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22 janvier : Succession de drames et triste victoire de Porsche au Paris-Dakar en 1986

22 janvier : Succession de drames et triste victoire de Porsche au Paris-Dakar en 1986

Mercredi 22 janvier 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Porsche Press

Crédit photo: Porsche Press

La huitième édition du célèbre Paris-Dakar a été marquée par une succession d’accidents, de drames et de décès, mais aussi par le doublé des fabuleuses Porsche 959 spécialement conçues pour cette compétition hors normes.

Au départ de ce rallye-raid à Cergy Pontoise le 1er janvier 1986, on compte 282 voitures, 131 motos et 71 camions prêts à démarrer.

Le raid de 13 600 km va traverser l’Algérie, le Niger, le Mali, la Mauritanie, la Guinée pour se conclure au Lac Rose près de Dakar au Sénégal. Cependant, plusieurs de ces pays sont sous haute tension à cause d’insurrections et de conflits armés. De plus, le parcours est terriblement difficile et les conditions climatiques sont épouvantables. Nous ne sommes pas à l’heure des GPS et autres équipements électroniques, et les équipages doivent se guider uniquement avec des cartes routières en papier et une boussole.

L’écurie Porsche officielle est la favorite. Ses 959 sont propulsées par un moteur six cylindres à plat à double turbos de 2849 cm3 qui développe 400 chevaux avec un régime maximal de 8000 tours/minute. Elles sont munies d’une transmission intégrale avec différentiel capable de répartir le couple de 0 à 100 % entre l’avant et l’arrière, des portières en aluminium et éléments de carrosserie en matériau composite, mais sans ABS, ni de réglages électroniques des suspensions.

Le malheur frappe dès la deuxième journée quand le motard japonais Yazuko Keneko est mortellement fauché à 1h30 du matin par un véhicule d'assistance durant une liaison. Les conditions sont si difficiles que la moitié des concurrents ont déjà abandonné quand les équipages arrivent au Niger.

Le 11 janvier, la moto de Jean-Michel Baron percute un nid de poule à 150 km/h sur un parcours de liaison. Sa tête heurte durement le sol, lui faisant perdre son casque. Vertèbres fracturées, il est rapatrié en France dans un coma profond. Il passera les 24 années suivantes dans un état végétatif et il décèdera en 2010.

Une tempête de sable mortelle

Trois jours plus tard, l’organisateur du rallye Thierry Sabine, le chanteur Daniel Balavoine, François-Xavier Bagnoud, Nathalie Odent et Jean-Paul Le Fur embarquent dans un hélicoptère près de Gourma-Rharous au Mali. Secoué au milieu des tempêtes de sable, l’appareil s’écrase au sol, tuant tous ses occupants. En dépit de cette catastrophe, l’aventure continue.

L’écurie Rothmans Porsche avait ordonné à ses pilotes René Metge, Jacky Ickx et l’ingénieur Roland Kussmaul de rouler avec précaution et de préserver la mécanique. Une fois les vastes étendues du désert atteints, ils pourraient alors exploiter à fond les performances de leurs puissantes 959.

De plus, le constructeur automobile allemand n’a pas lésiné sur les moyens : 20 mécaniciens et techniciens sont sur place ainsi que deux gros camions MAN, un avion DC-3 et un Mercedes G-Wagen à moteur V-8 de 4,7 litres pour porter une aide rapide aux équipages.

Si les trois Porsche 959 occupent les trois premières places au classement général, elles vont maintenant affronter un terrain moins propice avec une végétation plus dense, des villages à traverser, des routes couvertes de pierres et des cours d’eau à franchir. Il pleut beaucoup en arrivant au Sénégal, ce qui transforme les routes en rivières de boue.

C’est à ce moment que les 959 d’Ickx et Metge s’enlisent dans la boue près d’une rivière. L’autre pilote Porsche, Roland Kussmaul, observe avec attention où passe un motard qui parvient à traverser le torrent. Il l’imite et une fois sur l’autre rive, il utilise un câble pour tracter les deux autres 959 et leur faire franchir la rivière. Kussmaul ordonne ensuite à ses coéquipiers de foncer et de gagner la course tandis qu’il se met au travail pour déloger sa propre 959 de sa prison de boue.

Les deux Porsche roulent à l’unisson durant les 60 derniers kilomètres de l’épreuve. Un dernier drame survient à 40 km de l’arrivée quand le motard italien Gianpaolo Marianoni est victime d'une chute bénigne en apparence, mais qui lui perfore la rate. Il se relève, termine le rallye en treizième position, mais décède deux jours plus tard, car il n’a pas été hospitalisé à temps.

Le Paris-Dakar se termine le 22 janvier dans une atmosphère lourde et triste. Personne ne désire célébrer. René Metge et son co-pilote Dominique Lemoine décrochent la victoire devant l’autre 959 de Jacky Ickx et Claude Brasseur et le Mitsubishi Pajero de Hubert Rigal et Bernard Maingret. Ayant perdu énormément de temps à déloger sa 959 de la boue, Roland Kussmaul se classe finalement au sixième rang.