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Une accréditation, des souvenirs : Couverture de la course de la série CART à Surfers Paradise en Australie en 1993

Une accréditation, des souvenirs : Couverture de la course de la série CART à Surfers Paradise en Australie en 1993

Jeudi 28 mars 2024 par René Fagnan
Crédit photo: René Fagnan

Crédit photo: René Fagnan

Je vous présente aujourd’hui le deuxième texte d’une série qui nous ramène dans le passé et vous fait découvrir certaines anecdotes du sport automobile. Le premier texte est ici. Une accréditation, des souvenirs : Stéphane Proulx en Formule 3000 à Nogaro en 1990

Nous sommes au début de 1993 et je reçois, vraiment par hasard et par fax (!), une invitation pour assister au Australian FAI IndyCar Grand Prix, manche d’ouverture de la saison CART/IndyCar. Cette invitation m’est envoyée par Linda Zaklikowski, représentante du Queensland Tourist and Travel Corporation à Los Angeles. Cette invitation comprend tout : transport en avion, hébergement, accréditation, repas et visites.

J’accepte, évidemment. Quatre journalistes seront présents : David Phillips d’Autoweek et Jeremy Shaw de On Track, que je connais bien, un Texan, Steven Smith de Car & Driver et moi, seul reporter canadien.

Je suis fort excité à l’idée d’aller en Australie assister à cette course, car c’est la belle époque de la série CART avec les Fittipaldi, Tracy, Andretti, Goodyear, Rahal, Fabi, Johansson, Sullivan, Unser junior et surtout le Champion du monde en titre de F1, Nigel Mansell.

La course a lieu le 21 mars. Mon itinéraire est : Montréal-Toronto-Los Angeles-Sydney-Coolangata. Mais au petit matin du 14, Montréal est ensevelie sous 30 cm de neige ! Tous les vols au départ de Dorval sont retardés. Je me rends enfin à Toronto à midi, mais j’ai évidemment raté le vol vers Los Angeles. Mon nom est ajouté à la liste d’attente du sol suivant et, miracle, ça fonctionne ! Je parviens finalement à rallier Los Angeles à temps.

Puis, c’est le vol transpacifique en classe “Executive” d’un 747 de la compagnie Northwest vers Sydney. Il ne reste que le dernier vol d’une heure pour rejoindre Coolangata. C’est un minuscule aéroport situé en bordure de mer où l’on voit plus de planches de surf que de bagages sur le tapis roulant de l’aérogare ! Il ne reste qu’un petit tour de navette pour parcourir les 25 km et enfin arriver, le mardi 16 à midi, à Surfers Paradise, soit deux jours après mon départ de Montréal.

À la découverte d’une ville sensationnelle

Je partage un condo à Surfers Tropique Apartments sur Wharf Road avec le taciturne Steven Smith. Linda “Zak” nous donne nos accréditations et l’horaire de la semaine. En après-midi, nous visitons le sanctuaire d’oiseaux de Currumbin et donnons à boire aux lorikeets, ces magnifiques petits oiseaux incroyablement colorés. La journée s’achève et malgré l’important décalage horaire de 11 heures, je dors comme une marmotte.

Mercredi, il faut être debout tôt pour assister, dès sept heures, à une conférence de presse mettant en vedette William “Bill” Stokken (le patron de la série CART), Robbie Gordon, Nigel Mansell et le Canadien Scott Goodyear. Puis, nous faisons le tour du circuit urbain de 4,496 km, admirons les installations et après un après-midi libre, allons souper tous ensemble.

L’action début jeudi avec les essais des nombreuses séries australienne de soutien : NASCAR, AUSCAR, motos, Trans-Am et Ford Pro Am. Je vais discuter un peu avec les trois pilotes canadiens inscrits : Scott Goodyear (Walker Racing), Paul Tracy (Penske) et Ross Bentley (Dale Coyne). Nous les quatre journalistes avons accès à un condo avec balcon situé en hauteur du l’hôtel Contessa avec vue sur une partie du circuit. Je n’irai qu’une seule fois. La ville est décorée, l’ambiance est superbe et très festive, et les habitants sont super sympathiques.

Des journées très chargées

Vendredi, les voitures CART sont en piste pour les essais libres et les premières qualifications. Les journées sont chargées, car il n’y a pas une minute de repos. Entre les séances en piste, on voit des amateurs boucler un tour du circuit en patins à roues alignées, puis ce sont des démonstrations de voitures de drag, puis de motos, courses à pied, etc. Ça n’arrête pas !

À marcher autour du circuit, je suis stupéfait de constater à quel point les spectateurs en entrée générale peuvent installer leurs chaises pliantes tout près des murets de protection ! On ne verrait pas ça chez nous ! Trop dangereux ! En après-midi je fais un reportage durant l’émission “Sport cible” à la radio de CIBL.

Samedi, Nigel Mansell installe sa Lola-Ford de l'écurie Newman-Haas en pole position devant le duo Penske-Chevrolet formé d’Emerson Fittipaldi et de Paul Tracy, Robbie Gordon (Lola-Ford) et Arie Luyendyk (Lola-Ford). Nous assistons aux courses de séries de soutien puis allons souper tous ensemble.

Dimanche, jour de la course. Huit-cents journalistes, photographes et équipes de télévision ont été accrédités pour suivre l’événement. Quatre-vingt-un mille spectateurs prennent place dans les gradins et assistent à la victoire de Mansell qui croise l’arrivée avec une avance de cinq secondes sur Fittipaldi et 10”7 sur Gordon. À sa première course en série CART, Mansell remporte la victoire ! Scott Goodyear est le meilleur Canadien avec une 10e place.

En fin de journée, j’effectue un reportage téléphonique pour le service des sports de la télé de Radio-Canada. Lundi, nous sommes invités à visiter le parc national de Lamington. C’est la jungle, très humide, surchauffée, mais splendide.

Très tôt mardi matin, je suis sur la plage, les pieds dans l’eau, face à l’immensité de l’océan Pacifique. Les rouleaux des vagues gigantesques - et le bruit terrifiant qu’elles génèrent - sont spectaculaires. Je n’arrive pas à me convaincre que je serai chez moi, à Montréal, le soir même.

Nous quittons la ville en direction de Collangata et un vol intérieur nous mène à Sydney. Puis, c’est le vol Northwest NW74 qui franchit le Pacifique et rejoint Los Angeles. Je recule ma montre de 24 heures. Il reste ensuite deux vols è effectuer : un vers Toronto, puis l'autre vers Montréal. Il est très tard quand j’arrive enfin à notre appartement après avoir effectué un périple de 15 500 km et passé presque 23 heures en avion. Et nous sommes toujours mardi !!  Quelle expérience époustoufflante !

Crédit photo: René Fagnan