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Le destin de la Lotus Type 66 : Un joyeux retour en arrière… à se procurer pour 1,8 million !

Le destin de la Lotus Type 66 : Un joyeux retour en arrière… à se procurer pour 1,8 million !

Jeudi 26 septembre 2024 par Marc Cantin
Crédit photo: Lotus Advanced Performance

Crédit photo: Lotus Advanced Performance

C’est à la fin de l’été 2023 que Lotus Advanced Performance a levé le voile sur une voiture pour le moins originale et exceptionnelle dans sa conception, la Type 66. Un an plus tard, ce modèle en édition extrêmement limitée a enfin été présenté dans différents concours d’élégance automobile. L’occasion donc de vous parler de cette Lotus vraiment pas comme les autres.

Lotus Advanced Performance fait revivre l'histoire de l’ancienne équipe de Formule 1, mais pas seulement, comme en témoigne cette Type 66, mise en production limitée à seulement 10 copies et enfin découverte "en réel" cette année. Mais ce bijou réservé à la piste pourrait toutefois ne jamais être vu dans des compétitions, les richissimes acquéreurs étant sans doute davantage tentés, et on les comprend, d’entreposer leur exemplaire dans leur collection privée, à l’abri des regards, plutôt que de maîtriser l’engin sur une piste, avec les risques que cela comporte.

Car la Lotus Type 66 est vendue au tarif de 1 million 800 000$ canadiens. À ce prix-là, on y fait attention ! D’autant que son histoire est incroyable. Ses plans avaient été perdus depuis plus de 50 ans et lorsqu’ils ont été retrouvés par Clive Chapman, le fils du fondateur de la marque Colin Chapman, ils ont permis de lancer ce projet Type 66.

Le design de cette voiture a donc l’aérodynamique rétro des années 1970, un moteur V8 de 800 chevaux et des performances comparables à la seconde près à une Porsche 911 GT3 de course. Les concepteurs de la Type 66 ont dû croiser les techniques de l’époque avec celles d’aujourd’hui. Ce camouflage a permis d’intégrer freins, amortisseurs, logiciel et électronique du moteur, châssis et carrosserie en fibre de carbone, toujours en conservant la simplicité aéro de l’époque.

L’ancienne maison Lotus fondée par Colin Chapman en 1948 courait en F1, F2 et F3, en plus de produire des voitures sport et des kits haute performance pour les voitures routières de tous les jours. La marque survit depuis la mort de Chapman en 1982 sous le nom de Lotus Group qui exploite trois entités principales : Lotus Cars qui produit des voitures de sport de haute performance, depuis sa base à Hethel (Royaume-Uni), Lotus Tech, spécialisée dans les voitures tout électriques et dont le siège se trouve à Wuhan, en Chine, et Lotus Engineering, une société de conseil en ingénierie, situé à Warwick au Royaume-Uni. Le Lotus Group est actuellement détenu majoritairement par la multinationale chinoise Geely.

Clive Chapman lui, dirige Lotus Advanced Performance, une entité à part qui développe des produits destinés aux sports motorisés. Il s’occupe aussi de garder en vie le nom et l’héritage technique et physique, et les documents laissés par son père. C’est donc l’équipe de Clive qui a retrouvé parmi les archives les plans originaux imaginés, puis égarés, par Colin lui-même ! À l’époque, il s’agissait de créer une voiture de type Groupe 7, soit des prototypes biplaces à cockpit ouvert, utilisés dans la première série Can-Am, de 1966 à 1974, et dominée alors par McLaren ou encore les Porsche de Mark Donohue et de l’équipe de Roger Penske.

Lotus a tenté sa chance dans la série avec des Type 30 et 40 (« Une 30 avec dix erreurs en plus » selon AJ Foyt !). Deux fiascos. Vexé, Chapman voulait absolument battre McLaren, d’où la conception sur papier de la Type 66, évocatrice de la 72 qui a dominé la F1 de 1970 à 1974 avec ses 20 victoires et deux titres pilotes (Jochen Rindt à titre posthume en 1970 puis Emerson Fittipaldi en 1972). La Type 66 tel qu’imaginée par Chapman était évidemment dénuée des Ford Cosworth V8 de F1 mais plutôt couplée de moteurs Chevrolet "Gros Blocs" de 427 pouces/cube, comme les McLaren et Lola qui roulaient en Can-Am. Mais l'attention recentrée de Lotus sur la F1 et les changements de réglmentation de la série Can-Am dans les années 1970 ont fini par pousser Colin Chapman à abandonner le projet.

Dans la version finalement construite cette année, Lotus n’a pas spécifié l’origine du moteur V8 culbuté et nourri par les belles trompettes, sauf ses 830 chevaux délivrés à 8800 tours par minute et 746 Nm à 7 400 t/m. Des chiffres qui rappellent quand même les gros blocs de Chevrolet populaires à l’époque. Le moteur permet de produire 800 kg d’appui à 150 milles à l’heure et d’atteindre une vitesse maximale de 180 mph, soit 290 km/h.

Le concept de la voiture comporte cependant des faiblesses impossibles à corriger. L’absence d’un toit et d’une cage double placée devant les mains du pilote pourrait exposer ce dernier à des débris en cas d’incident. Sans compter les difficultés pour assurer ce modèle - somme toute pas aux normes de sécurité actuelles du sport automobile - pour sa vraie valeur. De plus, les pneus de course modernes fonctionnent à leur maximum à une fourchette de températures relativement élevées, ce qui réclame un pilotage par des professionnels ou presque. Les amateurs fortunés ne pourront peut-être pas atteindre la fourchette de température requise, limitant ainsi leurs performances en piste et augmentant le danger.

On peut donc se douter que les 10 Type 66 produites seront exposées ou éventuellement utilisées pour des journées d’essais plutôt que de risquer l’incident en circulation plus féroce d’un événement de sport automobile, même de type "Club Racing". Mais qu’importe, le simple fait que Clive Chapman et son groupe de concepteurs aient décidé de produire cette voiture mérite l’admiration.


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