Las Vegas, ville du jeu de hasard, du vice et du péché pour certains avec ses casinos, sa célèbre "Strip", ses gigantesques hôtels d’un goût douteux, ses enseignes lumineuses pas discrètes et ses nuits fort animées offre à la Formule 1 un nouveau circuit urbain.
Oui, la F1 revient à Las Vegas ce week-end pour la première fois depuis 1982. Durant deux années consécutives, en 1981 et 1982, Bernie Ecclestone, alléché par la possibilité de signer de juteux contrats avec de richissimes annonceurs, a cédé aux appels de la ville du Nevada pour organiser le Grand Prix du Ceasars’ Palace.
Pourquoi le nom de Ceasars’ Palace ? Simplement parce que la piste archi artificielle est tracée sur le parking de ce monumental hôtel-casino. Le circuit de 3,65km ressemble à trois doigts de la main et est ceinturé de murets de béton. Bref, un décor insipide et un défi ennuyeux pour les pilotes. Une sorte de piste “Mickey Mouse” pour go-karts de location.
Toutefois, le circuit tourne en sens antihoraire, ce qui est très rare à cette époque. Les bolides étant à effet de sol puissant, les nombreux virages à gauche mettent à mal de cou des pilotes.
La première édition a lieu le 17 octobre et termine la saison 1981. Trois pilotes peuvent espérer remporter le titre mondial : Carlos Reutemann (Williams), Nelson Piquet (Brabham) et Jacques Laffite (Ligier). C’est Reutemann qui décroche la pole position au volant de sa Williams FW07C devant son coéquipier et ennemi juré, Alan Jones. Gilles Villeneuve réalise un autre miracle en plaçant sa Ferrari 126 CK en troisième place sur la grille, car cette piste ne convient pas vraiment aux moteurs turbo.
Jacques, le frère de Gilles, tente à nouveau de qualifier son horrible Arrows A3, mais il n’y parvient pas. Sur les 30 inscrits, seuls les 24 plus rapides peuvent disputer la course. Si Jones domine la course, Reutemann sombre. En effet, l’Argentin semble avoir craqué sous la pression et termine la course à une lointaine huitième place.
Gilles Villeneuve a pris un super départ et il occupait la troisième place quand il est tombé en panne d’injection au 22e tour. De toute façon, la direction de course s’apprêtait à lui montrer le drapeau noir pour ne pas avoir correctement positionné sa Ferrari au moment du départ. Alan Jones gagne donc la course devant Alain Prost sur sa Renault RE30 et Bruno Giacomelli à bord d’une Alfa Romeo 179C.
Nelson Piquet devient Champion du monde en terminant en cinquième place, à l’agonie. Le Brésilien est dans un état pitoyable au terme de cette course exténuante. Il a vomi dans son casque et il est au bord de l’épuisement. Il lui faudra 15 minutes pour récupérer et être capable de grimper sur le podium.
La revanche des moteurs Cosworth
Le second Grand Prix du Ceasars’ Palace se déroule un an plus tard, le 25 septembre 1982, au terme d’une saison catastrophique pour Ferrari qui a perdu ses deux pilotes : Gilles Villeneuve et Didier Pironi. Cette situation permet à l’étonnant Keke Rosberg, qui pilote une Williams FW08-Ford atmosphérique, de mener au classement général, neuf point devant John Watson sur une McLaren-Ford.
Alain Prost place sa Renault RE30B en pole position devant l’autre Renault de René Arnoux et la petite Tyrrell 011-Ford de Michele Alboreto. Les deux Français roulent en tête, mais au 20e passage, le V6 turbo d’Arnoux explose. Prost demeure en tête, mais est pourchassé par Alboreto aux commandes d’une Tyrrell légère et agile, parfaitement à l’aise sur ce tourniquet.
Prost mène, mais a des ennuis. Ses pneus Michelin se sont encrassés de gomme morte et il ressent de terribles vibrations à chaque fois qu’il freine. Alboreto en profite et le double au 52e tour sur 75. Le jeune Italien remporte ainsi sa première victoire en F1 à son 28e Grand Prix. Watson termine second devant Eddie Cheever au volant d’une Ligier-Matra.
Rosberg dispute une course ultra prudente afin de n’être impliqué dans aucun accrochage, Qualifié sixième, il se laisse même chuter en huitième place avant de profiter des abandons qui surviennent devant lui pour finalement croiser l’arrivée en cinquième position.
Le Finlandais, exténué et trempé de sueur, grimpe sur le podium et savoure son titre mondial, acquis avec une priorité de cinq points sur Watson. Seule consolation pour la Scuderia Ferrari : elle est quand même sacrée Championne du monde des constructeurs devant McLaren et Renault. Après cette édition, la F1 n’est jamais revenue courir à Las Vegas, jusqu’au week-end prochain...
L’image ici-bas montre la différence entre le tracé du circuit de 1981 et 1982 et celui qui sera emprunté en fin de semaine prochaine.