Le Rallye du Japon, ultime manche du Championnat du monde des Rallyes (WRC) 2024, s'est déroulé ce week-end dans la région de Nagoya. Sur des routes sinueuses en asphalte au cœur des forêts, la compétition a été dominée par Ott Tänak et Martin Järveoja (Hyundai i20 N Rally1) jusqu’à la première spéciale de ce dimanche où ils sont sortis de route, enlevant ainsi toute pression à Thierry Neuville et son co-pilote Martijn Wydaeghe (photo ci-dessus) pour le titre mondial. L’épreuve a finalement été remportée par Elfyn Evans et Scott Martin (Toyota GR Yaris Rally1).
La compétition a débuté au Toyota Stadium jeudi soir, Adrien Fourmaux et Alexandre Coria (Ford Puma Rally1) réalisant le meilleur chrono avant de voir la bataille entre Tänak et Neuville débuter dès le lendemain matin. Mais à compter de la 4ème spéciale, un problème de turbo obligeait le pilote belge à baisser le rythme, laissant filer Tänak, son dernier rival pour le titre mondial. Comme aucune assistance n’était à l’horaire de la journée, Neuville a concédé pas moins de 8 minutes à l'Estonien durant cette journée et ses chances de titre semblaient alors compromises, lui qui n’avait besoin que de 4 points au départ de l’épreuve.
Mais Neuville allait remonter au classement dès le début de la journée samedi, passant de la 17ème à la 7ème position et redevenant ainsi meneur du championnat. La conclusion de ce passionnant duel a pris fin ce dimanche, Tänak sortant de route dès la 1ère spéciale de la journée, ce qui est ainsi venu mettre fin au suspense pour le titre des pilotes et des co-pilotes. Pour celui des manufacturiers en revanche, il a fallu attendre la dernière spéciale (Power Stage). En réalisant le doublé avec Evans suivi de Sébastien Ogier/Vincent Landais, Toyota a dépassé sur le fil Hyundai. 3 points séparent au final les deux marques. Ford finit 3ème.
Les deux premières journées de ce Rallye du Japon 2024 ont été particulièrement rythmées, avec des spéciales telles que le célèbre tunnel d'Isegami (23,67 km) et les parcours techniques d'Inabu/Shitara et de Shinshiro. Ces segments ont offert un mélange d'asphalte glissant et de tracés étroits, mettant à l'épreuve les compétences des équipages. Les conditions météorologiques ont ajouté une dose d'incertitude, rendant les spéciales encore plus délicates. La gestion des pneus fut donc déterminante dans certains parcours. En tête, Ott Tänak semblait en parfait contrôle de la situation, terminant la journée de samedi avec 38 secondes d’avance sur Evans, lui-même en avance sur Ogier, une fois n’est pas coutume, de plus de 90 secondes. Mentionnons toutefois qu’Ogier avait perdu près de 2 minutes en changeant une roue en spéciale vendredi.
Hormis pour Tänak, les positions n’ont plus changé ce dimanche, Evans et Martin devenant, avec cette victoire, les 6èmes lauréats différents cette année en WRC. Ils devancent Ogier/Landais par une minute et 27,3 secondes. Fourmaux/Coria, de nouveau le meilleur équipage Ford, complètent le podium, devant Takamoto Katsuta/Aaron Johnston (Toyota), Grégoire Munster/Louis Louka (Ford Puma Rally1) et Neuville/Wydaeghe (Hyundai i20 N Rally1), 6èmes à 6’54 des vainqueurs.
Après plusieurs années à être passé tout près du but (5 fois vice-champion), Thierry Neuville peut donc enfin savourer son premier titre de Champion du monde des Rallyes. « C’est une sensation incroyable pour être honnête » confiait Thierry Neuville, meneur du championnat depuis sa victoire lors du coup d’envoi de la saison au Rallye Monte-Carlo. « Nous travaillons depuis si longtemps pour cela. Je n’ai pas les mots, mais je veux remercier tous ceux qui ont participé à ce titre, ceux qui se sont battus pour nous et toute l’équipe. Nous en avons été très proches à plusieurs reprises, nous donnons toujours notre maximum, mais nous sommes enfin récompensés cette année » a-t-il ajouté. Ce triomphe est historique à plus d’un titre puisqu’il s’agit non seulement de la première couronne pour l’équipage, mais aussi de la première pour la Belgique ainsi que pour l’équipe Hyundai Motorsport chez les pilotes après une décennie en WRC.
Si Thierry Neuville savourait son triomphe tant attendu, l’accident d’Ott Tänak mettait un terme cruel aux espoirs de Hyundai Motorsport chez les constructeurs. La marque coréenne avait l’avantage à l’approche de la dernière étape du calendrier, mais Toyota Gazoo Racing l’emportait finalement avec les points d’Evans, Ogier et Katsuta. Toyota remporte ainsi son huitième titre constructeurs en WRC. L’équipe japonaise s’imposait avec le plus petit écart jamais vu dans la série (3 points) depuis Lancia qui avait été couronné par deux points face à Audi en 1983.
Encore une fois, le faible nombre (8) de WRC1 au départ a fait le bonheur des meilleurs équipages de WRC2 pour finir dans le Top 10. Nikolay Gryazin et Konstantin Aleksandrov (Citroën C3 Rally2) ont dominé les débats pour prendre une belle septième place au général. Cette performance ne suffit toutefois pas à priver Sami Pajari et Emmi Mälkönen (Toyota GR Yaris Rally2) du titre. Deuxième de la catégorie au Japon et 8ème au général, le Finlandais et sa co-pilote sont ainsi sacré en WRC2. Deux autres WRC2, deux Fabia Škoda RS, soit celles de Hiroka Arai/Shunsuke Matsuo et Gus Greensmith/Jonas Andersson complètent le Top 10. Pour le classement complet, cliquez ici.
Le Championnat du monde des Rallyes sera de retour en 2025 dès le mois de janvier, avec le traditionnel Rallye Monte-Carlo du 23 au 26 janvier. Logiquement, le système hybride sera abandonné sur les WRC1, beaucoup trop coûteuses avec cette technologie, et de nouvelles épreuves seront ajoutées au calendrier, en Arabie saoudite, au Paraguay et aux Îles Canaries (Espagne).