 débute ce week-end : Attentes élevées pour Hamilton chez Ferrari... et envers les recrues !
Lundi 10 mars 2025 par Marc Cantin
Crédit photo: Galeron