Une histoire abracadabrante est survenue le 12 juillet 1992 quand le Finlandais Mika Häkkinen a bien failli ne pas participer au Grand Prix de Grande-Bretagne sur le circuit de Silverstone.
Imaginez la scène : tous les membres d’une écurie de Formule 1 attendent impatiemment l’arrivée d’un de leurs pilotes dans l’enceinte du circuit, car il reste moins d’une heure avant que le départ du Grand Prix soit donné !
C’est ce qui est arrivé à Mika Häkkinen, alors jeune coureur automobile qui n’en était qu’à sa deuxième saison en F1 avec le Team Lotus. Champion de karting, champion de Formule Ford en Scandinavie puis champion de Formule 3 britannique, le Finlandais était une étoile montante.
Il accède à la F1 en 1992. Il est le coéquipier du Britannique Johnny Herbert et pilote une Lotus 107 à moteur Ford Cosworth HBD V8 de 3,5 litres et qui développe 700 chevaux. Samedi, Herbert s’est qualifié en septième place tandis que Häkkinen a réalisé le neuvième meilleur temps en prévision du Grand Prix de Grande-Bretagne.
Le samedi soir, Häkkinen et un ami proche, Mika Sohlberg, un ancien pilote de rallye, logent dans le même hôtel. Sohlberg a demandé un appel de réveil pour le lendemain matin et demande à Häkkinen qu’il fasse la même chose, car ils doivent se lever tôt « à cause du trafic catastrophique » qu’il y aura pour se rendre au circuit.
Dimanche matin, les Finlandais ne reçoivent aucun appel de réveil ! Häkkinen raconte s’être réveillé en sursaut et d’être allé directement frapper à la porte de la chambre de Sohlberg afin de se rendre au circuit au plus vite. Souvenons-nous qu’il n’y avait pas de téléphone portable à ce moment.
Confusion avec les forces de police
Évidemment, les routes sont totalement congestionnées. Les voitures sont à l’arrêt complet. Häkkinen dit avoir vu une policière à moto sur le bord de la route. Il lui demande : « S’il vous plaît, puis-je rouler sur le mauvais côté de la route, car vous savez qui je suis et je suis très en retard ». Ce à quoi elle aurait répondu : « D’accord, faites attention et ne roulez pas trop vite ».
Häkkinen roule en effet sur le mauvais côté de route, passant à côté de l’impressionnante file de voitures. Souriant, il se dit qu’il ne ratera pas la séance de réchauffement [qui avait lieu à cette époque]. Puis, il aperçoit qu’il est suivi par des motos de la police. Croyant qu’il s’agit d’une escorte pour l’accompagner jusqu’au circuit, il enfonce l’accélérateur. Mauvaise idée !
À l’entrée du circuit, un policier lui fait signe d’arrêter et lui demande quelle idée il a en tête. Häkkinen rétorque qu’il a eu la permission de rouler sur ce côté de la route. Le policier lui dit : « Ça ne m’intéresse pas de savoir si vous êtes Nigel Mansell. Avez-vous bu ? » Häkkinen insiste à dire qu’il est pilote de F1, mais son ami Sohlberg est en effet un peu éméché.
Häkkinen est donc arrêté sur place et conduit au poste de police où on lui confisque son passeport. On lui dit : « Il n’y a pas de Grand Prix pour vous. Vous avez enfreint la loi et nous allons vérifier si vous êtes en état d’ivresse ».
Pendant ce temps au circuit, les membres du Team Lotus se demandent bien où est leur pilote. Sohlberg parvient à rejoindre la direction de l’écurie par téléphone et lui explique le problème. Peter Collins, le directeur de l’équipe, entre en contact avec les forces de police pour faire libérer Häkkinen.
Pendant ce temps, Johnny Herbert roule avec les deux Lotus durant la séance de réchauffement pendant que Collins prend sa voiture et file au poste de police. La situation est expliquée, et Häkkinen promet de comparaître devant le juge le lendemain.
Collins fonce vers le circuit et Häkkinen a juste le temps d’assister à la réunion des pilotes. Il enfile sa combinaison et arrive à sa voiture à temps pour effectuer son tour de mise en grille de départ.
Häkkinen connaît une bonne course et termine en sixième place. Quant à Herbert, il abandonne à la suite du bris de sa boîte de vitesses. “The Flying Finn” Häkkinen a quand même eu chaud ! Comme prévu, il comparaît devant le juge le lendemain et promet évidemment de ne plus recommencer.