Arrows fait partie de ces équipes de Formule 1 qui n’ont eu d’autre choix que de cesser leurs activités, de fermer leurs portes et de mettre au chômage des centaines de techniciens, mécaniciens et d’ingénieurs.
Les années ’80 et ’90 ont vu disparaître plusieurs écuries de F1 : Lotus, Brabham, Hesketh, Surtees, Wolf, March, Larrousse, Ligier, etc. Plusieurs millionnaires ou investisseurs croyaient qu’il était facile de courir en F1… L’équipe Arrows a elle aussi disparu sans trop laisser de traces. En 24 années de présence et 382 Grands Prix disputés, elle a décroché une pole position, mais aucune victoire.
Fondée en 1977 par des dirigeants de l’équipe Shadow qui avaient décidé de quitter le navire, le nom d’Arrows est en fait l’acronyme du nom de famille de ses responsables : Franco Ambrosio, Alan Rees, Jackie Oliver, Dave Wass et Tony Southgate. Ce dernier, directeur technique d’Arrows, avait dessiné la Shadow DN9-Ford avant de quitter précipitamment cette équipe. L'Arrows FA1, dévoilée au début de 1978, est en fait une copie conforme de la DN9. Shadow intente alors un procès pour plagiat à Arrows.
Lors de sa deuxième course, cette FA1 rate de peu la victoire ! À son volant, Riccardo Patrese mène le Grand Prix d’Afrique du Sud lorsqu’au 63e tour, son moteur Cosworth DFV explose. Trois mois plus tard, Patrese grimpe sur le podium en Suède et la nouvelle monoplace, la vraie première Arrows, l’A1 (car Shadow a gagné son procès pour plagiat), entre en action en août 1978. Il faut attendre en 1980 pour voir un pilote Arrows, Patrese, terminer sur le podium. En 1984, le V8 Ford Cosworth est abandonné en faveur du quatre cylindres turbo BMW. Malgré quelques Top 5, les Arrows-BMW ne sont ni fiables, ni très performantes.
En 1987 et 1988, Arrows doit acheter des moteurs Megatron qui sont des BMW turbo recyclés par Heini Mader. Eddie Cheever arrache un seul podium à bord de l’A10B-Megatron en Italie en 1988. Après deux saisons passées avec le moteur Cosworth HB de 3,5 litres, sans grands résultats, Oliver et Rees acceptent de céder l’écurie à Footwork, une chaîne japonaise de grands magasins. L’écurie porte alors officiellement le nom de Footwork de 1991 à 1996.
L’arrivée de Tom Walkinshaw
En 1996, Tom Walkinshaw rachète 51% des parts de l'écurie et en prend graduellement le contrôle. C’est lui, avec son entreprise TWR, qui avait géré le retour victorieux de Jaguar aux 24 heures du Mans en 1988. La saison suivante, l’équipe reprend le nom d’Arrows et Walkinshaw parvient à recruter Damon Hill (avec une tonne de dollars) et obtient les anémiques et fragiles moteurs V10 Yamaha.
C’est en Hongrie qu’Arrows rate de peu la victoire. Hill mène la course quand son moteur Yamaha perd le peu de tonus qu’il possède en toute fin de la course. Et Hill se fait doubler par la Williams de Jacques Villeneuve durant le dernier tour... « Le dimanche soir avant la Hongrie, nous avons travaillé très tard afin de résoudre un ennui de capteur de vitesse de roue » nous a raconté en ancien membre de l’équipe. « À titre préventif, nous avons aussi changé le collecteur hydraulique qui ne causait pourtant aucun problème. Damon menait la course quand un joint à 50 sous a lâché à trois tours de l’arrivée. Ce fut une immense déception… »
En 1998 et 1999, Arrows roule avec son propre moteur qui est en fait un V10 Hart reconditionné. Tout lâche sur ces voitures, les A19 et A20. Walkinshaw récupère ensuite les moteurs Supertec, nés Renault. C’est encore une fois une grande désillusion. Mais en 2001, Walkinshaw décroche un commanditaire majeur, la téléphonie Orange. « Tom a reçu beaucoup d’argent d’Orange, mais tout cet argent a servi à payer les factures impayées de la saison précédente. Ainsi, nous avons disputé la saison 2002 avec un budget ridiculement bas, encore une fois » nous a affirmé un autre ancien membre de l’écurie.
L’écurie Arrows n’a disputé que les 11 premiers Grands Prix de la saison 2002. Les A23 à moteurs Cosworth étaient un peu plus rapides que leurs devancières, mais pas vraiment plus fiables. Heinz-Harald Frentzen récolte deux places de sixième et l’écurie britannique disparaît des paddocks après l’Allemagne, incapable de respecter ses engagements financiers.
Walkinshaw croit pourtant qu’il peut trouver un nouvel investisseur ou un repreneur, mais il échoue dans ses démarches. Personne ne veut de ce navire criblé de dettes et qui prend l’eau. Le 2 janvier 2003, un communiqué de presse laconique explique que l’écurie de F1 Arrows ne participera plus au championnat du monde et qu’elle ferme ses portes, définitivement.