Pilote de Formule 1 courtisé par Ferrari, le Polonais Robert Kubica a été victime d’un horrible accident survenu le 6 février 2011 durant le rallye Ronde di Andora.

Né en 1984, Kubica a couru en karting, en Formule Renault 2.0, en Formule 3 (à titre de coéquipier du Québécois Bruno Spengler chez Mücke en 2004), en Formule Renault 3.5, et il accède à la F1 en 2006. Il passe quatre saisons chez BMW Sauber où il récolte une pole position et une victoire, à Montréal en 2008. Il dispute la saison 2010 avec l’écurie Renault et récolte trois podiums.

Kubica ressemble psychologiquement à Patrick Depailler et cherche lui aussi à évacuer la pression des Grands Prix en participant à des activités périlleuses. Si Depailler s’est fracassé les jambes dans un accident de deltaplane en 1979, Kubica a bien failli laisser sa peau dans un accident de rallye survenu au tout début de 2011.

Après avoir effectué des essais aux commandes de la Renault R31 sur le circuit espagnol de Valencia, Kubica rejoint son coéquipier Jakub Gerber pour participer au rallye Ronde di Andora à bord d’une Skoda Fabia de catégorie Super 2000.

L’épreuve commence par une spéciale de 13,35 km nommée Val Merula 1. La Skoda roule à fond sur une route étroite bordée par une glissière de sécurité sur la gauche. Au kilomètre 4,6, Kubica négocie un virage à droite. L’arrière de la voiture glisse et touche le rail extérieur, ce qui fait pivoter la Skoda dans l’autre direction, nez premier dans la glissière.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, il y a une jonction de deux rails de sécurité à cet endroit. Il y a donc un espace entre les deux bouts de rails. Lorsque l’avant de la Skoda percute le bout de la glissière, celle-ci cède immédiatement. Et, pire, le rail métallique pénètre dans l’habitacle avec une violence inouïe et blesse grièvement le côté droit du corps de Kubica.

Kubica chanceux malgré tout

« Nous savions bien que la route était glissante. Je dictais mes notes et je n’ai pas remarqué que la voiture déparait. Après l’impact, j’ai bien vu que Robert se tenait le bras et il a vite perdu conscience » a raconté Gerber qui n’a pas été blessé dans l’accident.

Mauro Moreno, un autre compétiteur, arrive sur place une minute après l’accident et constate avec horreur que la glissière a transpercé la voiture et en ressort par le hayon arrière. Les secours sont appelés et arrivent sur place quelques minutes plus tard. Kubica saigne abondamment et est très mal en point. Il faut une heure de travail pour le dégager de l’habitacle.

Il est transporté par hélicoptère à l'hôpital Santa Corona à Pietra Ligure où l’équipe médicale le place dans un coma médicalement induit et confirme qu'il souffre d'une amputation partielle de l'avant-bras, de fractures ouvertes au coude droit, à l'épaule et à la jambe, ainsi que d'une importante perte de sang.

Kubica est opéré pendant sept heures par sept chirurgiens répartis en deux équipes. Tout est fait pour sauver sa main et son bras droit en dépit des dommages majeurs causés à la peau, aux muscles et aux tendons. Quelques jours plus tard, deux autres longues opérations visant à soigner ses fractures à la jambe, à l'épaule et au bras sont réalisées avec succès.

Quelques jours plus tard, la dose médicamenteuse est réduite et Kubica revient à lui. Le plus dur reste à faire. En plus d’un programme de rééducation intense, il subit 16 autres chirurgies réparatrices au cours des mois qui suivent.

Il reprend le volant de voitures de compétition et revient même en F1 en 2018 avec l’écurie Williams. Il s’illustre aussi en rallye (champion du monde en WRC2 en 2013) et en Endurance (champion European Le Mans Series en LMP2 en 2021 et 2024, champion WEC LMP2 en 2023).

« Mon accident ? Quinze centimètres à droite et je n’avais rien, et 10 centimètres à gauche et je ne serais plus ici » a déjà affirmé Robert Kubica, en plus de spécifier « J’ai dû apprendre à être gaucher à 30 ans… ».