Les années 1960… C’était il y a 60 ans que Ford lançait pour la première fois ses GT40 à l’assaut des 24 Heures du Mans pour triompher, dès 1966, quatre fois consécutivement au Mans et mettre ainsi fin à la domination de Ferrari dans la plus grande course d’Endurance au monde. Depuis, le monde a bien changé, le sport automobile aussi mais la réglementation des prototypes Hypercar, avec ses déclinaisons LMDh/GTP et LMH, est un total succès et alors que les prototypes Ferrari 499P ont remporté les éditions 2023 et 2024 des 24 heures du Mans, Ford a annoncé hier en soirée la création d’un programme LMDh dès 2027.
Ce retour était attendu. Il fait suite au triomphe des Mustang GT3 dans la catégorie GTD Pro aux 24 Heures de Daytona dimanche dernier (photo ci-dessus). Mais avec les LMDh, il s’agira de viser de nouveau la victoire toutes-catégories face à une concurrence qui ne se limitera plus à Ferrari comme au siàcle dernier. En effet, le monde de l’Endurance, qu’il s’agisse du Championnat du monde (WEC) ou du championnat nord-américain (IMSA WeatherTech SportsCar) vit un véritable âge d’or depuis deux ans et cela va se poursuivre. Porsche, BMW, Cadillac, Ferrari, Acura, Toyota, Lamborghini, Alpine, Peugeot, Aston Martin (qui va débuter le mois prochain en WEC puis en IMSA dès mars), Genesis (qui arrivera en 2026) et maintenant Ford en 2027, cela fera 12 constructeurs automobiles présents soit en WEC, soit en IMSA, ou dans les deux championnats.
L’annonce de Ford ne révèle aucun détail quant aux pilotes qui évolueront au volant de ces nouveaux prototypes, mais on peut supposer que certains des meilleurs pilotes des GT3 (Mustang) de la marque seront choisis. Le fabricant de châssis qui, comme le veut la réglementation LMDh, devra obligatoirement être Oreca, Dallara, Ligier ou Multimatic n’a pas non plus été annoncé. Mais on imagine mal Ford, partenaire de longue date de l’entreprise canadienne Multimatic, qui fabrique déjà les Mustang GTD et GT4 (et, soit dit en passant aussi les Porsche 963 lauréates en 2024 et 2025 à Daytona !), ne pas faire confiance à cette entreprise.
À noter par ailleurs que Ford Performance (anciennement appelée Ford Racing) a annoncé aussi la nomination de 6 pilotes au sein d’un Junior Team. Parmi les heureux élus, on note la présence de Marco Signoretti, employé de Multimatic et talentueux jeune canadien ayant notamment remporté la Coupe Nissan Sentra en 2019, à son année recrue dans la série. Signoretti était inscrit sur une Mustang GT4 en IMSA Michelin Pilot Challenge à Daytona la semaine passée.
La construction des nouveaux prototypes Ford LMDh devrait débuter cette année, pour ensuite être testés au cours de la saison 2026. Un engagement de la marque de la même manière que Porsche Penske (soit deux voitures à temps plein en WEC et deux autres en IMSA, puis 3 à 4 voitures au Mans) est attendu, mais non encore confirmé.
Pour Bill Ford, Président exécutif de Ford Motor Company : « Nous entrons dans une nouvelle ère de performance et de course chez Ford. Vous pouvez le voir à travers ce que nous faisons sur route et en tout-terrain. Quand nous courons, nous courons pour gagner. Et il n’y a aucune piste ni course qui compte plus pour notre histoire que Le Mans. C’est là que nous avons affronté Ferrari et gagné dans les années 1960. C’est là que nous sommes revenus 50 ans plus tard, avons stupéfié le monde et battu Ferrari à nouveau. Je suis ravi que nous retournions au Mans pour concourir au plus haut niveau de l’endurance. Nous sommes prêts à défier une fois de plus le monde et à "foncer comme jamais !" ».
Si l’IMSA n’a pas encore réagi à cette annonce, de son côté, Frédéric Lequien, le directeur général du Championnat du monde d’Endurance, a montré toute sa satisfaction : « Ford est synonyme de succès sur et hors piste depuis des décennies, et nous sommes ravis que l’entreprise ait choisi le Championnat du monde d’Endurance de la FIA pour son nouveau défi. Le fait d’avoir au moins dix grandes marques automobiles engagées dans la catégorie reine en 2027 témoigne de l’élan et de la croissance exceptionnels du championnat ».
Enfin, pour Pierre Fillon, le président de l'Automobile Club de l'Ouest (ACO) qui organise les 24 Heures du Mans : « C’est une excellente nouvelle d’accueillir Ford à nouveau au plus haut niveau des 24 Heures du Mans, pour la première fois depuis près de 60 ans. C'est une marque qui a toujours eu une affinité particulière avec cette course légendaire et l’histoire montre que Ford ne participe pas pour finir deuxième. Le renouveau de sa fameuse rivalité avec Ferrari est une perspective véritablement enthousiasmante ».