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1er août: Accident mortel de Patrick Depailler lors d’essais privés à Hockenheim en 1980

1er août: Accident mortel de Patrick Depailler lors d’essais privés à Hockenheim en 1980

Jeudi 1er août 2024 par René Fagnan
Crédit photo: Galeron

Crédit photo: Galeron

Le pilote français Patrick Depailler, bien connu au Québec pour avoir couru en Formule Atlantique contre Gilles Villeneuve durant les années ’70, a perdu la vie dans un violent accident survenu le 1er août 1980 sur le circuit de Hockenheim à bord d’une Alfa Romeo de Formule 1.

Né en 1944, Depailler avait le goût du risque. Il recherchait des sensations fortes et adorait les frissons des activités risquées. Pour lui, c’était pour se sentir vraiment vivant.

Après avoir effectué ses débuts à motos, il devient champion de France de Formule 3 en 1971, puis champion de Formule 2 en 1974. Ses débuts en F1 avec l’écurie Tyrrell sont remarquables malgré une cheville fracturée.

Il gagne le Grand Prix de Monaco F1 en 1978 puis rejoint Jacques Laffite chez Ligier. Mais deux coqs dans la même basse-cour, ça fait des étincelles. Depailler gagne en Espagne, ce qui créé des tensions dans l’équipe. Profitant de quelques jours de repos, il s’inflige de graves fractures aux jambes quand son deltaplane s’écrase contre une paroi du Puy-de-Dôme.

Les jambes en piteux état (ses médecins parlent même d’amputation), Depailler doit subir de nombreuses interventions chirurgicales et suivre une rééducation stricte. Il n’a qu’un seul objectif : courir à nouveau en F1.

Puisque Guy Ligier a recruté Didier Pironi pour piloter auprès de Laffite en 1980, Depailler accepte l’offre faite par Alfa Romeo. L’Alfa 179 est une monoplace pataude, lourde, peu agile et propulsée par un V12 hyper fragile.

En dépit de tous les exercices et la physiothérapie effectuée depuis des mois, Depailler apparaît au premier Grand Prix de la saison en Argentine terriblement amaigri et affaibli. Il se déplace avec des béquilles et le simple fait de mettre un pied par terre le fait hurler de douleur. Cependant, il parvient à piloter.

Avec l’aide de l’ingénieur/aérodynamicien Robert Choulet, il fait progresser la voiture. Il se qualifie septième en Afrique du Sud, puis troisième à Long Beach et septième encore à Monaco. Mais l’Alfa 179 est trop fragile et Depailler ne termine pas une course.

Des essais fatidiques

En juillet, il prend quelques jours de vacances et revient pour effectuer des essais sur le circuit de Hockenheim en préparation au Grand Prix d’Allemagne. L’ancien tracé de presque sept kilomètres de long est composé de très longues lignes droites entrecoupées de chicanes et d’un rapide virage à droite au fond du circuit, l'Ostkurve.

Le 1er août, il est 11h35 quand le son aigu du V12 se tait soudainement. L’Alfa est sortie de piste dans l'Ostkurve. La monoplace, qui roulait alors à 280 km/h, a inexplicablement filé tout droit sans négocier le virage. Elle s’est fracassée contre les rails de sécurité, s’est retournée à l’envers et a glissé sur plusieurs mètres.  

Depailler est extrait de ce qui reste du cockpit avec de multiples fractures, de graves blessures à la tête et une importante hémorragie. Évacué d’urgence à l’hôpital, les médecins confirment son décès peu après son arrivée.

Il n'y avait aucun témoin dans le virage et personne ne sait ce qui est vraiment suvenu. L’équipe Alfa Romeo, inquiète pour son image, avance que la cause de l’accident est probablement humaine. Selon elle, Depailler n’était pas assez remis de ses blessures et il aurait commis une erreur de pilotage.

Pourtant, les intervenants affirment avoir bien vu une trace rectiligne sur l’asphalte avant le virage; la trace que laisse un objet métallique qui frotte par terre avec force. Il est donc possible qu’une pièce de suspension ait cassé juste avant l’impact. Il est aussi possible qu’une des deux jupes coulissantes des pontons de l’Alfa se soit déboitée et coincée, ce qui aurait brusquement annihilé l’effet de sol et provoqué la sortie de piste. Malheureusement, les restes de la voiture sont si endommagés qu’il est impossible d’affirmer avec certitude ce qui a provoqué l’accident.

Comme Jim Clark, Patrick Depailler a perdu la vie sur ce ruban d’asphalte tracé dans la forêt.