Site officiel de Pole-Position Magazine - Le seul magazine québécois de sport automobile

www.Poleposition.ca

Site officiel de Pole-Position Magazine

28 septembre : Mike Thackwell devient le plus jeune pilote à disputer un GP de F1 à Montréal en 1980

28 septembre : Mike Thackwell devient le plus jeune pilote à disputer un GP de F1 à Montréal en 1980

Jeudi 28 septembre 2023 par René Fagnan
Crédit photo: Facebook

Crédit photo: Facebook

C’est à l’occasion du Grand Prix du Canada de 1980 que le Néo-Zélandais Mike Thackwell est devenu le plus jeune pilote de l’histoire de la Formule 1 à prendre le départ d’un Grand Prix.

Certaines personnes pointilleuses argumenteront que si sa course n’a duré que quelques centaines de mètres, il n’a pas "véritablement" disputé la course. Mais aux yeux des statisticiens, des officiels de la FIA et des experts de la F1, le fait qu’il ait démarré au départ fait de lui un concurrent à part entière.

Thackwell était un personnage à part. On aurait dit qu’il était un coureur automobile des années 20 ou 30 qui se serait soudainement retrouvé à bord de bolides modernes. Plusieurs aspects du sport automobile lui étaient insupportables, comme de côtoyer des journalistes et de participer à des événements corporatifs. C’était un pilote pur et dur, convaincu de la hauteur son talent, à la limite arrogant, mais habité par une âme de bohème.

Il avait tout pour réussir : un corps d’athlète, des yeux bleus perçants, de longs cheveux blonds et un talent époustouflant. Et pourtant, après avoir connu beaucoup de succès en sport automobile, Thackwell a arrêté net sa carrière en 1988 et de devenu pilote d’hélicoptère, mineur dans des mines d’or en Australie et enseignant auprès d’enfants en difficultés. Il a ensuite liquidé tous ses biens matériels et vit maintenant dans une minuscule caravane au Royaume-Uni où il enseigne le surf et s’occupe de son fils handicapé.

Mike Thackwell a d’abord touché au motocross avant de passer au karting, remportant le GP de Hong Kong en 1975 et 76. Il émigre ensuite au Royaume-Uni et court en Formule Ford (3e place au championnat Dunlop Star of Tomorrow), puis en Formule 3 (3e place au championnat britannique Vandervell).

En 1980, il devient pilote du constructeur March en Formule 2 et signe un contrat de pilote d’essais pour l’écurie de F1 Tyrrell. Lors du Grand Prix d’Autriche, Jochen Mass est victime d'un accident à bord de sa Arrows et une blessure au cou l’empêche de participer à l’épreuve suivante disputée à Zandvoort aux Pays-Bas. Tyrrell prête Thackwell à Arrows et Mike tente, sans succès, de se qualifier aux commandes de la A3, échouant par seulement cinq dixièmes de seconde.

Fin septembre, Thackwell reçoit un appel de Ken Tyrrell qui lui demande d’acheter un billet d’avion pour Montréal. Ken lui a préparé une troisième Tyrrell 010-Ford aux couleurs des électro-ménagers Candy. 

Cette fois, le Néo-Zélandais parvient à se qualifier, bon dernier peut-être, mais devant Jody Scheckter (Champion du monde en titre chez Ferrari !), Rupert Keegan et Kevin Cogan, tous deux sur des Williams FW07 privées. Le chrono de Thackwell n’est plus lent que d’un petit dixième de seconde que celui réalisé par René Arnoux sur sa puissante Renault turbo et seulement deux dixièmes plus lent que celui de Gilles Villeneuve au volant de l’horrible Ferrari 312 T5 !

Un accident dès le premier virage

Dimanche 28 septembre, sous un ciel bleu, le peloton s’élance et un accrochage survient dès le premier virage quand Alan Jones, qualifié deuxième sur sa Williams, tasse la Brabham de Nelson Piquet qui occupait le pole position. Leurs voitures rebondissent et s’en suit un carambolage qui implique une dizaines voitures.

La piste est partielle bloquée, mais Thackwell, partit dernier, a eu la chance de voir l’incident se dérouler devant lui et a pu, miraculeusement, zigzaguer entre les épaves en perdition et ne rien toucher. Le drapeau rouge est déployé et la course est arrêtée. Thackwell termine son tour au ralenti et rentre aux puits.

Malheureusement pour lui, les voitures de ses coéquipiers, Jean-Pierre Jarier et Derek Daly, sont endommagées et irréparables sur place. Ken Tyrrell prend la décision de “donner” la monoplace intacte de Thackwell à Jarier, son premier pilote. Daly et Thackwell sont donc exclus du deuxième départ et confinés à un rôle de spectateur.

Par la suite, on verra Thackwell effectuer des essais pour Williams et tenter des qualifications impossibles à bord d’une RAM-Hart ici à Montréal en 1984, d’une Tyrrell-Ford la même année et d’une autre RAM-Hart en 1986.

Simultanément, Thackwell court en Endurance (aux commandes de bolides Porsche, TOM’s, Jaguar et Sauber), dispute quelques courses de F3 et deux en série CART/IndyCar avec Penske, et récolte le titre de champion de Formule 2 en 1984 à bord d’une Ralt-Honda officielle avec sept victoires en 11 étapes.

Fin 1987, il quitte brusquement la scène et coupe tous ses liens avec le sport automobile. Il n’a conservé aucun souvenir de cette période de sa vie et refuse même d’en parler à des journalistes. Sauf à James Mills tout récemment. « J'ai quitté le sport automobile à cause de la vanité, de l'avidité, de l'obsession de soi, de l'élitisme et du manque d'humilité qui le caractérisent. (…) Le népotisme et le narcissisme sont des défauts très ancrés en sport automobile. (…) J'étais bon, et parfois même très bon, mais je n'étais pas assez bon pour être ce genre de pilote, parce que je ne l'étais tout simplement pas. Je n'étais pas à la hauteur de ce qu'il fallait être pour être un pilote de haut niveau » d’affirmer, en toute franchise, Thackwell.