Le monde la course automobile américaine a vu plusieurs familles connaître du succès. En NASCAR il y a évidemment eu les Bodine, Wallace, Waltrip, Earnhardt et autres. En IndyCar, comment oublier les Bettenhausen, Andretti, mais surtout les Unser ? Presque tous les hommes de cette famille ont, un jour ou l’autre, pris place dans des voitures de course. Il y a eu Al sénior et junior, mais aussi Bobby, Louis, Joe, Jerry, Johnny et Robby.
Cette célèbre famille de véritables héros de l’ouest américain vient de l’état d’Albuquerque au Nouveau-Mexique, tout près de la frontière avec le Mexique. En 1935, grand-père Jerry Unser sénior, un immigrant, s’installe dans cette région désertique et ouvre une petite station-service sur la légendaire Route 66.
Jerry junior est le premier des quatre frères à disputer les 500 Milles d’Indianapolis en 1958, se qualifiant 23e et terminant 31e. Cependant, la tragédie frappe l'année suivante quand il décède des blessures subies dans un terrible accident survenu durant des essais à Indianapolis.
Bobby, un autre frère né en 1934 et qui arbore une coupe de cheveux militaire, commence à courir en stock-cars et gagne le Pikes Peak à six reprises. En 1962, il effectue ses débuts en série USAC/IndyCar. Entre cette date et 1981, il décroche 35 victoires, 52 pole positions et gagne les 500 Milles d’Indianapolis à trois reprises, en 1968, 1975 et 1981.
Fait intéressant, Bobby a remporté sa première victoire en IndyCar sur le tracé de Mosport Park en Ontario en 1967. Un an plus tard, il a tenté sa chance en Formule 1 à l’occasion du Grand Prix d’Italie, mais n’a pas pris le départ de la course, car la FIA interdisait à un pilote de participer à deux épreuves internationales durant un même week-end (il devait aussi rouler en série IndyCar). Il a repris le volant de la BRM P138 à Watkins Glen, se qualifiant au 19e rang, mais a dû abandonner après 35 tours à la suite du bris du moteur V12.
Bobby a un frère, Al, qui est né en 1939 et qui va lui aussi participer au Pikes Peak où il termine en deuxième place en 1960 derrière… son frère Bobby. Quatre ans plus tard, Al affronte Bobby sur les circuits ovales de la série USAC/IndyCar.
En 1970, Al décroche la victoire à l’Indy 500 aux commandes de la Johnny Lightning Special à moteur Ford préparée par le génie de la mécanique, George Bignotti. Durant cette course, Al voit la monoplace de son frère Bobby taper durement le mur de béton. Inquiet, Al est rassuré quand il aperçoit son frère lui faire un signe de la main.
Victoire avec une vieille voiture
Big Al gagne l’Indy 500 à quatre reprises : en 1970, 1971, 1978 et 1987. Sa quatrième victoire à Indy est particulièrement rocambolesque. Avant l’épreuve, Al erre dans les paddocks. Il n’a pas de volant et pas de commanditaires. Danny Ongais, pilote de l’écurie Penske, percute le mur de béton et subit une commotion cérébrale et ne peut plus piloter pour le reste du mois. Son ancien employeur, Roger Penske, appelle Al à la rescousse.
L’écurie prépare alors une March vieille d’un an récupérée dans un lobby d’hôtel et on lui greffe un Cosworth DFX. Unser se qualifie au 20e rang, prend la commande de l’épreuve au 183e tour et gagne la course ! À 54 ans, il prend sa retraite après avoir signé 39 victoires et trois titres en IndyCar.
Al a un fils, aussi appelé Al, qu’on identifie comme “Al Junior” ou “Little Al”. Les deux s’affrontent en piste pour le titre de la série CART en 1985. C’est finalement le père qui remporte la couronne par un petit point - 151 à 150 - lors de la dernière course de la saison présentée à Miami.
Né en 1962, Al junior est un rouquin qui a commencé à courir à 11 ans Sprint Cars. Il a été champion de la série Super Vee en 1981 et a remporté le titre de la série Can-Am en 1982 au volant d’une Frisbee-Chevrolet. Pourtant, le jeune Unser est un adepte des drogues et boit un peu trop depuis son adolescence.
Des succès en piste, mais pas dans sa vie
Excellent pilote de circuit routier, il décroche la victoire aux 24 Heures de Daytona à bord d’une Porsche 962C en 1986 et 1987. Il intéresse même Frank Williams qui lui fait essayer une Williams-Renault de Formule 1 sur le circuit d’Estoril au Portugal en 1991.
Il commencer à courir en série CART en 1982 et remporte sa première victoire deux ans plus tard à Portland avec Galles Racing. En 1989, il est en route vers la victoire à l’Indy 500 quand il s’accroche avec Emerson Fittipaldi durant le 199e et dernier tour de piste. La voiture de junior termine sa course contre le mur en béton.
En 1992, il bat Scott Goodyear au sprint final du Indy 500, franchissant l’arrivée avec une avance de 0”043 seconde ! Deux ans plus tard, il permet à Mercedes de gagner la grande classique d’Indy, remportant sa deuxième victoire aux commandes d’une Penske-Mercedes. En 18 saisons, il remporte 18 victoires et deux titres de la série CART. Son dernier triomphe survient au Molson Indy de Vancouver en 1995.
La suite de sa carrière est toutefois moins reluisante. Il divorce de son épouse Shelley en 2001 et tente sa chance en série IRL. Malgré une victoire au Texas en 2003, Little Al, qui a pris du poids, n’arrive plus à rouler dans le peloton de tête. Puis, c’est la descente aux enfers. Il est presque ruiné. Après plusieurs arrestations, il avoue publiquement connaître depuis longtemps des ennuis de consommation d’alcool et de drogues.
En 2020, il a une révélation et devient pratiquant. Il suit des thérapies coûteuses qui le forcent à changer de style de vie. Sa vie s’embellit et en septembre 2021, il épouse Norma Lawrence, mais abandonne la course automobile.
La photo ci-dessous montre Al Sénior au volant de la Johnny Lightning Special durant un ravitaillement de l’Indy 500 en 1970.