Site officiel de Pole-Position Magazine - Le seul magazine québécois de sport automobile

www.Poleposition.ca

Site officiel de Pole-Position Magazine

17 juin : Juan Manuel Fangio est victime du plus long arrêt aux puits de la F1 en Belgique en 1951

17 juin : Juan Manuel Fangio est victime du plus long arrêt aux puits de la F1 en Belgique en 1951

Lundi 17 juin 2024 par René Fagnan
Crédit photo: Alfa Romeo Canada

Crédit photo: Alfa Romeo Canada

Aujourd’hui, un bon arrêt aux puits est effectué en un peu moins de trois secondes. Au début des années 1950, il fallait environ une quarantaine de secondes pour que les mécanos changent les quatre pneus et fasse le plein de carburant d’une voiture de Grand Prix.

Mais lors du Grand Prix de Belgique de 1951, le grand Juan Manuel Fangio a vu sa course ruinée quand son arrêt a duré une éternité !

Cette course est disputée le 17 juin 1951 sur l’ancien circuit de Spa-Francorchamps qui consistait alors en des routes normalement ouvertes à la circulation et long de 14,1 kilomètres. Il n’y avait aucun rail de sécurité, pas de muret de protection, rien. Les routes étaient bordées de fossés, d’arbres, de maisons, de granges et de poteaux téléphoniques.

C’est l’Argentin Fangio qui décroche la pole position à bord de sa Alfa Romero 159 en 4’25” (oui, vous avez bien lu, quatre minutes). Il devance Nino Farina, aussi sur Alfa (4’28”), et Luigi Villoresi sur une Ferrari 375 (4’29”). Même s’il n’y a que 13 voitures sur la grille de départ, la foule qui assiste à l’événement est nombreuse. Le dernier qualifié est Pierre Levegh (de son vrai nom Pierre Eugene Alfred Bouillin) qui a boulé un tour de piste en 5’17” dans sa Talbot Lago T26C. Levegh sera un des acteurs du fameux et effroyable accident qui surviendra aux 24 Heures du Mans en 1955.

Il fait beau temps quand le drapeau de la Belgique est agité pour donner le signal du départ. Les Alfa de Fangio et Farina ont un eu de mal à démarrer, ce qui permet à la Ferrari de Villoresi de prendre la commande. Fangio réussit enfin à faire prendre des tours à son moteur, mais il a chuté au cinquième rang.

Un arrêt qui s’éternise

En ce début de course, Villoresi et Farina s’échangent la première place à deux reprises, mais le grand Fangio est en mission. Il double ses rivaux les uns après les autres et au 15e tour de cette course qui en compte 36, il roule en deuxième place derrière Farina.

C’est à ce moment que Farina effectue son pit stop pour quatre roues et le plein de carburant. Son arrêt propulse Fangio en tête de la course. Un tour plus tard, c’est au tour de Fangio de faire son arrêt. Et c’est la catastrophe.

L’Alfa Romeo de Fangio disposait alors d'une nouvelle suspension arrière de Dion et de roues concaves spéciales qui permettaient l'utilisation de tambours de frein révisés. Lors de l’arrêt aux puits, les mécanos sont incapables de retirer la roue arrière gauche. La tête d'un rayon s'est coincée dans les cannelures et aucun levier ou coup de masse ne peut la faire bouger.

Fangio descend de sa voiture et regarde, impassible, ses mécanos au travail. Ceux-ci démontent toute la suspension arrière, incluant la roue, le tambour de frein et le porte-moyeu. Au bout de plus de six minutes d’efforts, tout est démonté et les mécanos s’attachent maintenant à tout remonter…

Quand Fangio s’installe à nouveau au volant pour quitter les puits, son arrêt a duré 14 minutes ! Il repart évidemment en 10e et dernière place. En tête, Farina occupe le premier rang devant Ascari et Villoresi.

Fangio a tellement de retard qu’il ne peut même pas gagner une place. Il termine en neuvième position grâce à l’abandon de la Talbot Lago de Louis Chiron qui explose son moteur au 28e tour.

L’ordre ne change pas à l’avant et Farina remporte la victoire devant Ascari, Villoresi et Louis Rosier sur une Talbot Lago.

Cette contre-performance n’empêchera pas Fangio de remporter son premier titre mondial (sur sept épreuves, excluant l’Indy 500) avec un total de 31 points contre 25 pour Alberto Ascari.