Serez-vous impressionné et reconnaîtrez-vous un pilote dont le palmarès en Formule 1 comprend deux titres mondiaux, en plus d’avoir été 3 fois vice-champion, qui a pris part à 176 Grands Prix et a gagné 5 fois celui de Monaco ?
De plus, et c’est là où il se distingue de tous les autres, le pilote en question a remporté les 500 milles d’Indianapolis en 1968 et les 24 Heures du Mans en 1972 avec Henri Pescarolo, sur prototype Matra-Simca MS670, faisant de lui le seul pilote à avoir jamais remporté le plus fameuse des Triples couronnes, réunissant le titre mondial de F1, l’Indy 500 et Le Mans. Et à son époque plusieurs pilotes de F1 participaient aussi à des séries majeures en Endurance pour prototypes (Targa Florio, 1000 Km du Nürburgring, Monza, Sebring, Mille Miglia) et à des séries nationales.
Il s’agit bien sûr de Graham Hill, dont nous allons décrire la carrière en F1 dans la Partie 1 du présent document, et aussi de ses autres faits d’armes importants en deuxième partie du texte.
Graham Hill est né à Londres, dans le quartier de Hampstead, le 15 février 1929. Il a suivi une formation technique en instrumentation puis en génie mécanique dans la Marine anglaise. Il attrape d’abord la piqûre des courses sur moto routière et en motocross, puis assiste à une course automobile avec un ami et décide de passer aux quatre roues.
Venu tard à la course, Graham Hill a toujours su identifier les besoins spécifiques des différentes équipes et mettre à profit ses habilités, ses connaissances techniques et son athlétisme lors de son premier passage chez Lotus, au sein de l’écurie BRM, son retour chez Lotus, puis chez Rob Walker Racing Team. Brabham, et enfin Embassy Hill Racing ont suivi jusqu'à sa retraite comme pilote en 1975. Embassy Hill Racing fut aussi sa propre équipe de F1, qu’il a menée jusqu’à sa mort dans un accident d’avion en novembre 1975.
L’expérience technique de Hill lui permet de décrocher en 1954 un premier emploi chez Lotus, comme petite main avant que sa valeur technique et sa détermination lui offrent rapidement un volant officiel en classe amateur. Son Modus Operandi est simple : il assemble un kit ou monte une voiture, gagne à son volant, la vend, et répète le processus. Habile de ses mains et bon vendeur, il gravit les échelons chez Lotus et devient titulaire en F1 en 1958 et 1959 avec les Lotus 12 et 15 à moteur avant. Graham pilote aussi des sportives et F1 à moteur avant, puis les premières F1 à moteur arrière de Lotus, les 18, 21, 24, et la 25 monocoque.
Maintenant reconnu comme un meneur d’hommes, Hill développe aussi sa façon méthodique de travailler, prenant des notes complètes à l’usine comme à la piste. Il participe de près à la gestion technique et stratégique. Graham Hill développe aussi sa méthode de pilotage utilisant une suspension toujours très rigide, que son équipe décrivait comme « trop de ketchup sur tout…» Mais ça marchait pour lui !
En 1960, Hill accepte une proposition en or de British Racing Motors (BRM), qui se veut depuis 1950 l’équipe nationale anglaise, mais sans avoir accompli grand-chose faute de budget solide, d’une direction d’affaires et technique incompétente, et d'une politique interne digne du tumulte des équipes italiennes ! Hill met la main à la pâte avec force et les résultats arrivent avec la fiabilité et la vitesse pure de plus en plus rapprochées des Lotus 49 et 72 de la période. 4 victoires et le titre mondial viennent couronner l’année 1962 de Hill et BRM (voir article spécifique sur son titre de 1962 en cliquant ici).
Mais il a manqué à Graham Hill un succès à Monaco. Ce sera chose faite en mai 1963, avec "sa" BRM. Il y remporte la première de ses cinq victoires en Principauté. BRM traverse avec Hill une courte période joyeuse de 1962 à 1965, avant que le Britannique ne retourne chez Lotus en 1967, constatant le déclin amorcé chez BRM.
Revenu chez Lotus, Hill travaille sur l’extraordinaire Lotus 49 et son moteur Cosworth DFV-Ford, lancés à Zandvoort en 1967. Plus important encore, Hill aide à remettre Lotus sur les rails après la disparition de Jim Clark à Hockenheim en avril 1968, et celle en mai de Mike Spence sur une Lotus 56 à Indianapolis. Trois victoires (Espagne, Monaco et Mexique) et le titre 1968 contribuèrent au retour en force de Lotus, aidé surtout par la force de caractère et la détermination du grand anglais.
Le 28 février 1969, soit il y a 55 ans jour pour jour, la première qualification de la saison de F1 a lieu sur le circuit de Kyalami en Afrique du Sud. Relégué en 7ème place, derrière Jack Brabham, le jeune Jackie Stewart Matra) mais aussi ses deux coéquipiers du Team Lotus, Jochen Rindt et Mario Andretti, Graham devine que la saison sera plus difficile que la précédente. Le lendemain, il finit 2ème de la course, derrière Stewart. À la fin de la saison, il se classe 7ème avec 19 points, loin derrière les 63 de Stewart.
Dominé par Rindt la saison précédente et sans volant lucratif à sa portée, Hill passe la saison 1970 au sein de l’écurie satellite de Lotus, celle de Rob Walker (oui, l’héritier de la distillerie Johnny Walker Whisky). Il y pilote des Lotus 49 et 72 prêtées par Colin Chapman en reconnaissance de son travail de conception de ces machines et de sa motivation lors de la saison 1968. Viennent ensuite deux saisons chez Brabham (1971 et 1972), maintenant moribonde due à un manque de budget et de performances.
Après ces trois saisons sans grands résultats et, surtout, sans espoir d’un bon volant pour la suite, Hill fonde en 1973 sa propre équipe, Embassy Hill Racing, avec surtout son argent et l'aide d’un partenaire clé, le cigarettier Embassy. Des résultats dignes d’une nouvelle équipe et sa baisse de vitesse en piste poussent cependant Hill à la retraite de la F1 au terme des deux premiers Grands Prix de la saison 1975, la première sous le nom officiel d’Embassy Hill Racing. Il embauche alors Rolf Stommelen, remplacé peu après (blessure au GP d'Espagne) par un jeune anglais parmi les plus prometteurs de l’époque, Tony Brise.
Puis vint le drame de novembre, l’écrasement de son avion et la disparition de cinq membres clés de l’équipe (voir article à ce sujet en cliquant ici), dont Graham et Tony Brise. Il ne restait plus que trois membres actifs à l’équipe : un directeur et deux techniciens. Walter Wolf acheta alors les restes de l'équipe pour les joindre à ceux de Hesketh-Williams et créer Wolf Racing.