Que serait le sport automobile moderne sans les exclusions et pénalités d’après-course ? Ce qui se gagne sur la piste ou sur la route d’un rallye, les efforts d’un pilote, d’un équipage, sont parfois réduits à néant par une infraction minime qui amène à la disqualification, à l’exclusion du résultat final annoncé par les officiels parfois des heures ou des jours après une épreuve.
La Formule 1 a un bel historique dans ce domaine, la Formule E aussi. En IMSA et en Championnat du monde des Rallyes en revanche, les exclusions sont très rares et on peut se dire que lorsque cela survient, c’est vraiment parce que le cas de figure est très documenté et bien établi.
Deux événements s’étant terminés hier sont concernés ici : le Safari Rallye du Kenya où Thierry Neuville et son co-pilote Martijn Wydaeghe ont été exclus par les officiels alors que la nuit était largement tombée sur le pays africain et que les équipes avaient quitté la zone de service depuis bien longtemps, et les 6 Heures de Watkins Glen où la Porsche 963 victorieuse du Penske Motorsport, pilotée par Mathieu Jaminet et Nick Tandy, a vu sa victoire être retirée pour une infraction technique lors des vérifications d’après course.
Dans le cas de Watkins Glen, l’infraction est claire, bien qu’incroyablement minime. La Porsche 963 No.6 de Jaminet/Tandy a en effet été exclue (plus exactement reclassée dernière des GTP) parce que le patin avant du prototype ne respectait pas l’épaisseur minimale autorisée. L’équipe Penske a précisé que la différence est de moins de… un millimètre ! On peut supposer que les frottements engendrés sur les vibreurs tout au long de la course par cette partie du fond plat soient la cause de l’infraction. Le Team Penske n’ayant pas encore signifié aux officiels de l’IMSA s’il entend faire appel de la décision, c’est donc pour l’instant la BMW M Hybrid V8 numéro 25 (photo ci-dessus) de Nick Yelloly et Connor De Phillippi qui est déclarée victorieuse de la course.
En piste, De Phillippi était engagé dans un duel passionnant avec Mathieu Jaminet pour la victoire dans les derniers tours. Mais à 5 minutes de l’arrivée, piégé par le trafic de deux GTD Pro en avant de lui, De Phillippi a été dépassé par le pilote Porsche. Cette exclusion de la Porsche 963 amène BMW à célébrer la toute première victoire de son nouveau prototype M Hybrid V8. La dernière fois qu'un prototype BMW avait remporté une course en IMSA, c'était en 1999 aux 12 Heures de Sebring avec la V12 LMR.
Dans le cas de l’exclusion de Thierry Neuville du Safari Rally du Kenya, l’explication est beaucoup plus curieuse… Arrivé 8ème de l’épreuve, en plus de reporter la Power Stage ce qui lui donnait ainsi un total de 9 points, l’équipage Neuville/Wydaeghe a été exclu des résultats car une personne de son entourage a été arrêtée à deux reprises sur le parcours après les reconnaissances.
« Une personne circulant sur une propriété privée sans autorisation a été arrêtée par les officiels du rallye, à deux endroits différents et à deux jours d’intervalle, après les reconnaissances. Cette personne a été identifiée comme appartenant à l’entourage de Thierry Neuville, ce que le pilote n’a pas nié » précisent les officiels.
Apparemment, le pilote Hyundai avait demandé de l’aide à cette personne, dont on ignore l’identité, pour aller repérer des sections de spéciales où des roches pouvaient s’être déplacées entre les reconnaissances et le départ du rallye. Neuville a présenté ses excuses et reconnu sa responsabilité dans cette infraction de l’article 35.4.2 du Règlement Sportif du Championnat du monde (WRC 2023), qui précise que, "seule l’autorisation expresse du directeur de course et du Département des Rallyes de la FIA peut permettre à toute personne liée à un équipage engagé de voyager sur le parcours d’une épreuve spéciale du rallye (sauf à pied)".
Kalle Rovanperä se retrouve ainsi largement en tête du championnat avec 140 points, tandis que Neuville glisse à la 5ème place. Elfyns Evans est désormais 2ème avec 99 points, un de plus que Sébastien Ogier et Ott Tänak. Thierry Neuville en totalise 93.