Alors qu’il était le directeur général du Grand Prix Labatt du Canada, Pierre Houde n’avait jamais vu les conséquences d’un tel accident. Le pilote Français Patrick Tambay venait tout juste de pulvériser sa monoplace contre les murets de béton du circuit Gilles-Villeneuve.
En 1986, Pierre Houde (oui, oui, le commentateur de hockey et animateurs des Grands Prix de Formule 1 sur les ondes de RDS) occupait le poste de directeur général du Grand Prix du Canada. Cette saison-là, Patrick Tambay, bien connu des amateurs de sport automobile au Québec à cause de sa grande amitié avec Gilles Villeneuve, pilote pour l’écurie FORCE de l’Américain Carl Haas.
Lui et Alan Jones conduisent des Lola THL2 à moteur V6 turbo Ford Cosworth GBA conçues par Neil Oatley, John Baldwin et Ross Brawn. Tambay et Jones s’entendent à affirmer que le châssis est excellent, mais que le moteur est carrément anémique.
En 1986, le Grand Prix du Canada est tenu le 15 juin. Tambay inscrit le 14e temps lors des qualifications en 1’28”095, à 3”940 de la pole position de Nigel Mansell à bord d’une Williams-Honda. À noter qu’à cette époque, la ligne des puits était située juste après le virage en épingle du pont Jacques-Cartier et qu’il y avait, juste après la ligne de départ/arrivée une chicane ultra rapide.
Dimanche matin, la séance de réchauffement se déroule bien jusqu’à ce que les spectateurs entendent des très sourds “boum… boum”. Tambay vient d’être victime d’un énorme accident dans la fameuse chicane.
Un élément de la suspension avant droite de sa Lola a cassé à l’entrée du premier virage. La monoplace a tapé durement à 250 km/h contre les glissières fixées aux murets de béton avant de rebondir de l’autre côté de la piste et de percuter une deuxième fois les glissières.
Tambay va bien, mais sa voiture est détruite et le circuit est endommagé
La voiture est incroyablement amochée et les services d’intervention arrivent vite sur les lieux afin d’aider Tambay à s’extraire de l’habitacle. Il ne peut poser un pied par terre et il est évacué vers l’hôpital Sacré-Cœur. Patrick craignait avoir subi des factures, mais les médecins diagnostiquent des contusions et des ecchymoses aux jambes et au thorax, et une sévère coupure à un pied. Il déclare forfait pour le Grand Prix et va passer deux jours en observation à l’hôpital.
Pierre Houde nous avoue avoir été soulagé de savoir que Tambay n’avait pas été grièvement blessé et avoir été stupéfait de constater les dégâts causés par l’accident. « Son accident a créé des dommages considérables, tant à sa voiture qu’au circuit » nous a-t-il récemment déclaré.
« C’est survenu dans la chicane très rapide qui suivait les puits. Torto [le journaliste Christian Tortora] l’appelait le pif-paf. Mon directeur technique, André Gervais, est venu me chercher et m’a dit “Il faut que tu voies ça au moins une fois dans ta vie. C’est vraiment un gros accident”. Son équipe a dû travailler très fort pour remettre cette section du circuit en état. Il a fallu replacer les murets en béton, remplacer des glissières et des grillages ».
Heureusement les travaux furent complétés à temps pour tenir les délais et donner le départ au moment voulu.
Houde se remémore alors une anecdote. « En 1985, j’étais allé à une rencontre avec Bernie Ecclestone au circuit de Zandvoort lors du Grand Prix des Pays-Bas. Le matin de course, durant la séance de réchauffement, j'ai vu la Renault turbo de Patrick Tambay quitter la piste à très haute vitesse et percuter les rails de sécurité au virage en épingle Tarzan. Ce fut un très gros crash. Avec son accident à Montréal, j’ai bien cru que j’allais assister à tous ses accidents lors des séances de réchauffement ! Heureusement, il s’en est toujours bien sorti » termine Pierre Houde.