Le port du HANS a été imposé en Formule 1 en 2003 et nous célébrons cette année le 20e anniversaire de ce dispositif de protection des vertèbres cervicales et du cerveau qui a sauvé plusieurs pilotes de très graves blessures, de paralysie et même de la mort.
Il a été inventé au milieu des années 1980 par le Dr Robert "Bob" Hubbard, professeur d'ingénierie biomécanique à l'université d'état du Michigan. Le dispositif fonctionne en restreignant le violent mouvement de la tête du conducteur lors d'un impact à l'aide de sangles fixées au casque.
Le Dr Bob Hubbard et son beau-frère, le coureur automobile Jim Downing, qui excellait dans les courses de la série IMSA, avaient un ami commun, un pilote français nommé Patrick Jacquemart. Ce dernier était ingénieur et directeur de Renault Racing aux États-Unis.
Alors qu’il effectuait des essais à bord d’une Renault 5 Turbo sur le circuit de Mid-Ohio en 1981, Jacquemart a perdu le contrôle de son bolide qui a percuté de plein fouet et de face une solide butte de terre. L’impact lui a fracturé la base du crâne et il fut tué sur le coup.
Hubbard et Downing se sont alors mis à réfléchir à un appareil ou un dispositif qui pourrait empêcher une telle blessure, souvent mortelle, causée par une soudaine et violente décélération. Un tel choc provoque un mouvement violent de la tête. Le corps reste en place grâce aux ceintures de sécurité alors que la tête (et le casque) sont brutalement projetés vers l’avant, ce qui provoque une fracture de la base du crâne.
Il leur fallait trouver un moyen de restreindre les mouvements de la tête et du casque lors d’impacts. L'idée d'une sorte de coussin gonflable fut vite écartée. Les dessins techniques se sont progressivement affinés et au lieu de fixer le dispositif à la voiture, ils ont eu l’idée de le rendre autonome et de l’ancrer sous les ceintures de sécurité. Avec l’aide de General Motors, des essais dynamiques ont pu être effectués sur des mannequins bardés de capteurs et installés sur des traîneaux de simulations d’impacts.
Comment fonctionne le HANS ?
Le HANS (Head And Neck Support) consiste en un collier surélevé fabriqué en matériau composite muni de deux sangles en tissu polyester qui se fixent aux côtés du casque du pilote. Le collier est placé sous les ceintures du torse du pilote et est ainsi fermement maintenu en place. Lors d’un choc, le casque est projeté vers l’avant, mais les sangles se tendent et le retiennent avant que le pilote subisse des fractures cervicales.
Jim Downing sert de cobaye et porte le prototype du HANS lors de courses tenues en 1986. Les premiers modèles du HANS sont produits, ce qui génère encore plus d’intérêt de la part de GM, mais aussi de Ford et de Mercedes-Benz.
Cependant, le HANS génère relativement peu d’intérêt. Plusieurs pilotes se demandent comment ils vont parvenir à conduire avec un tel accoutrement qui a clairement l’air d’être inconfortable. D’autres pilotes sont même convaincus que le HANS peut autant infliger des blessures qu’il peut en protéger.
Après les décès de Roland Ratzenberger et d’Ayrton Senna survenus à Imola en mai 1994, la FIA s’est intéressée au HANS et à ses performances de protection. Mercedes-Benz a alors effectué des essais et des simulations d’accidents pour obtenir de plus amples données sur cet étrange collier. Toutes ces données biométriques ont été acheminées à la FIA et à tous les clubs automobiles affiliés.
Aux États-Unis, la mort tragique de Dale Earnhardt père a suscité une véritable commotion et a fait grimper la vente de HANS en flèche. En 2001, la série CART/IndyCar a rendu obligatoire le port du HANS lors des épreuves disputées sur des ovales. Un an plus tard, le HANS devait être porté lors de toutes les courses.
La nouvelle forme du HANS, le type de matériau composite utilisé qui a baissé son poids et l’addition de clips à ouverture rapide au bout des sangles a grandement contribué à faire accepter ce nouveau dispositif de sécurité. En 2003, la FIA a finalement décidé de rendre obligatoire le port du HANS en Formule 1.
Les terribles accidents qu’ont vécus les pilotes de F1 comme Romain Grosjean à Bahreïn, Luciano Burti à Spa, Robert Kubica à Montréal, Ralf Schumacher à Indianapolis, Sergio Pérez à Monaco, Fernando Alonso à Melbourne et des dizaines d’autres démontrent que le HANS est réellement efficace. De plus, une fois jumelé au HALO quelques années plus tard, il a sauvé la vie de bien des pilotes.