Lors de l’événement de Mosport début septembre, les pilotes et propriétaires d’équipes de NASCAR Canada se sont rencontrés pour discuter de l’avenir de la série. Une réunion confidentielle, productive, qui a abouti à plusieurs orientations pour l’avenir. Champion 2024 de la série, Marc-Antoine Camirand est évidemment très concerné par NASCAR Canada et son développement en tant que pilote mais aussi propriétaire de l’équipe Camirand Performance. Dans la seconde partie de cette entrevue exclusive qu’il nous a donnée après son titre, le pilote de St-Léonard d’Aston nous a confié son point de vue…
Cette année, il y avait seulement quatre courses sur circuit routier, contre 9 ovales. Voudrais-tu voir un nombre égal de circuits routiers et d’ovales au calendrier de la série ?
Oui, à la base je suis un gars de circuit routier et on voit que ces courses attirent sans cesse plus de pilotes. J’espère par exemple qu’on retournera au Toronto Indy l’an prochain. Les estrades étaient pleines le vendredi soir pour nous voir courir en 2023. Toronto a beaucoup manqué au calendrier cette année. Pour la télé c’était bon, pour les fans et les pilotes aussi. On donne un bon show à Toronto ! Sinon, j’espère bien sûr voir la série NASCAR Cup débarquer un jour au circuit Gilles-Villeneuve et qu’on puisse y rouler à cet événement avec NASCAR Canada. On entend aussi parler de Watkins Glen lors du gros week-end NASCAR, en septembre. J’aimerais vraiment ça mais en même temps, j’ai conscience qu’il faut garder des courses habituelles de la série sur ovale.
Est-ce que l’idée de couronner un champion d’ovale et un autre de circuit routier, en plus du champion de la saison, est une solution ?
C’est ce que certains suggèrent mais c’est impossible de contenter tout le monde. C’est un couteau à deux tranchants et j’ai aimé la réaction d’Alan Labrosse à ce sujet qui a rappelé que l’objectif est d’avoir plus de pilotes qui disputent la saison au complet, donc de faire attention à ne pas encore plus diviser circuits routiers et ovales. Chose certaine, comme nous l’avons évoqué avec Jean-Claude Paillé récemment, il faut que les équipes se parlent, se regroupent et collaborent pour amener la série à un niveau supérieur. Elle en a le potentiel et Alan Labrosse le comprend. Il perçoit le potentiel.
L’équipe Camirand Performance est concentrée sur l’engagement d’une seule voiture pour toi présentement. Pourrait-elle engager une deuxième voiture à l’avenir ?
Tout à fait. Ça faisait partir de l’entente lorsque nous avons créé l’équipe avec Jean-Claude Paillé en 2022 et notamment donner la chance aux jeunes. Avoir une voiture pour les premières saisons puis passer à une seconde était le plan. On est proches de cette étape mais peut-être pas à temps plein en 2025, simplement les circuits routiers et les événements sur ovale au Québec. Rien n’est encore officiel mais c’est dans les projets. Je veux piloter encore une couple de saisons mais progressivement passer plus de temps à gérer l’équipe. Dans quelques années, on mettra seulement des jeunes loups dans nos voitures. Mais je ne suis pas rendu là encore, ne partons pas de rumeur, je ne prends pas ma retraite du pilotage tout de suite !
Donc tu seras de retour dans la série l’an prochain ?
Oui, c’est certain. On va prendre quelques journées de repos et on va commencer à travailler sur la saison 2025 assez tôt. Préparer les voitures et essayer de trouver encore plus de vitesse, si on peut ! J’aimerais aussi rouler en Endurance durant l’hiver, j’avais tellement aimé ça il y a une quinzaine d’années ! Retourner aux 24 Heures de Daytona serait un rêve, j’avais adoré cette course lorsque j’y avais participé en prototype Rolex Grand Am. Mais je ne veux pas disperser nos budgets et énergies avec autre chose que notre engagement en NASCAR Canada pour l’instant.
Terminons avec un sujet délicat : les budgets. Ils ont explosé dans la série et une équipe qui veut gagner doit dépenser 600 000 à 650 000$ par saison. Est-ce normal pour une série nationale ?
Non et il faut chercher des solutions pour diminuer ces coûts. On ne s’en cachera pas : lorsque nous sommes arrivés dans la série avec notre structure d’équipe en 2022, cela a poussé du monde, comme par exemple Kevin Lacroix avec son équipe, à suivre et engager un ingénieur renommé, comme Kevin l’a fait avec Étienne Cliche. Quand j’ai commencé dans la série et qu’on louait une voiture de Scott Steckly, c’était 350 000 à 400 000$ pour une saison complète. Les chiffres que tu viens de mentionner sont exacts, on est rendu là. Ça coûte trop cher pour des équipes qui arrivent. Mais ce n’est pas seulement la course qui coûte cher, les déplacements représentent une très grosse part des budgets. Et pour ça, il faut que la série trouve des solutions, soit sous forme de bourses soit sous forme de paiement des frais aux équipes qui se déplacent dans les Maritimes et dans l’Ouest. Alan Labrosse en a bien conscience et nous allons en reparler entre les équipes. La série NASCAR Canada voyage de Terre-Neuve à l'Alberta et le calendrier est très serré, de fin mai à fin septembre. Les équipiers n'ont pas le temps de reprendre leur souffle. Améliorer le calendrier et réduire le budget voyage serait déjà un grand pas en avant pour la série, ses pilotes et ses équipes.
** Pour la première partie de l’entrevue de Marc-Antoine Camirand, où il revient sur sa saison 2024, le GP3R, les manoeuvres de dépassements litigieux entre pilotes en NASCAR et d’autres sujets, cliquez ici.