Bruno Famin, dirigeant d’équipe à l’expérience incontestée qui avait notamment mené Peugeot à la victoire aux 24 Heures du Mans en 2009, remercié; fin du programme moteur au sein de l’usine de Viry-Chatillon près de Paris, pour ne converser que l’usine d’Enstone en Grande-Bretagne, arrivée plus que probable du moteur Mercedes en remplacement du Renault pour équiper ses F1 dès 2026, retour surprise aux affaires de Flavio Briatore et, tout récemment, prise de pouvoir de la gestion sportive d’Oliver Oakes… Ça fait beaucoup, beaucoup trop de mouvements en quelques mois pour une équipe de F1, structures dont la stabilité est gage de succès et de progression.
C’est pourtant la situation d’Alpine, qui doit de plus choisir un coéquipier à Pierre Gasly (photo ci-dessus au GP de Belgique) pour la saison prochaine, sachant qu’Esteban Ocon a signé avec Haas. Le nom de Mick Schumacher a circulé mais il semble bien que le réserviste Jack Doohan, fils du quintuple champion du monde MotoGP Mick Doohan, ait les faveurs de la direction actuelle de l’écurie. Une écurie de moins en moins française, de plus en plus anglaise, voire peut-être bientôt américaine !
En effet, outre un projet dont on ignore tout présentement et derrière lequel on retrouve Otmar Szafnauer, ancien dirigeant de l’équipe Alpine remercié l’an dernier, le nom d’Andretti revient périodiquement dans les rumeurs de paddock. Mais, contrairement aux deux dernières années, cette rumeur prend aujourd’hui une certaine logique au point que certains y voient la grande nouvelle de la rentrée, d’ici trois semaines, qui ferait beaucoup de bruit dans le monde de la F1.
Rappelons que l’écurie Andretti Global, motorisée et financée par GM via sa marque Cadillac, s’est vue refuser le droit d’entrer en F1 à titre de 11ème équipe en début d’année. Une décision qui a terni l’image de la F1, ses détracteurs y voyant une preuve supplémentaire que les écuries présentes et Liberty Media ne voient que leurs profits. Car qui dit 11 équipes dit répartition des juteux revenus que génère présentement la F1 en 11 parts plutôt qu’en 10. Même avec un ticket d’entrée à 200 millions US que Michael Andretti était prêt à payer, cela ne suffisait pas aux acteurs de la discipline reine.
Ceux-ci ont toujours indiqué qu’ils seraient heureux d’accueillir Michael Andretti et son équipe s’il rachetait une équipe existante. Cela avait failli aboutir il y a 3 ans avec Sauber, avant que la petite équipe suisse ne cède finalement aux avances du groupe VAG pour permettre l’entrée d’Audi en F1 à l’horizon 2026. Et puis il y a eu les déclarations de Mario Andretti, père de Michael et champion du monde 1978, qui avança en 2022 que le groupe Renault serait prêt à fournir son moteur à l’équipe Andretti Global. C’était avant que GM n’entre dans la danse, puis que Renault ne réoriente, dès l’an prochain, les activités de son usine moteur de France vers le programme Endurance (les prototypes Alpine Hypercar qui visent gagner les 24 Heures du Mans d’ici 3 ans).
À l’été 2023, un groupe d’investisseurs américains a injecté 200 millions de dollars US pour entrer au capital de la marque Alpine, devenant ainsi actionnaire à hauteur de 24%. La nouvelle, d’ordre financier, était passée assez inaperçue des analystes de F1. Pourtant, tout cela mis ensemble a fini par relancer cet été la rumeur voulant qu’Andretti soit intéressé par le rachat de l’écurie Alpine.
Bien plus que les nouvelles farfelues que l’on entend souvent ici et là autour de la F1, la volonté de quelques personnes dans le possible rapprochement Andretti-Alpine nous a été confirmée récemment par une source fiable, un ex-membre de l’équipe Alpine. Ce rapprochement aurait beaucoup de sens et cocherait toutes les cases voulues par les deux parties. Pour le groupe Renault, ce serait l’occasion de vendre à très bon prix son équipe de F1, son usine en Angleterre et s’assurer que les employés de celle-ci ne soient pas mis à pied. Alpine, marque de sport du groupe qui vend seulement environ 3500 voitures par année, pourrait ainsi réorienter son implication sportive vers deux disciplines plus en adéquation avec les passionnés plutôt que le grand public, soit l’Endurance et le rallye.
Pour Andretti, ce serait enfin le dénouement pour arriver en F1 de la manière dont les dirigeants de la série le veulent. De plus, l’Américain disposerait d’entrée de jeu du moteur Mercedes avant que le moteur GM Cadillac ne soit opérationnel en 2027 ou 2028, tout en bénéficiant aussi de l’expertise de tout le personnel d’Enstone.
L’histoire peut paraître simple et le dénouement logique, mais il reste deux obstacles à ce projet expliquant le silence, ce qui est rare de leur part, de Mario et Michael Andretti : ils ne sont pas les seuls à rêver au rachat de l’équipe Alpine ! D’autres personnes s’y intéressent aussi. Cela pourrait faire monter les enchères, compliquer la situation et retarder le processus. Tout cela en sachant que chez Renault, il y a encore des défenseurs du maintien de l’équipe Alpine en F1. Car si Renault vend son équipe, en l’état actuel de la valeur des écuries de F1, c’est la quasi-certitude de ne pouvoir jamais revenir, en tout cas pas avant 10 ou 15 ans. Cela ne se décide donc pas sur un coup de tête…