Inscrites pour la première fois de leur histoire au calendrier de la série Intercontinental GT Challenge, les 24 Heures du Nürburgring recevait une attention internationale encore plus grande cette année, bien que la renommée même de l’épreuve suffise depuis un demi-siècle à en faire une course très prisée des fans et des concurrents engageant des voitures GT3, GT4, GT non homologuées et Touring Car.

Il faut dire que cette course est spéciale puisqu’elle utilise à la fois le circuit Grand Prix et la boucle nord (Nordschleife en Allemand), l’historique tracé serpentant dans la forêt du massif de l’Eifel (les Ardennes allemandes) durant 25 km. Un tour de ce circuit que Jackie Stewart surnomma l’Enfer vert dans les années 1970 est un morceau de bravoure en soi mais quand en plus 126 voitures sont sur la grille de départ et que la pluie est, comme souvent dans la région, au rendez-vous, cela donne une course pour le moins démentielle.

Deux pilotes canadiens partaient cette année avec des espoirs de victoire, soit Mikaël Grenier aux commandes de l’une des nombreuses Mercedes AMG GT3 capables de s’imposer au niveau toutes-catégories, et Mark Wilkins, avec l’une des trois Hyundai Elantra N officielles engagées en classe TCR.

Après des séances de qualification sur piste sèche, et même le soleil le vendredi, la pluie s’est mise à tomber au moment même où les pilotes entamaient leur tour de formation… qui dure 20 minutes derrière une Voiture de sécurité ! Au moment du départ, Daniel Harper, qualifié en pole position avec une BMW M4 GT3 du RMG Racing, entrait aux puits pour passer en pneus pluie, imité par une trentaine de concurrents, ce qui d’entrée de jeu changeait la hiérarchie.

La première heure a été marquée par le duel entre Laurens Vanthoor (Porsche) et Augusto Farfus (BMW) pour le commandement, sur une piste séchant au fil des tours, tandis que Adam Christodoulou, équipier de Grenier sur la Mercedes No.8, et Bryson Morris, au volant de la Hyundai partagée avec Wilkins, s’élançaient prudemment dans le peloton.

Après un peu moins de deux heures de parcourues et alors que la pluie avait cessé, plusieurs accidents avaient éliminé quelques favoris, dont la BMW No.99 du Rowe Racing qui luttait pour la victoire. Accroché par la Porsche GT4 d’Alesia Kreutzpointer, Sheldon van der Linde, qui avait relayé Farfus dans la M4, frappait une autre BMW avant de rebondir dans les rails. C’était l’abandon pour van der Linde et… l’annonce d’une suspension immédiate de licence sur la Nordschleife pour la jeune Kreutzpointer !

Au quart de la course et alors que la nuit et le brouillard commençaient à envahir l’Eifel, les premiers rangs étaient toujours occupés par les meilleures BMW, Audi et la Porsche officielle tandis que les chances de victoire de Grenier tombaient à néant suite à 3 tours perdus après la sortie d’Adam Christodoulou.

C’est peu après 23 heures que la direction de course sortit le drapeau rouge, le brouillard ne permettant plus aux pilotes de voir les signaleurs en bord de piste. Comme aucune amélioration n’était attendue, rendez-vous fut donné à tous à 8 heures du matin pour la relance de l’épreuve. Mais une fois le soleil levé, enfin on le devinait plus que le voir, le brouillard était encore plus dense. Dès lors, le sort de l’épreuve était scellé et, malgré la bonne volonté des organisateurs d’envoyer les pilotes en piste tourner pendant 80 minutes derrière la Voiture de sécurité de 13h30 à 14h50 afin que les fans admirent un peu le peloton de ces magnifiques GT et Touring Car, les conditions climatiques ne permettaient aucune relance et le drapeau à damier a été abaissé à 14h50, soit 70 minutes avant l’heure d’arrivée prévue.

Audi, qui a détruit peu à peu son riche programme en Endurance au profit des budgets colossaux que le futur engagement en F1 réclame, a donc décroché une victoire curieuse. Mais il fallait un vainqueur et ce n’est tout de même pas la faute de Christopher Mies, Frank Stippler, Ricardo Feller et Dennis Marshall d’avoir été en tête avec leur R8 LMS GT3 du Sherer Sport au moment du drapeau rouge !

La Porsche de Kévin Estre, Laurens Vanthoor, Thomas Preining et Ayhancan Güven est classée 2ème et la BMW M4 GT3 des jeunes Dennis Harper, Charles Weerts et Max Hesse, qualifié en pole position, 3ème. Le Top 6 est complété par la 1ère Mercedes et la 1ère Lamborghini. Incapables de reprendre la piste ce matin après l’accident de Christodoulou, ce dernier, Grenier, Engel et Schiller font partie des 22 équipages ayant renoncé (pour 105 classés). Une édition frustrante pour le pilote québécois mais les Mercedes étaient de toute manières trop pénalisées par la Balance des Performances de cette édition 2024 pour espérer la victoire à la régulière.

En classe TCR, la Hyundai de Mark Wilkins, Mason Filippi, Bryson Morris et Harry Gottsaker menait à l’arrêt de l’épreuve et, malgré une pénalité de 45 secondes pour une infraction au drapeau jaune, l’équipage nord-américain remporte la catégorie avec sa Elantra N TCR. Partis prudemment, soit derrière la VW Golf du champion du monde de Rallycross Johan Kristoffersson et une autre Elantra N, celle des pilotes européens lauréats 2023, Wilkins et ses équipiers ont pris la tête au bon moment, soit après 4 heures de course, pour filer vers la victoire. Pour le classement complet de l’épreuve, cliquez ici.