La première édition du championnat du monde de Formule 1 moderne, présentée en 1950, a été une rude bataille entre les trois pilotes de l’écurie Alfa Romeo officielle.

En ces temps d’après-guerre, les pilotes de Grands Prix ne sont plus bien jeunes. Les visages sont ridés, les crânes dégarnis et les cheveux restants ont grisonné. Giuseppe “Nino” Farina est âgé de 43 ans tout comme Juan Manuel Fangio tandis que Luigi Fagioli, troisième pilote de l’écurie officielle Alfa Romeo a 52 ans.

Les trois sont aux commandes d’Alfa 158/50 développées avant la guerre en 1938 par Gioachino Colombo. Le bolide est propulsé par un moteur huit cylindres en ligne de 1500 cc gavé par un compresseur, à deux soupapes par cylindre et qui développe 350 chevaux. Avec sa boîte de vitesses à quatre rapports, l’Alfa pèse 790 kilos et est munie de freins à tambours peu rassurants !

Ce premier championnat monde, qui s’étire du 13 mai au 3 septembre, comporte sept manches avec les Grands Prix de Grande-Bretagne, Monaco, Suisse, Belgique, France et Italie, sans oublier les 500 Milles d’Indianapolis qui comptent alors pour le championnat.

Trente écuries (oui, trente !) s’engagent au championnat, dont plusieurs qui ne disputent qu’une seule épreuve durant la saison comme T.A.S.O. Mathieson, Peter Walker, Joe Fry, Joe Kelly, Guy Mairesse, Paul Pietsch et Écurie Bleue.

Chez la puissante écurie Alfa Romeo, l’Argentin Fangio se méfie de magouilles ou de favoritisme qui pourraient avantager ses deux coéquipiers italiens.

Il y a les Alfa Romeo, et les autres…

Le tout premier Grand Prix de l’ère moderne est disputé sur le circuit de Silverstone. Giuseppe “Nino” Farina décroche la pole position, signe le tour le plus rapide et remporte la victoire. Fangio est contraint à l’abandon à la suite de la rupture d’une conduite d’huile.

L’épreuve de Monaco marque les débuts en compétition des voitures Ferrari. Fangio et Farina prennent le départ en première ligne, et cette fois Fangio gagne devant Farina. On assiste aussi à la victoire de Johnnie Parsons sur une Kurtis Kraft-Offenhauser à l’Indy 500, course arrêtée au 138e tour sur 200 à cause de la pluie.

Le Grand Prix de Suisse est organisé sur le circuit de Bremgarten près de Berne. Les trois Alfa officielles sont devant pour le départ avec, dans l’ordre, Fangio, Farina et Luigi Fagioli. Fangio part en tête, mais il est doublé par Farina au septième tour. Farina gagne la course tandis que Fangio abandonne à cause d’une soupape brisée.

Le long et redoutable circuit de Spa-Francorchamps présente le Grand Prix de Belgique. Les trois Alfa dominent les qualifications. Elles roulent devant, mais quand elles ravitaillent, Raymond Sommer, sur une Talbot-Lago, prend la tête, mais abandonne plus tard sur bris moteur. Fangio gagne la course devant Fagioli, tandis que Farina, qui était deuxième, perd deux places en toute fin de course à cause de problèmes de transmission.

Fangio récolte une troisième pole position en France sur le circuit de Reims-Gueux. Farina démarre deuxième et mène durant le premier quart de la course. Puis, il chute en queue de peloton à cause de problèmes d’alimentation en essence. Fangio gagne devant Fagioli, et mène désormais au classement des pilotes.

Le titre va donc se jouer sur le rapide circuit de Monza en Italie. Si Fangio termine premier ou second, il est champion quoi que fassent ses coéquipiers. Fangio occupe la pole position et Farina est troisième. C’est ce dernier qui fonce, mène la course et remporte la victoire. Fangio abandonne à cause d’étranges ennuis de boîte de vitesses…

Avec un total de 30 points, Farina est sacré premier Champion du monde en ce 3 septembre 1950. Fangio se classe au deuxième rang avec 27 points tandis que Fagioli prend la troisième place avec 24 points.