Le pilote français de Formule 1 Didier Pironi a été victime d’un terrible accident à bord de sa Ferrari durant les essais du Grand Prix d’Allemagne de 1982 sur le circuit de Hockenheim. Cet accident est survenu à peine trois mois après le décès tragique de son coéquipier, Gilles Villeneuve, survenu sur le circuit de Zolder en Belgique à bord d’une Ferrari identique.
Peu après ce funeste 8 mai 1982 qui a coûté la vie à Villeneuve, Pironi s’était sorti quasiment indemne d’une terrifiante sortie de piste sur le circuit Paul-Ricard en France lors d’essais privés.
Si Didier Pironi n’est pas le pilote de F1 le plus aimé au Québec à la suite de la controverse survenue entre lui et Villeneuve à Imola plus tôt durant la saison 1982, il demeure qu’il possédait d’excellentes chances de devenir le premier Français à être couronné Champion du monde.
Vendredi le 6 août 1982, Pironi décroche la pole position pour le Grand Prix d’Allemagne. Il fait beau et le ciel est bleu. Mais samedi matin, la météo bascule. La pluie tombe sur la région d'Hockenheim et le temps est gris et sinistre. Lors de la séance du matin, peu de pilotes osent s’aventurer sur ce tracé fait de longues lignes droites entrecoupées de chicanes. Les voitures à effet de sol soulèvent d’impressionnants nuages de gouttelettes d’eau qui demeurent longtemps en suspension dans l’air. En fait, ces nuages créent de véritables murs d'eau qui empêchent les pilotes de voir où ils roulent.
Pironi sort des garages avec un train de pneus pluie Goodyear expérimentaux. Son coéquipier, Patrick Tambay, dont la Ferrari est chaussée de pneus pluie standards, a réalisé le meilleur chrono en 2’14”246.
En quelques tours, Pironi ridiculise tout le monde avec un temps de 2’10”941 ! À ce moment, cinq autres voitures sont en piste. Après avoir négocié la troisième chicane, Pironi rattrape la Williams-Ford de Derek Daly qui roule juste derrière la Renault turbo d’Alain Prost. Pironi ne voit donc d'une seule projection d'eau, celle de la Williams. Soudainement, Daly se déporte vers la droite. Pironi croit qu'il lui laisse le passage. Mais non ! Daly s'est décalé pour doubler Prost. La Renault roule au ralenti à 190 km/h tandis que Pironi déboule à 240 km/h.
Un vol plané destructeur
La Ferrari percute la Renault. Les pneus se touchent et la monoplace italienne décolle, passe au-dessus de la voiture de Prost, s’envole, dépasse la cime des arbres, tournoie, retombe durement au sol, fracasse les rails de sécurité, ce qui arrache la partie avant du châssis. Pironi, encore conscient, est encore assis dans son siège (mais une sangle s’est rompue) et ses jambes déchiquetées traînent par terre dans la boue.
Nelson Piquet est le premier à s’arrêter près de l’épave. Il retire le casque de Pironi puis s’en va, incapable de faire quoi que ce soit. Les équipes de secours, menées par le Dr Sid Watkins, arrivent sur place. Le pilote blessé est d’abord stabilisé et calmé à l’aide de puissants analgésiques qui le rendent inconscient avant qu’il soit évacué par hélicoptère vers l’hôpital universitaire de Heidelberg.
Pironi souffre de fractures complexes et ouvertures au tibia, à la cheville et au pied droit, de fractures à la jambe gauche ainsi que de la rupture de l’artère tibiale postérieure de la jambe droite. Le Dr Watkins avoue que l’opération chirurgicale effectuée sur les jambes de Pironi fut longue et compliquée, car ses membres détruits étaient souillés par de la boue et de l’huile. Puis, le Français fut réveillé et il s’inquiéta immédiatement de l’état de ses jambes. On lui fit comprendre qu’il n’avait pas été amputé, mais qu’il ne pourrait plus jamais piloter une voiture de F1.
Quelques jours plus tard, Didier Pironi fut transféré à Paris où le professeur Émile Letournel a poursuivi les efforts pour sauver les jambes du pilote. Plus d’une vingtaine d’opérations ont été nécessaires pour refaire les jambes et le pied de Pironi qui, progressivement, a ressenti les effets pervers des anesthésies générales à répétition.
Quatre ans après l’accident, Pironi est enfin parvenu à marcher. En boitant certes, mais sans béquilles ni canne. Il a quand même effectué l'essai d'une Ligier de F1. Mais le 23 août 1987, Didier Pironi a perdu la vie avec deux autres membres d’équipage quand son bateau offshore de compétition s’est retourné au passage d’une vague durant une course au large de l'île de Wight, en Angleterre.