L’autodrome de Monza, scène du Grand Prix de Formule 1 d’Italie depuis 1950 - sauf une seule fois quand il fut présenté à Imola en 1980 - a été construit en 1922, il y a 103 ans de cela.

Au début des années ’20, le marché des voitures automobiles se développe rapidement et les constructeurs sont frustrés de ne pas disposer d’une installation permanente pour effectuer des essais de toutes sortes.

De plus, les compétitions automobiles prennent de l’ampleur et séduisent les amateurs. Le premier Grand Prix automobile d’Italie a été organisé le 4 septembre 1921 sur le rapide circuit semi-permanent de Montichiari, long de 17,3 kilomètres, mais insuffisamment équipé.

Tout cela tombe à pic, car l’Automobile Club de Milan fête son 25e anniversaire d’existence et ses dirigeants désirent célébrer l’événement de façon spectaculaire. L’idée de construire un circuit automobile est finalement acceptée en janvier 1922, facilitée par la pression qu’exerce Alfa Romeo dont les usines sont situées tout près à Milan.

Le projet est confié aux ingénieurs Piero Puricelli et Alfredo Rosselli qui imaginent une piste à haute vitesse reliée à un anneau - une sorte d’ovale - d'une longueur totale de 14 kilomètres et d'un coût estimé à six millions de lires.

Il est décidé de construire le circuit à l’intérieur de l’immense Parco Reale situé dans la ville de Monza, au nord de Milan. Cette décision provoque cependant la grogne des habitants, car plusieurs arbres doivent être abattus. Les premiers ouvrages, commencés en février 1922, sont vite suspendus, car les locaux plaident des raisons de valeur artistique, monumentale et de conservation du paysage.

Après des discussions et des négociations, un arrangement est finalement trouvé et les travaux reprennent le 15 mai. La longueur totale du circuit est toutefois réduite à 10 km.

Un circuit construit en un temps record

Le tracé de la piste est nivelé, et la machinerie lourde crée les buttes de terre nécessaires pour l’ovale qui sera fortement incliné. La tribune principale d’une capacité de 3000 places est érigée devant les puits et les routes d’accès sont élargies et modernisées.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’Autodromo di Monza est construit en seulement 110 jours grâce à l’implication de 3500 travailleurs qui manœuvrent 30 camions lourds et deux locomotives qui tractent 200 wagons de terre sur des rails de cinq kilomètres. Au début de l’été, la pose de l’asphalte et du béton est complétée.

Le 20 août, plusieurs travailleurs prennent le volant de petites Fiat et effectuent des tours de piste tandis que les officiels prononcent des discours.

Le circuit est officiellement inauguré le 3 septembre en présence du premier Ministre Luigi Facta qui assiste à une course locale remportée par Pietro Bordino à bord d’une Fiat 501.

Le premier Grand Prix d’Italie de Formule 1 tenu à Monza a lieu de 10 septembre et est remporté par Bordino encore, cette fois aux commandes d’une Fiat Tipo 804. À ce moment, Monza est seulement le troisième circuit automobile permanent au monde après ceux d’Indianapolis et de Brooklands au Royaume-Uni.

La ligne droite située devant les puits est longue d’un kilomètre et large de 100 mètres. Les voitures effectuent un tour sur le circuit routier de 5,5 km, puis elles plongent à droite de la piste pour emprunter l’ovale de 4,5 km. Le dernier virage de l’ovale ramène les bolides sur la ligne droite principale. L’ovale consiste en deux longs virages d’un rayon de 320 mètres et inclinés à 21 degrés, mais dont la pente atteint le chiffre ridicule de 80% à son point le plus incliné, ce qui permet une vitesse de 180 km/h. Les virages sont reliés par deux lignes droites de 1,22 km.

L’ovale de Monza, fait de béton abrasif, était bosselé et mettait à mal les suspensions des voitures. Il fut définitivement abandonné par la Formule 1 après l’édition de 1961 marquée par l’accident mortel de Wolfgang von Trips.