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Technique : La fameuse Chaparral 2E et son aileron arrière mobile

Technique : La fameuse Chaparral 2E et son aileron arrière mobile

Mardi 20 juin 2023 par René Fagnan
Crédit photo: YouTube

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Le Texan Jim Hall était non seulement un excellent pilote automobile, il était aussi un inventeur de génie, curieux et innovateur. Au début des années 1960, Jim Hall travaille avec des ingénieurs de General Motors et ils découvrent vite en soufflerie que l’air qui glisse à haute vitesse par-dessus les ailes de roues de ses voitures sport génère de l’appui, une force verticale qui pousse la voiture vers le bas. Hall est alors le premier à exploiter cet appui aérodynamique afin d’accroitre le grip des pneus de ses voitures et ainsi rouler plus vite dans les virages.

La Chaparral 2, dotée d’un châssis tout en aluminium, d’un moteur V8 atmosphérique et d’une transmission "automatique" (plutôt un convertisseur de couple remplaçant l'embrayage) remporte la victoire dès sa première sortie à Laguna Seca en 1964.

Ce bolide génère un appui significatif à l’avant, ce qui en retour provoque du survirage dans les courbes rapides. Hall doit donc générer de l’appui à l’arrière. Il œuvre sur une évolution, la 2C, apparue en 1965 et qui dispose d'un volet arrière mobile commandé par le pied gauche du pilote.

Ce volet est mobile, un peu comme l’est aujourd’hui celui de l’aileron arrière des monoplaces de Formule 1, activé par le DRS. Le volet de la 2C est incliné de façon à produire de l’appui. En appuyant sur une pédale située là où se trouve normalement l’embrayage, le pilote change l’angle du volet, l’aplatissant de façon à générer moins d’appui, donc moins de traînée, sur la lignes droites du circuit. La 2C est donc rapide dans les virages avec son volet incliné et rapide dans les lignes droites grâce au volet en position neutre.

Appuyer sur la pédale referme aussi les conduits qui captent l’air à l’avant du bolide, améliorant la vitesse maximale ainsi que l’équilibre aérodynamique de la voiture. En arrivant dans un virage, le pilote releve son pied de la pédale et le volet revient automatiquement en position inclinée. Ce mécanisme est très semblable de celui du DRS actuel de F1.

Un aileron arrière tout en hauteur

Pour la saison 1966 de la série Can-Am, Hall améliore sa 2C et lui greffe un aileron arrière haut perché. C’est la Chaparral 2E. Les radiateurs ne sont plus logés dans le bouclier avant, mais inclinés et incorporés dans les flancs du bolide. Sa carrosserie en fibre de verre est étonnamment fluide et lisse. Et ce qui frappe le plus les spectateurs est son énorme aileron arrière, pleine largeur, perché à quatre pieds et six pouces dans les airs (1m38 plus haut que la carrosserie).

Son moteur est un V8 Chevrolet de 327 pouces-cubes (5359 cc) qui produit 475 chevaux à 6800 tours/minute. Le V8 est boulonné à une boîte de vitesses semi-automatique à convertisseur de couple à deux rapports. De nombreuses sources affirment qu'elle était "dérivée de la Powerglide" ou qu'elle utilisait certaines pièces internes de la Powerglide, presque assurément son convertisseur de couple.

Si la voiture est rapide, elle n’est pas parfaite. Dans les virages, son coin arrière extérieur a tendance à racler le sol, générant un terrible sous-virage. Hall et les ingénieurs décident alors de déplacer le point d’ancrage des montants de l’aileron. Ils ne sont plus fixés au châssis, mais aux porte-moyeux des roues arrière.

L’aileron arrière est haut perché afin d’être alimenté en air non perturbé. Au repos, il est incliné à un angle de 17 ou 18 degrés, ce qui produit 240 livres d’appui à 100 milles par heure (soit 110 kilos à 160 km/h). Selon le dessin de la piste et du nombre de virages, l’aileron pouvait bouger de quatre ou cinq degrés sur les lignes droites afin de réduire la traînée.

À son volant en série Can-Am en 1966, Jim Hall termine quatrième à Bridgehampton, deuxième à Mosport Park en Ontario, premier à Laguna Seca (devant Phil Hill lui aussi au volant d’une 2E), deuxième à Riverside et enfin septième au Stardust International Raceway de Las Vegas.