La première édition des prestigieuses 24 Heures du Mans a eu lieu il y a 100 ans cette année, le 26 mai 1923.
À l’origine, cette course d’endurance disputée sur 24 heures était destinée à favoriser le progrès technique des premières voitures et l’essor de l’automobile. Car à ce moment, il existe bien des courses de voitures, comme les Grands Prix ou les 500 Milles d’Indianapolis. D’ailleurs, en 1906, le Circuit Permanent de la Sarthe est choisi par l’ACF (Automobile Club de France) pour y organiser un Grand Prix automobile.
Plusieurs années plus tard, en 1922, l’idée de présenter un Grand Prix d’endurance nait dans la tête de Georges Durand, secrétaire général de l’A.C.O. (Automobile Club de l’Ouest), de Charles Faroux, journaliste couvrant l’actualité automobile au journal “La vie automobile“, et d’Émile Coquille, industriel à la tête des établissements de roues métalliques Rudge-Witworth.
L’objectif de cette longue course est de tester la résistance des voitures, de leurs organes mécaniques, de leurs phares naissants de même que l’endurance physique des conducteurs.
Après avoir contacté les constructeurs automobiles et publicisé l’événement, le trio retient le week-end de samedi 26 et dimanche 27 mai 1923 pour la tenue du premier "Grand Prix d’Endurance de 24 heures - Coupe Rudge-Whitworth" sur le tracé long de 17,262 km situé au Mans.
La bourse offerte est de 100 000 francs français et les voitures, classées selon leur puissance, doivent assurer une vitesse moyenne située entre 38 et 66 km/h. L’enjeu de la course est de dépasser une distance en kilomètres déterminée par la cylindrée du véhicule.
Des conditions climatiques exécrables
Trente-trois voitures, pilotées chacune par deux conducteurs, sont inscrites et participent, le vendredi 25 mai, à des essais libres. La grille de départ est établie en fonction de la cylindrée des véhicules par ordre décroissant. Ainsi, les voitures à plus grosses cylindrées, les Excelsior Albert 1er de 5,4 litres, vont démarrer en première ligne.
Malheureusement, la météo ne collabore pas. Il pleut samedi le 26 à 16h au moment du départ et il fait frais. Le tracé, recouvert d’une couche de gravier, de terre et de goudron, est terriblement glissant et piégeux.
André Lagache et René Léonard, qui pilotent une puissante Chenard & Walcker propulsée par un moteur de trois litres, prennent la tête. Les conditions de course sont pénibles et les phares se révèlent vite être plutôt inefficaces dès que la nuit tombe. Pourtant, les voitures les plus rapides atteignent une vitesse maximale de près de 150 km/h sur les lignes droites.
Il faut une sacrée dose de courage pour affronter ces conditions météorologiques épouvantables, surtout que plusieurs compétiteurs ont choisi de rouler avec la capote baissée afin de réduire la résistance de l’air. Leurs visages sont donc exposés aux éléments, à la pluie glacée et aux projections de pierres.
Le jour se lève au matin du dimanche 27 mai. Lagache et Léonard sont toujours en tête de la course. Puis, on remarque que certains équipages lèvent le pied dès que leur distance minimum a été franchie, ceci dans le but de ménager la mécanique et espérer rallier l'arrivée.
La Chenard & Walcker de Lagache et Léonard complète 128 tours du circuit et remporte la victoire au classement général. Une voiture identique, conduite par Raoul Bachmann et Christian Dauvergne, se classe en seconde position à quatre tours des vainqueurs. On retrouve en troisième place la Bignan 11HP Desmo Sport à moteur deux litres de Paul Gros et Raymond de Torcano à huit tours.
Les gagnants ont parcouru la distance de 2209,540 kilomètres à la vitesse moyenne de 92,064 km/h. Baisser la cadence en fin de course a permis à plusieurs participants de préserver la mécanique, ce qui explique que seuls trois équipages ont abandonné.
La première page de l’Histoire des 24 heures du Mans venait d’être tournée.