Avec Mikaël Grenier en GT3, il est le seul pilote canadien au départ de l’édition 2024 des 24 Heures du Nürburgring, ce week-end. Ami de Robert Wickens et pilote officiel Hyundai Motorsports aux États-Unis depuis 7 ans, l’Ontarien Mark Wilkins peut se vanter d’une riche carrière en Endurance et en Voitures de tourisme. Mais au Nürburgring, il est une totale recrue alors qu’il fait équipe avec Mason Filippi, Harry Gottsacker et Bryson Morris sur l’une des trois Hyundai Elantra N inscrites, favorites pour la victoire en classe TCR.
C’est donc avec humilité que le pilote canadien aborde cette course. Avec beaucoup d’enthousiasme aussi, lui qui avoue adorer le site, le tracé de plus de 20 kms et l’ambiance de cet événement hors norme. Nous en avons discuté avec lui…
Mark, c’est la première fois que tu participes aux 24 Heures du Nürburgring. Qu’est-ce qui t’impressionne le plus jusqu’à maintenant ?
L’atmosphère, les fans, c’est vraiment unique ! Nous avons aussi beaucoup de spectateurs lors des courses d’Endurance en Amérique du Nord mais nous sommes arrivés ici le mercredi avant la fin de semaine de course et il y avait déjà beaucoup de monde sur place, déjà installés avec leur campement, bravant la nuit et la température froide pour avoir la meilleure place. Ce sont de vrais passionnés et ça, ça m’inspire beaucoup, ça me donne de l’énergie.
Est-ce que tu as beaucoup pratiqué sur simulateur avant cette course ?
Oui. J’ai fait beaucoup de simulateur mais aussi j’ai dû participer à toutes les courses de préqualification pour avoir le droit de prendre le départ. J’ai aussi dû rouler avec la Hyundai VT2. Je me prépare pour ces 24 heures depuis l’automne dernier, en participant aux courses de 6 Heures sur ce circuit. Ici, pour avoir le droit de rouler sur la fameuse Nordschleife, tu dois faire des écoles, comme une recrue, même si j’ai plus de 20 ans d’expérience en course. On vient ici, et c’est comme une mise-à-jour de ton expérience de pilote. On doit faire les cours sur internet, on doit se présenter au circuit et on est pris en charge par un instructeur pour apprendre les codes spécifiques de la piste, qui sont bien différents de ce que j’ai vu auparavant. On doit réaliser au moins 15 tours en course pour obtenir son permis A du Nürburgring, celui qui permet de faire les 24 Heures. Il faut passer tous les tests et ils sont très sévères, on ne peut pas faire d’erreur. Je comprends qu’ils soient si sérieux, la piste est particulière, elle est parfois très étroite, sans échappatoire, excessivement rapide la plupart du temps. Je ne pensais pas que ça prendrait autant d’adaptation pour courir ici, même avec beaucoup d’expérience.
Piloter une voiture de catégorie TCR en IMSA veut dire qu’on se retrouve à côtoyer une vingtaine de voiture GT4 durant les courses. Ici, c’est plutôt une trentaine de GT3 et autant de GT4. Est-ce que c’est un challenge particulier à gérer que tout ce trafic mais sur une aussi longue piste ?
Il y a certaines sections de la piste que je trouve particulièrement difficiles, où des voitures GT peuvent te rattraper et essayer de t’enlever du chemin. Mais il n’y a vraiment pas d’autre place sur la piste que dans la ligne de course. Si tu te tasses trop, tu risques de sortir de piste ou de perdre le rythme carrément. Il faut prendre parfois des décisions très rapidement, parfois on pense qu’on fait bien mais ce n’est pas idéal. Les pilotes de GT sont extrêmement agressifs, je crois qu’ils vont se calmer un peu durant la course. Enfin j’espère ! Avec une TCR, on les retient parfois à certains endroits mais on ne peut pas faire autrement. Et si on ajoute de la pluie, qui est annoncée pour la course, ce sera une toute autre expérience avec cet élément en plus.
Piloter de nuit sur cette piste qui est beaucoup moins éclairée que Daytona par exemple, comment trouves-tu ça ?
Je dois dire que j’aime bien piloter la nuit. À Daytona, on dirait parfois qu’il fait jour tellement il y a des lumières. Ici au Nürburgring, j’ai plutôt l’impression de conduire ma motoneige seul dans la nuit, dans le bois et j’aime beaucoup ça ! C’est beaucoup plus facile de se concentrer pour moi quand c’est sombre. Dans certaines zones, il y a plus de lumières, les spectateurs font des feux, il y a les flashes des caméras auquel on ne s’attend pas parfois. C’est aussi plus difficile de voir les instructions des signaleurs… Je n’ai pas vu un double drapeau jaune aux essais et j’ai failli être exclu de l’événement pour avoir fait cette erreur.
Tu as aussi piloté des voitures Touring et GT dans d’autres courses. À quel niveau dans ta carrière places-tu cette participation au Nürburgring ?
Honnêtement, c’est vraiment proche du sommet de ce que j’ai jamais fait… C’est vraiment une chance exceptionnelle de pouvoir participer à cette course. Je pense que je suis venu ici pour la première fois en 2009 avec mon père et j’ai fait quelques tours du circuit en tant que touriste. Je n’ai jamais pensé que je pourrais piloter ici un jour. Je suis vraiment content d’avoir cette opportunité avec Hyundai. Je pilote pour eux depuis 7 ans maintenant. J’avais remporté le championnat IMSA en 2019 et nous devions venir ici en 2020 mais les plans ont été annulés avec les restrictions mondiales. Je suis content de finalement pouvoir y venir, c’est vraiment une belle expérience.
Hyundai a dévoilé ce matin une voiture pour participer à la course de côte de Pikes Peak. Est-ce quelque chose qui pourrait t’intéresser ?
Ah oui, absolument… Et j’ai hâte de voir le déploiement de ce projet particulier. J’apprécie de voir Hyundai se lancer dans toutes ces types de courses différentes, c’est excitant. J’aimerais beaucoup participer à ce projet, ce serait complétement en dehors de ma zone de confort, ce qui est toujours une bonne chose quant à moi. Mais on verra ça pour 2025. Pour l’instant, il y a les 24 Heures du Nürburgring 2024 qui commencent demain avec pour objectif de finir et gagner notre catégorie.