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Insolite : La Howmet TX, la seule voiture à turbine à avoir gagné une course aux États-Unis

Insolite : La Howmet TX, la seule voiture à turbine à avoir gagné une course aux États-Unis

Lundi 6 janvier 2025 par René Fagnan
Crédit photo: Wikimedia Commons / The359

Crédit photo: Wikimedia Commons / The359

La course automobile a permis le développement de plusieurs technologies innovatrices, mais parfois des solutions un peu trop avant-gardistes sont demeurées sans lendemain.

C’est le cas avec les voitures propulsées par des turbines à gaz. Au courant des années ‘60, le monde du sport automobile a vu apparaître la Rover-BRM, la Lotus 56, la STP-Paxton et la Howmet TX. C’est cette dernière qui a connu le plus de succès ; aux États-Unis, certes, mais pas aux 24 Heures du Mans.

La Howmet TX (Turbine eXperimental) a été l’idée d’un ingénieur et coureur automobile américain nommé Ray Heppenstall. Ce dernier pense que les autres voitures de compétition à turbines qu’il a vues apparaître sont beaucoup trop compliquées et qu’il doit concevoir un engin simple.

Heppenstall achète d’abord une voiture sport, une Cooper Monaco, mais il la revend presque toute de suite, car elle ne répond pas vraiment à ses exigences. Il demande alors à Bob McKee, le patron de McKee Engineering, de lui fabriquer deux châssis. La première voiture, la Mk. 9, est construite à partir d’un châssis en treillis d’abord destiné à courir en série Can-Am en 1966. L’autre Mk. 9 est construite à partir de tubes qu’il faut assembler.

Les deux voitures répondent au règlement technique du Groupe 6 de la FIA. L’habitacle est fermé, mais possède deux portières en ailes de mouette. Les suspensions sont à double triangulation et le freinage est assuré par quatre freins à disques. Un réservoir de carburant d’avion, du kérosène Jet A, d’une capacité de 120 litres est situé entre le cockpit et la turbine.

Des turbines à gaz TS325-1, destinées à des hélicoptères, sont prêtées par Continental Aviation & Engineering. La turbine ne pèse que 77 kilos, mais peut produire un peu plus de 320 chevaux et 880 Nm de couple à 57 000 tours/minute. Les turbines sont modifiées afin d’éliminer presque totalement le temps de réponse.

Le nom de la voiture, Howmet, provient de l’entreprise Howmet Corporation qui manufacturait alors des pièces moulées pour les turbines de l'industrie aérospatiale et qui s’était laissée convaincre d’investir dans le projet de Heppenstall.

Une victoire, c’est tout

Comme tous les autres bolides à turbines, la Howmet ne possède pas de boîte de vitesses traditionnelle. L’arbre primaire, actionné par la turbine, entraîne les roues arrière par l'intermédiaire d'un engrenage de réduction et ne possède qu’une seule vitesse de démultiplication. Cependant, les rapports d'engrenage peuvent être rapidement modifiés dans le différentiel, ce qui permet d'adapter la voiture à différents circuits. La FIA exige toutefois l’usage d’une marche arrière, ce qui est résolu en adoptant un petit moteur électrique. Avec un poids plume de 750 kilos, la Howmet affiche de grandes intentions.

Elle participe aux 24 Heures de Daytona en 1968, puis aux 12 Heures de Sebring, au BOAC 500 à Brands Hatch et à une course nationale à Oulton Park. Chacune de ses sorties est ruinée par de petits pépins mécaniques.

De retour an Amérique, elle termine sa première course lors du Vandergraft Trophy. Elle décroche une victoire lors du Heart of Dixie à Huntsville en Alabama, manche du championnat national du SCCA.

Les voitures sont ensuite préparées pour disputer les 24 Heures du Mans. La société productrice d’aluminium Pechiney commandite les deux bolides américains. Cependant, les turbines des Howmet n’apprécient pas la très longue ligne droite du circuit du Mans. La pompe à carburant ne parvient pas à injecter suffisamment de kérosène dans la turbine pour la faire tourner aussi longtemps à plein régime.

La première Mk. 9 est terriblement ralentie sur la ligne droite et son pilote, Dick Thompson, effectue une sortie de piste au virage Indianapolis, ce qui cause son abandon.

L’autre voiture a explosé un roulement à billes d’une roue et la réparation a pris trois heures à effectuer. À la sixième heure de course, cette Howmet est disqualifiée pour n’avoir complété que 60 tours de piste.

Heppenstall travaille sur la saison 1969 quand l’entreprise Howmet décide de ne plus soutenir financièrement le projet. En revanche, les deux voitures sont par la suite utilisées pour tenter d’établir des records de vitesse.