Une page de l’Histoire de la Formule 1 a été écrite le 18 juillet 1981 avec la victoire de la McLaren MP4/1 au Grand Prix de Grande-Bretagne. Cette voiture, créée par John Barnard, est la première à s’imposer avec un châssis fabriqué d’un matériau composite en fibre de carbone.

Auparavant, seulement des petites pièces ou des renforts étaient produits dans ce matériau dit révolutionnaire et qui était alors réservé à l’aviation et l’aérospatiale. Très chère, relativement rare, requérant des techniques de fabrication mal connues, la fibre de carbone était vraiment très peu utilisée en sport automobile et c’est le recrutement de John Barnard par Ron Dennis chez McLaren International qui a permis de produire la première monocoque entièrement faite de fibre de carbone.

Barnard savait que ce matériau offrait des avantages indéniables en comparaison aux panneaux d’aluminium traditionnellement employés. Ainsi, le châssis pouvait être plus étroit et plus léger tout en offrant une excellente rigidité en torsion. Ne sachant comment fabriquer un châssis complet, Barnard a alors fait appel à la firme américaine Hercules basée à Salt Lake City. Du fait de ses nombreux contrats avec la défense américaine, cette entreprise possédait énormément d’expérience avec la fibre de carbone.

Il restait toutefois un doute dans l’esprit de plusieurs experts : comment ce châssis allait-il résister à un gros impact ? Certains avançaient même que dans un tel cas, il serait réduit en poussière…

La McLaren MP4/1-Ford Cosworth DFV prend du service en Argentine à l’occasion du troisième Grand Prix de la saison 1981. En Espagne, John Watson termine au troisième rang derrière Gilles Villeneuve et Jacques Laffite. En France, Watson récolte la deuxième place. Puis c’est le Grand Prix de Grande-Bretagne à Silverstone.

Les Renault RE30 turbo d’Alain Prost et de René Arnoux occupe la première ligne de départ. Watson est cinquième tandis que son coéquipier, Andrea de Cesaris est sixième.

Panique à la chicane Woodcote

Au quatrième tour, c’est la catastrophe à l’avant du peloton. Sous la pression d’Alan Jones, Gilles Villeneuve sort de Woodcote trop vite et escalade la bordure de la chicane. Déséquilibrée et sautillante, la Ferrari part dans une impressionnante embardée. Villeneuve fait patiner les roues furieusement. Aveuglé par un nuage, Jones heurte la Ferrari puis sort de piste. Watson freinage violemment et de Cesaris, voulant l'éviter, sort lui-aussi de piste.

Watson chute en 10e position, mais repart à l’attaque. Prost mène la course, mais il est victime du bris de son moteur turbo au 17e tour. Arnoux prend le relais et casse son moteur au 61e passage. Où est Watson ? Il était septième au neuvième, tour, puis est monté troisième cinq boucles plus tard et occupait la seconde place depuis le 18e passage lorsque la Renault d’Arnoux est disparue.

Watson et la fameuse McLaren en fibre de carbone mène la course et croise l’arrivée avec une avance de 40”6 sur Carlos Reutemann à bord d’une Williams FW07C-Ford. Tous les autres compétiteurs accusent au moins un tour de retard sur eux !

Les sceptiques de la fibre de carbone furent convaincus de ses propriétés exceptionnelles de ce matériau quand Watson a été victime d’un énorme accident entre les deux virages Lesmo du circuit de Monza au Grand Prix d’Italie plus tard durant la saison. Partie en dérapage, la McLaren a percuté les rails de sécurité à près de 230 km/h. La monocoque a parfaitement encaissé le coup et Watson s’en est sorti secoué, certes, mais sans une égratignure.

Il est intéressant de noter que le Team Lotus avait produit sa Lotus 86 à double châssis en fibre de carbone à peu près en même temps que la McLaren MP4/1. Cet article explique les différentes techniques de fabrication de ces deux monocoques en carbone.