Après sept années consécutives de domination sur la Formule 1 exercée par la puissante écurie Mercedes AMG, Red Bull Racing y a mis un terme en 2021 avec le premier des trois titres mondiaux acquis par Max Verstappen.
L’an dernier, quelques voix ont commencé à critiquer cette domination de l’écurie autrichienne à moteur Honda, prétextant que cela nuisait à la qualité du spectacle et faisait baisser les cotes d’écoute des télévisions.
Pourtant, ce n’est pas la première fois dans l’Histoire de la F1 qu’une écurie domine. Il y a eu des cycles comme ceux de McLaren-TAG, McLaren-Honda, Williams-Renault, Benetton-Renault et la Scuderia Ferrari avec le grand Michael Schumacher. Et la F1 a continué à attirer un immense auditoire et intéressé des nouveaux amateurs.
Alors, une écurie fera-t-elle tomber Red Bull Racing cette saison ? Nous en avons discuté avec Craig Scarborough, ingénieur de formation et passionné de F1 depuis les années 1970. On peut lire ses commentaires à ScarbsTech sur X (Twitter) et écouter ses vidéos “Tech Talk” diffusés sur formula1.com et F1TV.
« Si on fait rejouer la saison 2023 et qu’on élimine la Red Bull de Max Verstappen, les courses ont été animées. On se demandait lors de chaque Grand Prix si Mercedes allait rebondir, on se demandait si les Ferrari allaient enfin s’imposer et moins dégrader leurs pneus durant la course et ainsi de suite » explique-t-il.
« Nous sommes des individus tous différents et chaque personne a ses préférences. Je crois que si nous avions un vainqueur différent chaque course, mais que cela génèrait des épreuves endormantes, la F1 serait-elle meilleure ? Car une procession de voitures qui se suivent sans se doubler n’est pas très excitante à regarder » ajoute Scarborough. « Mais l’autre extrême n’est pas mieux. Bien des amateurs veulent voir de nombreux dépassements en course, mais dans ce cas, on en arrive à un style de course sur ovale comme ce à quoi on a assisté lors du Grand Prix de Las Vegas. Oui, il y a eu de nombreux dépassements durant cette course, mais très peu étaient des manouvres excitantes. Les pilotes qui disposaient de pneus plus frais que leurs rivaux arrivaient à facilement les doubler, et parfois même sans l’aide du DRS. Je ne suis pas un fan de courses sur ovales, car les dépassements sont souvent trop faciles à réaliser. Je préfère de loin un dépassement qui est réfléchi, osé et difficile à effectuer ».
Les chronos des qualifications étaient très serrés en 2023 ; ça se jouait habituellement à quelques dixièmes de seconde. Quelle différence avec la saison 1992 quand Nigel Mansell et sa Williams-Renault écrasaient la compétition ! Mansell battait habituellement son coéquipier, Riccardo Patrese, par une bonne demi-seconde. En Grande-Bretagne, Mansell s’était qualifié avec deux secondes d’avance sur Patrese et trois secondes sur Ayrton Senna sur une McLaren-Ford ! En Belgique, le Britannique avait roulé deux secondes plus vite que Senna qui s’était qualifié second ! La Williams dominatrice disposait de plusieurs avantages technologiques qui ont vite été bannis.
« La règlementation technique de cette année est, selon moi, assez bonne et équilibre les forces. Personnellement, j’aurais éliminé certains artifices et solutions aérodynamiques ridicules et coûteuses, mais en général je suis passablement satisfait. Les écarts entre les voitures sont serrés et les courses sont âprement disputées et souvent excitantes à regarder » poursuit l’ingénieur, sans ajouter que le vainqueur était habituellement... Max Verstappen.
Alors, quelle écurie peut bien faire fin à la domination Red Bull ? « Selon moi, et c’est très personnel, je crois que si Mercedes domine la saison 2024 cela créera pas mal de négativisme, car ils ont déjà beaucoup dominé au cours des dernières années. Cependant, s’il s’agit d’une autre écurie, comme par exemple McLaren, ce serait perçu fort différemment. D’ailleurs, on a vu McLaren progresser le façon vraiment spectaculaire l’an passé. Je ne serais pas étonné de voir Williams bien figurer cette année. Je crois que la règlementation technique actuelle peut permettre à certaines écuries de bien s’en sortir » d’affirmer Scarborough.
Les paris sont ouverts ! Quelle écurie mettra un terme à l’hégémonie Red Bull ? Et quand ?