Il fut un temps où la sécurité dans le sport automobile était pratiquement inexistante. De nombreux pays avaient été durement frappés par les horreurs de la seconde Guerre Mondiale, et les Braves qui avaient choisis de faire de la course automobile après le conflit savaient pertinemment que la mort les attendait peut-être au prochain virage…
Tom Pryce est né sur la ferme familiale le 11 juin 1949 dans le Pays de Galles. Son père Jack avait servi dans la Royal Air Force en tant que mitrailleur sur un bombardier Lancaster avant de devenir policier. Détenteur d’une licence de pilotage d’avions, Tom se passionne pour la compétition automobile et commence à courir relativement tard à 20 ans.
Très bon pilote de Formule Ford, il triomphe en Super Vee, court en Formule 3 (avec une victoire à Monaco) puis monte en Formule 2 avec l’écurie Rondel de Ron Dennis et Neil Trundle. En 1974, il ne peut résister à l’appel de la Formule 1 et dispute le Grand Prix de Belgique aux commandes de la Token ; la première et unique voiture de F1 de l’écurie Rondel.
Il passe ensuite chez Shadow et y restera jusqu’en 1977. Pryce est rapide en qualifications, réalisant même la pole position lors du Grand Prix de Grande-Bretagne en 1975 à bord d’une Shadow DN5-Ford. Toutefois, les Shadow manquent nettement de fiabilité. Pryce accumule les abandons, mais parvient à grimper sur le podium à deux reprises.
En ce début de saison 1977, Colin Chapman du Team Lotus s’intéresse à Tom Pryce afin de peut-être le nommer comme coéquipier de Mario Andretti en 1978. Mais pour le moment, Pryce et Renzo Zorzi sont les pilotes Shadow lorsque la F1 arrive au circuit de Kyalami pour y disputer le Grand Prix d’Afrique du Sud.
Pryce se qualifie au 15e rang. Il rate son départ et chute en 22e position. Il entreprend une belle remontée et au 22e passage, il occupe la 13e place juste derrière la March de Hans Joachim Stück.
C’est à ce moment que Zorzi immobilise sa monoplace sur le côté gauche de la piste, victime d’un problème d’alimentation. Un peu d’essence coule sur le moteur Ford Cosworth brûlant, ce qui génère quelques flammes. Elles alertent deux jeunes commissaires situés de l’autre côté de la piste même si le petit extincteur de la Shadow effectue son travail.
Visibilité nulle à cet endroit du circuit
Un commissaire est prénommé Bill et l’autre est Frederik Jansen Van Vuuren, âgé de seulement 19 ans. Sans en avoir eu l’autorisation, ils décident d’intervenir et traversent la piste en courant, transportant chacun un extincteur de 18 kilos. Traverser la piste à cet endroit était pourtant formellement interdit.
Cette section de la piste est en montée avec une sorte de butte au niveau du départ/arrivée. Les commissaires ne peuvent pas voir les voitures qui surgissent et les pilotes ne peuvent pas les apercevoir.
Survient un groupe de quatre voitures en pleine bataille à 270 km/h : la March de Hans Joachim Stück, la Shadow de Pryce, la Ligier de Jacques Laffite et la Lotus de Gunnar Nilsson.
Stück arrive en haut de la côte et voit en un éclair les commissaires courir juste devant lui. Il donne un coup de volant par pur réflexe et évite Van Vuuren de quelques millimètres. Cependant, Pryce, blotti derrière la March, ne voit rien et percute le pauvre Van Vuuren dont le corps est projeté haut dans les airs. L'extincteur qu’il tenait frappe directement Pryce à la tête, arrachant son casque ainsi que l’arceau de sécurité, tuant le pilote sur le coup.
Le pied de Pryce reste enfoncé sur l’accélérateur et Laffite, qui n’a rien vu de la catastrophe, tente de doubler la Shadow, mais celle-ci, folle et hors contrôle, percute la Ligier et les deux bolides terminent dans les grillages. Laffite est sonné, mais n’est pas blessé, et comprend maintenant le drame qui s’est déroulé juste devant lui.
Les corps sans vie de Pryce et de Van Vuuren sont dégagés sans trop de ménagement. Et la course continue, comme si de rien l’était. Les pilotes ne sont pas à blâmer, car ils n’ont aucune idée du drame qui s’est déroulé. Mais la direction de course n’a pas cru bon de stopper la course. C’était comme ça à cette époque…
Même dans son reportage publié dans le magazine Sport-Auto, “Jabby” Crombac ne consacre que quelques lignes de texte à décrire cette fatalité. Au fait, c’est Niki Lauda qui a remporté la victoire dans sa Ferrari 312 T2.
Il est quand même rassurant de constater que la sécurité a effectué des progrès immenses depuis ce triste événement.
5 mars : Accident mortel de Tom Pryce de l’écurie Shadow en Afrique du Sud en 1977
Mercredi 5 mars 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron