L’Histoire retient du Grand Prix du Canada de 2011 qu’il a battu le record de la plus longue course de F1. En effet, ce fut une course horriblement longue, dramatiquement ralentie par les nombreuses interventions de la Voiture de sécurité, des accidents à répétition et par un déluge qui a noyé l’Île Notre-Dame et la région de Montréal.
L’Histoire retient aussi que c’est Jenson Button de l’écurie McLaren-Mercedes qui a remporté la victoire au terme des 70 tours de la course, récolant sa 10e victoire personnelle et la 171ème pour l’écurie britannique McLaren.
Cependant, si la course fut longue, elle ne fut pas monotone. Loin de là ! Il s’est passé tellement de choses qu’il serait certainement accablant de vous raconter tout ce qui s’est passé durant les quatre heures, quatre minutes et 39 secondes qu’a duré cette épreuve. Ironiquement, ce fut aussi la course de F1 la plus lente de toutes ! Le vainqueur a parcouru les 305 km à la vitesse moyenne ridiculement basse de 74,86 km/h…
Pourtant, tout avait bien commencé ce dimanche 12 juin 2011 malgré la pluie qui s’abattait sur le sud du Québec. Sebastian Vettel avait décroché la pole position sur sa Red Bull-Renault devant Fernando Alonso et Felipe Massa sur les Ferrari, Mark Webber sur l’autre Red Bull, Lewis Hamilton à bord d’une McLaren-Mercedes, Nico Rosberg aux commandes d’une Mercedes et Jenson Button à bord de la seconde McLaren.
Mais dès le début de l’épreuve, à cause de la pluie et afin d’éviter un carambolage, les officiels décident de donner un départ roulant derrière la Voiture de sécurité. Ah, cette fameuse voiture grise… On va la voir entrer en action plusieurs fois durant la course !
Elle roule devant le peloton durant les quatre premiers tours et on donne enfin le départ. Pas pour longtemps, car elle revient en piste du huitième au 12e tour afin d’évacuer de la McLaren endommagée de Lewis Hamilton. Ce dernier est entré en contact avec la McLaren sœur de son coéquipier Jenson Button devant les puits.
On redémarre un petit coup et au 20e passage, la Voiture de sécurité revient en piste, car la pluie est beaucoup trop forte. Les pilotes se plaignent d’aquaplanage et la visibilité est extrêmement réduite.
Au 25e tour, la direction de course déploie le drapeau rouge. La course est stoppée. Si les pilotes courent à l’abri, les mécanos et les inspecteurs techniques doivent demeurer près des bolides avec de l’eau jusqu’aux chevilles… Dans la salle de presse, plantée au-dessus du bassin olympique, l’eau s’infiltre et les journalistes ont aussi les pieds dans l’eau.
L’interruption dure… deux heures ! La pluie cesse enfin et la course reprend au 26e tour. Le peloton roule derrière la légendaire Voiture de sécurité jusqu’au 34e tour lorsque le vert est enfin agité.
Elle revient en piste (oh non !) au 37e tour, car la McLaren de Button a touché à la Ferrari de Fernando Alonso au passage de la première chicane. La Ferrari est coincée en équilibre sur le vibreur, moteur calé, et il faut intervenir.
L’action reprend au 40e passage, mais devinez ce qui se passe au 57e ? Eh oui, intervention de la Voiture de sécurité. La Renault de Nick Heidfeld a perdu son aileron avant après un contact avec la Sauber de Kamui Kobayashi et elle a terminé sa course au fond d’une échappatoire.
Au 60e tour, le vert est donné et la course ira jusqu’au 70e et dernier tour sans revoir cette fâcheuse voiture grise en piste.
Les remontées de Button
Le vainqueur de la course est Jenson Button. Oui, celui-là même qui a accroché involontairement son coéquipier Lewis Hamilton en début d’épreuve. Button a connu une course effroyablement mouvementée. Jamais il n’a cru qu’il en sortirait gagnant.
Tout commence quand il roule en sixième position et qu’il s’accroche avec Hamilton. Il chute en 14e place après avoir été pénalisé par un “drive through” pour vitesse excessive sous la Voiture de sécurité. Il remonte en huitième position, mais chute en 11e place au 19e tour après être passé dans les puits pour changer de pneus.
Button remonte au neuvième rang, mais chute au 15e lors du 35e tour après un autre changement de pneus. Deux tours plus tard, il s’accroche avec la Ferrari d’Alonso et doit stopper à son puits pour faire changer ses pneus à la suite d’une cervaison.
Le Britannique retourne en piste en 21e et dernière place. Au 45e tour, il figure en neuvième position. Puis les choses s’accélèrent. Sa McLaren dispose d’un gros aileron arrière qui lui procure beaucoup d’appui. Il roule plus vite que ses rivaux.
Au 53e tour, il est septième. Deux boucles plus tard, il double Kobayashi pour la quatrième position. Au 64e passage, il passe Mark Webber de l’écurie Red Bull pour lui prendre la troisième place. Un tour plus tard, il double la Mercedes de Michael Schumacher et occupe désormais la seconde place.
La victoire se joue dans le dernier tour. Vettel mène la course, mais ses rétroviseurs sont remplis par la McLaren de Button. La piste n’est pas encore totalement sèche et demeure piégeuse à certains endroits. Vettel sous-vire à l’entrée de la deuxième chicane et sa Red Bull dérape sur le tarmac glissant. Button en profite et le double pour filer vers la victoire. Ouf, quelle course !