Maria de Villota Comba, fille de l’ancien pilote de Formule 1 Emilio de Villota, a reçu de graves blessures à la tête lors d’un bête accident survenu durant des simples essais aérodynamiques effectués par l’écurie de F1 Marussia.
Un an plus tard, après de délicates opérations chirurgicales, Maria décède dans son sommeil, le 11 octobre 2013 dans un hôtel de Séville. Depuis l’accident, elle souffrait de maux de tête constants et elle avait perdu les sens de l’odorat et du goût. L'autopsie de son corps révèle que sa mort est due à des causes naturelles, conséquence de blessures neurologiques importantes.
Née le 13 janvier 1980 à Madrid, Maria est évidemment passionnée de sport automobile, car son père a tenté de se qualifier pour un Grand Prix de F1 à 17 reprises, mais n’a réussi que deux fois à bord d’une McLaren M23 privée en 1977.
La jeune femme court elle aussi, sans décrocher de succès majeurs il faut bien l’avouer. Elle dispute quatre saisons du Championnat d’Espagne de Formule 3, court en WTCC et tente sa chance en Superleague Formula entre 2009 et 2011.
Son palmarès est extrêmement mince, mais les dirigeants de Renault décident de faire un bon coup de marketing en lui offrant un essai à bord d’une R29 de deux ans de l'équipe Lotus Renault GP sur le circuit Paul-Ricard en France en août 2011. Elle parcourt ainsi les 300 km requis pour obtenir - à cette époque - une Super Licence.
Le 7 mars 2012, l’écurie russe de F1 Marussia, alors dirigée par John Booth, annonce le recrutement de Maria comme pilote d’essais. L’écurie prévoit faire rouler Maria à bord de la MR01 lors des essais prévus à Abou Dhabi.
Cependant, l’équipe décide de lui confier le volant de la monoplace lors d’essais aérodynamiques prévus sur l’aérodrome de Duxford au Royaume-Uni le 3 juillet. Il s’agit d’essais de cartographie aérodynamique (aero mapping en anglais) où le pilote conserve une vitesse constante en ligne droite afin de déterminer si les données enregistrées dans la réalité concordent avec les chiffres obtenus en soufflerie.
Maria est sanglée dans la monoplace, effectue un passage sur la piste de décollage et d’atterrissage, revient vers les camions de l’écurie… et c’est la catastrophe. Sans vraiment ralentir, la Marussia s’encastre directement contre le hayon élévateur d’un camion. Son casque a percuté de plein fouet la plateforme horizontale.
Inconsciente, l’Espagnole est vite transportée à l’hôpital d’Addenbrooke à Cambridge où elle subit une intervention chirurgicale majeure pour traiter ses blessures à la tête et au visage et stabiliser son état. La partie droite de son visage est fracturée et elle a perdu son œil droit. Après quelques mois, elle réapparaît en public, mais elle souffre de graves maux de tête.
Les résultats de l’enquête
Comment un si bête accident a-t-il pu survenir ? Premièrement, l’enquête du Health & Safety Executive britannique révèle que les membres de l’équipe n’ont pas suffisamment bien informé Maria du fonctionnement complexe de la voiture. Le rapport précise que Maria aurait indiqué à un membre de l’équipe qu’elle était incapable de tirer sur la palette d’embrayage lorsque le volant était braqué à fond.
Lorsqu'elle termine son essai, elle roule sur une vaste zone asphaltée en direction des camions de l’écurie qui servent de puits. On estime que la voiture roule alors entre 50 et 65 km/h. Selon le journaliste Chris Mann de la BBC qui était présent, le moteur s’est soudainement mis à pétarader et la voiture a accéléré pour aller percuter le hayon d’un camion.
Cette pétarade est causée par le dispositif électronique d’anti-calage (anti-stall) qui empêche le moteur de caler si le régime chute sous 4100 tours/minute. En fait, c’est comme si Maria accélérait elle-même. La jeune femme est incapable de toucher à la palette d’embrayage, car le volant est braqué au maximum dans le but d’éviter les camions et le personnel de l’équipe.
Elle rétrograde alors de seconde à première vitesse, sans effet, car l’électronique refuse de faire caler le moteur. Après avoir bloqué des roues en freinant fort, elle relâche la pression, ce qui permet aux roues de tourner à nouveau, mais voyant qu’elle file droit vers le camion, elle freine fort à nouveau et la roue avant gauche se bloque. La monoplace heurte le hayon du camion. « Le hayon élévateur se trouvait non seulement dans une position susceptible d’engendrer des blessures, mais se situait au niveau des yeux de la personne » termine le rapport.
La pauvre Maria ne s’est jamais remise de ses blessures. Elle effectuait une tournée de promotion pour son livre quand elle fut trouvée morte dans sa chambre d’un hôtel de Séville un an après l’accident. L’autopsie a révélé que la pauvre Maria était morte d’un arrêt cardiaque, une conséquence des lésions neurologiques provoquées par son accident.