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16 octobre : Dan Wheldon perd la vie dans un gigantesque carambolage survenu sur l’ovale de Las Vegas

16 octobre : Dan Wheldon perd la vie dans un gigantesque carambolage survenu sur l’ovale de Las Vegas

Lundi 16 octobre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Wikimedia Commons

Crédit photo: Wikimedia Commons

Le pilote québécois Alexandre Tagliani a raconté à Pole-Position comment il avait été affecté par le décès tragique de Dan Wheldon lors de la course de la série IndyCar tenue à Las Vegas le 16 octobre 2011. Car en effet, Wheldon était ce jour-là aux commandes de SA voiture !

Retour sur la saison 2011. Alex Tagliani pilote pour l’écurie Sam Schmidt Motorsports. Il n’a pas de coéquipier et doit parfois jouer le rôle de pilote et d’ingénieur adjoint. En mai, il réalise un exploit en décrochant la pole position pour les 500 Milles d’Indianapolis.

« Le premier Indy 500 a eu lieu en 1911. Et en 2011, l’année du centième anniversaire, je réalise la pole position ! Sur les ovales cette année-là, courts ou super ovales, ma voiture était une fusée » nous a raconté Tagliani. Le Québécois rencontre des problèmes de refroidissement du moteur durant la course d’Indianapolis et c’est finalement Dan Wheldon qui remporte la victoire aux commandes d’une Dallara de l’écurie Bryan Herta Motorsports.

En fin de saison, Ii ne reste que trois courses à disputer. La série IndyCar se rend au Japon disputer une épreuve sur le Twin Ring Motegi, mais l’ovale a été endommagé par un tsunami et un tremblement de terre. La course est donc présentée sur le circuit routier où “Tag” termine en quatrième place et le Québécois figure alors au sixième rang du championnat.

« Je reviens du Japon et je reçois un appel de Dan Wheldon. Il me dit “Je m’excuse, mais c’est moi qui va piloter ta voiture lors des deux dernières courses de la saison” » explique Tagliani. « Sam [Schmidt] a convaincu mon commanditaire, Bowers & Wilkins, de mettre Wheldon dans ma voiture pour ces deux courses ».

Pourquoi ? Parce que le grand patron de la série IndyCar, Randy Bernard, avait eu l’idée d’offrir une bourse record de cinq millions de dollars qui serait divisée à parts égales entre un pilote et un amateur choisi au hasard si le pilote gagnait la course en partant en fond de grille lors de la course de Las Vegas du 16 octobre. Il y avait donc beaucoup de dollars à gagner.

Schmidt assure à Tagliani qu’il aura droit à une voiture lors des deux courses finales, mais que la sienne sera confiée à Wheldon. Les choses ne se passent pas comme prévu. « Finalement, la deuxième voiture de Sam n’est pas prête pour le Kentucky et je suis forcé de rater cette course ».

Lors de cette épreuve, Wheldon, au volant de la voiture habituelle de Tag, se qualifie en 28e place (sur 29) et termine 14e. « Cette voiture roulait comme une fusée sur les ovales. Comment se fait-il que Dan [Wheldon] embarque dedans et roule en queue de peloton ? » questionne Tagliani.

Une finale catastrophique

Arrive la grande finale à Las Vegas sur l’ovale ultra rapide de 1,5 mille. Alex reprend l’histoire : « Schmidt fait finalement préparer sa deuxième voiture par l’équipe de Bryan Herta. À son volant, je me qualifie quatrième [à 221,330 m/h) tandis que Dan, qui est dans ma voiture habituelle, est 29e sur 34 [218,410 m/h]. Mais nous roulions trop vite. Les voitures n’avaient pas le kit aérodynamique à cette époque et elles ne généraient pas assez d’appui. Helio Castroneves, Tony Kanaan, Will Power, Dario Franchitti, moi et tous les autres pilotes avons dit à la direction de course que c’était ridicule. On roulait à quatre voitures de large. On leur a dit “C’est fou. On va se tuer” ».

Cependant, l’enjeu était trop important. Wheldon et un amateur avaient la chance fabuleuse d’empocher cinq millions de dollars américains. Alors, la course a démarré et tout de suite, ce fut la folie en piste. Sans ces kits aérodynamiques, les voitures roulaient toutes à la même vitesse, collées les unes aux autres, violemment secouées par les terribles turbulences. Imaginez un peloton serré de 34 bolides, parfois à trois ou quatre de largeur, qui roule à plus de 330 km/h. Hélas, ce qui devait arriver, arriva. Au 11e tour sur les 200 prévus, un terrifiant carambolage impliqua 15 concurrents et causa la mort de Dan Wheldon. La course fut immédiatement arrêtée et ne fut jamais reprise.

« Premièrement, cette course avec un tel enjeu n’était pas respectueuse envers les autres pilotes et écuries qui disputaient tout le championnat et qui jouaient le titre. Tous les yeux étaient rivés sur un gars qui partait en 34e place. La course au championnat n’intéressait plus personne.  Deuxièmement, nous étions 34 en piste à Las Vegas sur un petit ovale de seulement d’un mille et demi. Quand je pensed que le pauvre Dan [Wheldon] avait déjà signé pour courir chez Andretti Autosport au volant de la voiture GoDaddy ».

Il poursuit : « Quand tu défies la logique en course automobile, tu risques gros. Quand, durant une course, la voiture t’envoie deux ou trois signaux, ou quand elle te dit qu’elle n’est pas capable de rouler plus vite et que tu te fais des petites frayeurs, il faut l’accepter. Si tu ignores ces signaux et que tu continues à pousser trop fort, tu as 99,9% de chances de finir ta course dans le mur. Ça prend une force mentale pour accepter ça. Dans plusieurs séries, il y a eu des pilotes et des équipes qui ont eu des signaux d’alerte et ne les ont pas écoutés. »