Un des plus illustres créateurs de monoplaces de Formule 1, Adrian Newey, a commencé sa carrière au sein de la toute petite structure des frères Fittipaldi alors qu’il était un parfait inconnu.

Fin 1974, Emerson et son frère Wilson créent la première écurie de Formule 1 100% brésilienne, Copersucar, dont le nom provient du principal commanditaire de l’équipe, la coopérative nationale spécialisée dans la production de sucre et d'alcool. Wilson pilote la voiture en 1975, puis cède le volant à Emerson. La monoplace est assez rapide, mais manque beaucoup de fiabilité. Emerson décroche un seul podium pour l’écurie, devant les siens au Brésil en 1978.

Devant des résultats décevants, Copersucar se retire, mais les frères Fittipaldi poursuivent l’aventure. Soutenus par la bière Skol, ils achètent les actifs de l’écurie canadienne Wolf qui vient de fermer ses portes. La Wolf WR7-Ford est modifiée, porte désormais le nom de Fittipaldi et est pilotée par Emerson et Keke Rosberg.

Le modèle suivant, la F8, dessinée par Harvey Postlethwaite, n’est pas plus fiable. Au même moment, un jeune ingénieur britannique vient tout juste d’obtenir son diplôme de l’université de Southampton. Il s’agit d’Adrian Newey qui à rédigé un projet dr fin d’études intitulé « Effets aérodynamiques de l’effet de sol sur une voiture de sport ». Pour documenter son travail, Newey produit plusieurs profils d’aile inversé qu’il teste en soufflerie.

Newey envoie ensuite son document et une lettre de demande d’emploi aux écuries de F1. Personne ne désire l’engager, prétextant son manque d’expérience. À l’exception de Postlethwaite qui lui propose une rencontre. Les deux sont passionnés de motos sport et après avoir essayé la Ducati de Newey, Harvey lui offre un emploi sans même lui avoir posé une seule question !

Newey débute dans une petite écurie sans argent

En août 1980, Newey, qui porte le titre d’aérodynamicien junior, fait ses débuts chez Fittipaldi au sein d’un groupe de 35 personnes – un mélange d’ingénieurs provenant de Copersucar et de Wolf – répartit entre les ateliers et des caravanes plantées dans le stationnement de l'usine. Newey avoue qu’il y avait beaucoup de trop chefs et qu’il y avait des souvent des conflits entre des personnages aux égos surdimensionnés.

Pour la saison 1981, la FIA interdit les jupes coulissantes et impose que le fond plat des monoplaces soit en tout temps à au moins six centimètres du sol ce qui, en d’autres mots, annihile l’effet de succion sous la voiture. Les équipes effectuent des essais avec des jupes fixes en caoutchouc, mais elles ne résistent pas à la friction avec le sol.

Newey propose alors de hausser et d’allonger l’aile inversé des pontons afin que la quantité d’air qui s’échappe de sous les pontons soit, en pourcentage de la quantité totale des flux d’air passant sous la voiture, moindre. Cela cause toutefois un problème, celui de redessiner la suspension arrière de ce qui sera la voiture de 1982.

L'ingénieur britannique et un modéliste effectuent plusieurs visites à la soufflerie d’Imperial College afin d’y évaluer le rendement de la maquette de la future Fittipaldi. Les deux compères modifient à la main, avec de la pâte à modeler et du ruban gommé, la forme de la carrosserie et de l’aile inversée, ou modifient son angle d’attaque afin de mesurer les variations d’appui aérodynamique. C’est à ce moment que la petite écurie brésilienne perd son commanditaire principal, Skol. Les coffres se vident rapidement et Rosberg menace les frères Fittipaldi d’un procès s’ils ne lui versent pas son salaire très en retard.

Si les dessins techniques de la nouvelle suspension progressent bien, pas une seule pièce n’est mise en production. L’équipe Fittipaldi trouve bien quelques donateurs, mais les finances sont au plus mal. Le projet de Newey est stoppé net et la direction prend la décision de disputer la saison 1982 avec l’ancienne voiture légèrement modifiée.

Face à cette situation. Postlethwaite, le mentor de Newey, quitte Fittipaldi pour Ferrari. Adrian se sent bien seul et est désespéré face à ce manque flagrant d’argent qui l’empêche de voir sa première réalisation prendre la piste. Voyant le bureau d’études se vider progressivement, Newey met son CV à jour et quitte lui aussi l’écurie Fittipaldi en plein naufrage.