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5 novembre : Thierry Boutsen et Williams gagnent le GP d’Australie de 1989 tenu sous un déluge

5 novembre : Thierry Boutsen et Williams gagnent le GP d’Australie de 1989 tenu sous un déluge

Mardi 5 novembre 2024 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Ayrton Senna mène le Grand Prix d’Australie au volant de sa McLaren, mais il pilote au radar face à un épais mur gris de projections d’eau. Soudain, il aperçoit en un millième de seconde une tache sombre devant lui. Et c’est un choc terrible. Il vient de percuter l’arrière de la Brabham de Martin Brundle à plus de 200 km/h. L’abandon de Senna ouvre grand la porte à Thierry Boutsen qui décroche ainsi son second triomphe de la saison.

En 1989, le Grand Prix d’Australie concluait la saison de F1 alors qu’il est présenté en début d’année aujourd’hui. La course, fort populaire, se tenait sur le circuit urbain d’Adélaïde et non pas à Melbourne. Il y avait tellement d’inscrits que les préqualifications impliquaient 13 concurrents !

Senna décroche la pole position à bord de sa McLaren-Honda sous une chaleur accablante. Il est suivi par la Minardi-Ford de Pierluigi Martini (en pneus Pirelli qui adorent les températures élevées), la Benetton-Ford d’Alessandro Nannini et les Williams-Renault de Thierry Boutsen et de Riccardo Patrese.

La météo change dramatiquement et il pleut très fort avant le départ dimanche. Alain Prost, le coéquipier de Senna, déteste la pluie. Il tente de convaincre ses camarades de ne pas courir dans des conditions aussi dantesques.

En dépit des pourparlers de Prost, le départ est donné, mais avec un peu de retard. Prost a pris le départ pour respecter les termes de son contrat, mais il s’arrête à son puits après avoir parcouru un tour de piste. Au début du second tour, plusieurs monoplaces virevoltent dans tous les sens. La course est stoppée pour dégager la piste.

Confrontation avec Bernie Ecclestone

Des pilotes interpellent Bernie Ecclestone et lui font savoir que les conditions sont épouvantables. Certains ne parviennent même pas à passer le quatrième rapport tant les roues arrière patinent. Ecclestone ne les écoute pas et leur met une pression démesurée. Il faut que la course redémarre ! Bernie gagne sa cause.

Et le peloton s’envole dans un nuage d’eau soulevée par les énormes pneus arrière. En tête, Senna se sauve. Au quatrième tour, il dispose déjà d’une avance de 23 secondes sur Boutsen qui occupe la deuxième position. Derrière eux, c’est un festival de tête-à-queue, de pirouettes et de sorties de piste. Avec plus moins de dommages. Comme si c’était possible, la pluie redouble d’intensité.

Au 12e passage, Senna, pourtant un maître sous la pluie, se fait surprendre par une grosse flaque d’eau. Sa McLaren effectue trois tête-à-queue et s’immobilise sur un vibreur, intacte. Le Brésilien repart, toujours en tête.

Deux tours plus tard, Senna est aveuglé par les énormes projections d’eau et percute la Brabham de son ancien rival en Formule 3, Martin Brundle. Les deux bolides parviennent à continuer, mais la Brabham n’a plus d’aileron arrière et la McLaren a perdu son train avant gauche. Les deux abandonnent.

Cet accident propulse Boutsen en première place. Dans le peloton, les incidents se succèdent. Six voitures connaissent des ennuis mécaniques ou liés aux circuits électriques noyés par l’eau. Onze pilotes abandonnent à la suite de contacts avec les murs, tête-à-queue ou accrochages.

La pluie cesse (enfin), mais la piste demeure très glissante. Boutsen pilote avec finesse et espère ne pas se faire surprendre. Après 70 des 81 tours prévus, et après avoir atteint la limite des deux heures de course, le damier est agité et salue la Williams de Boutsen qui récolte son deuxième succès de la saison, acquis à Montréal… sous la pluie !

Alessandro Nannini termine au deuxième rang à 28”658 du Belge. Patrese est troisième et accuse 37”683 de retard sur son équipier. Seuls huit pilotes sont classés. Le dernier, Stefano Modena, termine avec six tours de retard à bord de sa Brabham-Judd.

La saison est terminée et Alain Prost célèbre son titre mondial. Il participe à une grande fête organisée par l’écurie McLaren. Ce sont ses derniers moments avec l’équipe britannique, car il a décidé de joindre les rangs de la prestigieuse Scuderia Ferrari.