Lorsque Felipe Massa franchit la ligne d’arrivée du Grand Prix du Brésil 2008, étape finale de la saison, il est Champion du monde. Il célèbre dans le cockpit de sa Ferrari. Cependant, quelques secondes plus tard Lewis Hamilton, pilote McLaren, parvient à doubler Timo Glock au volant de sa Toyota dans le dernier virage et marque ainsi suffisamment de points pour rafler la couronne au pauvre Massa.

Le Brésilien aura été Champion du monde durant une trentaine de secondes…

Quand le monde de la Formule 1 arrive au circuit d’Interlagos pour y disputer la dernière course de la saison 2008, Hamilton occupe le sommet du classement avec 94 points tandis que Massa est second avec 87. Avec sept points d’avance, Hamilton n’a besoin que d’une cinquième place pour décrocher le titre, même si Massa gagne la course.

Le Brésilien installe sa Ferrari F1.08 en pole position tandis que Hamilton se qualifie au quatrième rang à bord de sa McLaren MP4-23 Mercedes. Juste avant le départ, une pluie torrentielle s’abat sur le circuit, ce qui oblige les écuries à faire installer des pneus pluie sur toutes les monoplaces. Le départ est donné et Massa s’installe en tête et y reste durant la majeure partie de la course qui se déroule sur une piste qui s’est progressivement asséchée et qui a requis des pneus secs. Hamilton, lui, navigue entre la cinquième et la troisième place.

Au 63e tour sur 71, une nouvelle averse s’abat et c’est la panique dans les puits, car les concurrents s’y ruent pour y faire monter des pneus pluie. Chez Toyota, on croit que la pluie sera de courte durée et les ingénieurs décident de laisser la voiture Timo Glock en piste en pneus secs.

Au 67e tour, Massa stoppe pour des pneus pluie. Il revient bon premier devant Fernando Alonso, Kimi Räikkönen, Glock, Hamilton et Sebastian Vettel. Deux boucles plus tard, c’est la catastrophe pour Hamilton qui se fait doubler par la Toro Rosso de Vettel. Hamilton est sixième et voit le titre lui filer entre les doigts.

Au baisser du drapeau à damier, Massa est premier et est Champion du monde. Dans le dernier virage, Glock, qui n’avance plus avec ses pneus lisses sur la piste détrempée, se fait doubler par Vettel et par Hamilton. Le Britannique se classe cinquième et de ce fait récolte le titre mondial. La déception est outrageusement amère pour Massa qui a tout fait en son pouvoir pour être sacré champion devant ses fans.

Une interview de Bernie Ecclestone choque Massa

L’attribution du titre 2008 a été remise en question suite à une interview accordée en mars dernier par l’ancien grand patron de la F1, Bernie Ecclestone.

Lors du Grand Prix de Singapour tenu le 28 septembre de 2008, Fernando Alonso avait obtenu la victoire grâce à un arrêt au puits mystérieusement exécuté juste avant l’intervention de la Voiture de sécurité requise par l’accident de son coéquipier chez Renault, Nelson Piquet junior. Un coup de chance que cet arrêt d’Alonso ? Pas du tout, car l’accident de Piquet était volontaire et avait été écrit dans le scénario !

Un an plus tard, le chat est finalement sorti du sac et la FIA a banni les acteurs de ce complot. Dans son interview, Ecclestone a affirmé qu'il avait appris la nature de cet arrangement dès 2008, bien avant que Piquet junior s’en confesse à la FIA.

Ecclestone a précisé qu'il avait choisi de ne pas mener d'enquête sur le crash de Piquet avant la fin de la saison, car selon lui il était trop tard pour modifier le classement. Massa accuse la FIA et FOM (l’entreprise d’Ecclestone) d'avoir failli à préserver l'intégrité du sport.

Massa clame qu’à cause de cette machination il a perdu énormément de primes et de lucratifs contrats publicitaires, et que le titre mondial 2008 lui revient de droit. Massa a donc intenté une action en justice pour tenter de changer le classement et récupérer le titre de champion.

Selon les experts, il y a peu de chances que la justice lui donne raison. Ces faits se sont déroulés il y a de cela 15 ans. Cependant, si la justice décidait de changer le classement, cela ouvrirait une boîte de Pandore. Lewis Hamilton pourrait alors exiger que l’on modifie le classement du Grand Prix d’Abou Dhabi de 2021 dont les derniers tours ont été marqué d’un terrible imbroglio causé par les décisions discutables prises en catastrophe par le directeur de course de l’époque.