Jacques Villeneuve est le pilote canadien le plus couronné en série CART/IndyCar en ayant remporté cinq victoires en deux saisons, gagné les 500 Milles d’Indianapolis et le titre de champion de la série en 1995.

Deux autres Canadiens ont aussi connu de beaux succès dans cette série, mais sont tous les deux passés à un cheveu de s’imposer sur le super ovale d’Indianapolis et ironiquement, tous les deux sont convaincus que la victoire leur a été volée !

Commençons par l’Ontarien Scott Goodyear. Né le 20 décembre 1959, Scott a couru en Formule Ford 1600 (notamment ici au Québec), en Formule Atlantique ainsi qu’en Coupe Rothmans Porsche avant de disputer sa première course en série CART/IndyCar en 1987.

En 1992, Goodyear pilote une Lola-Chevrolet pour l’équipe de Derrick Walker. Il se qualifie 33e et dernier à Indianapolis. Il roule intelligemment et se retrouve troisième derrière Michael Andretti et Al Unser junior avec 12 tours à faire. La malchance frappe encore Andretti qui abandonne sur bris de pompe à carburant. Unser mène donc devant Goodyear. Les deux voitures parcourent les quatre derniers tours ensemble. À la sortie du virage 4 du dernier tour, Goodyear se place dans l’aspiration d’Unser. Le Torontois déboîte au dernier moment, remonte Unser, mais ce dernier récolte la victoire avec une mince avance de 0”043, soit un peu moins d’un mètre ! (Photo ci-dessus)

Lors de l’édition de 1995, Goodyear mène l’Indy 500 durant 42 tours. On sait que Jacques Villeneuve avait été pénalisé de deux tours pour avoir doublé la Voiture de sécurité en début d'épreuve. Après avoir refait son retard, Villeneuve roule derrière Goodyear qui est en tête.

Après une neutralisation, la course reprend avec 10 tours à faire. Alors que les meneurs négocient le virage 3, Goodyear accélère soudainement et double la voiture officielle qui roule encore sur la piste ! Ne voulant pas être (encore) pénalisé, Villeneuve freine et ne double pas la Voiture de tête. Les officiels respectent le règlement et pénalisent Goodyear qui refuse de s’arrêter. Au 195e tour, Goodyear est exclu des résultats, et Villeneuve gagne la course. « Selon moi, j’ai gagné la course. La Voiture de sécurité roulait beaucoup trop lentement. J’ai vu les feux verts s’allumer et j’ai démarré » avait clamé Goodyear.

Deux ans plus tard, Goodyear termine encore une fois second derrière Arie Luyendyk dans la controverse. Luyendyk mène la course devant Goodyear quand une neutralisation survient avec deux tours à faire. Lorsque les meneurs s’approchent de la ligne d’arrivée avec un tour à parcourir, l’officiel agite le drapeau vert alors que les feux jaunes sont encore allumés autour du circuit ! Luyendyk démarre en trombes et laisse Goodyear sur place. Luyendyk gagne facilement devant Goodyear dépité. « J’étais certain que la course finirait sous les jaunes. Je gardais une distance sur Luyendyk. Et soudainement, le vert a été agité alors que les feux jaunes étaient allumés ! Je n’ai eu aucune indication par radio que la course allait être relancée » avait raconté Goodyear.

Paul Tracy en furie

L’autre Canadien qui conteste vigoureusement sa deuxième place à l’Indy 500 est Paul Tracy. Né le 17 décembre 1968 à Scarborough en Ontario, Tracy a couru en Formule 1600 et 2000, ainsi qu’en Coupe Porsche avant de monter en Indy Lights, puis en série CART avec les écuries Penske, Newman-Haas et Team Green avec lesquelles il a remporté de nombreuses victoires.

En 2002, son équipe Green l’inscrit sur une Dallara IR02-Chevrolet (photo ci-dessoous) afin de disputer l’Indy 500 qui est sanctionnée non pas par la série ChampCar, mais par la série IndyCar.

Tracy prend le départ depuis la 29e position, remonte le peloton et roule en deuxième place derrière Elio Castroneves avec deux tours faire. Tracy harcèle son rival et sa voiture semble être plus rapide que celle du Brésilien.

La finale est une affaire de millisecondes. Dans le virage 3, Tracy parvient à doubler Castroneves par l’extérieur, Mais en même temps, un accrochage survient derrière eux, impliquant Buddy Lazier et Laurent Redon, et les feux jaunes sont illuminés. Tracy est persuadé d’avoir doublé Castroneves avant que les jaunes soient allumés. Cependant, les officiels ne le voient pas ainsi. Le peloton parcourt le dernier tour sous les jaunes et la direction de course confirme la victoire de Castroneves.

Tracy est en furie. L’écurie de Barry Green dépose un protêt qui est rejeté par les dirigeants de la série. Green fait ensuite appel de la décision, mais en juillet Tony George, patron de la série IndyCar, confirme la victoire de Castroneves. À ce jour, Paul Tracy clame encore haut et fort avoir doublé son rival avant l’illumination des feux jaunes et se dit être le vainqueur non-officiel de l’Indy 500 de 2002.