Le circuit de Dijon-Prenois, situé à 15 km à l'ouest de la ville de Dijon, capitale mondiale de la moutarde, a été le théâtre de cinq éditions du Grand Prix de France et d’un seul et unique Grand Prix de... Suisse.
Un tracé relativement simple sur papier, le circuit de Dijon devient relativement complexe lorsqu’on roule dessus. Vallonné, il est composé de virages aveugles ou en dévers, de cuvettes, d’un freinage en descente et d’une terrifiante longue, très longue courbe à droite en appui, le virage de Pouas qui mène sur la ligne droite des puits.
Le circuit original ne mesurait que 3,29 km de long et était jugé trop court pour la F1. Niki Lauda y avait signé la pole position en 1974 en 58”790. Une section fut ajoutée pour l’édition suivante, portant sa longueur à 3,8 km.
Si Ronnie Peterson y remporta la victoire en 1974 sur une Lotus, Mario Andretti, lui aussi à bord d’une Lotus, termina premier en 1977. En 1979, c’est Jean-Pierre Jabouille qui signa la victoire, la première d’une Renault turbo, éclipsée par le duel qui mit aux prises Gilles Villeneuve et René Arnoux. Ce dernier décrocha la victoire en 1981 pour Renault.
En 1982, le circuit de Dijon présenta non pas le Grand Prix de France, mais celui de Suisse. En effet, à cette époque, les courses automobiles de toutes catégories étaient interdites sur le territoire suisse à la suite de la terrible tragédie survenue aux 24 Heures du Mans en 1955.
En 1984, le Grand Prix de France effectue un retour à Dijon après avoir été organisé au circuit Paul-Ricard durant les deux années précédentes. Afin de pas perdre d’argent, le directeur du circuit, l’ancien boxeur François Chambelland, décide de louer son circuit à Bernie Ecclestone et de laisser le grand argentier de la F1 gérer toute l’organisation de la course et d’empocher les éventuels profits.
Quelques jours avant la course prévue le 20 mai, le directeur de l’écurie Renault F1, Gérard Larrousse, déclare dans une interview controversée publiée dans le journal L’Équipe que face à d’insolubles ennuis de surconsommation de carburant de son moteur V6 turbo Renault pourrait abandonner la F1 dès la fin de la saison.
En effet, le V6 consomme beaucoup d’essence, ce qui oblige les pilotes officiels Renault et ceux des équipes clientes - Lotus et Ligier - à adopter un rythme relativement lent dès le début des épreuves afin d’économiser chaque précieuse goutte de carburant…
Niki Lauda trop fort
C’est Patrick Tambay qui installe sa Renault RE50 en pole position devant la Lotus 95T-Renault d’Elio de Angelis, la Brabham BT53-BMW de Nelson Piquet et la Williams FW09 -Honda de Keke Rosberg. Les puissantes McLaren MP4/2-TAG Porsche sont juste derrière avec Alain Prost en cinquième place et Niki Lauda en neuvième position.
Juste avant que le feu passe au vert, la Renault de Tambay avance un peu, mais le Français n’est pas pénalisé. Il prend la tête et complète le premier tour devant de Angelis et Nigel Mansell, les deux pilotes Lotus-Renault.
Peu après, Piquet abandonne. Son moteur BMW turbo n’a pas tenu le coup et a pris feu. Prost effectue une remontée et figure au second rang tandis que quelques tours plus tard, Lauda monte en troisième place.
Prost doit toutefois stopper à son puits à cause d’un étrier de frein desserré. Il repart en 11e place. Lauda ne rencontre aucun ennui et double facilement Tambay au 39e tour en roulant même sur la partie sale de la piste, ce qui n’est vraiment pas typique du pilotage de l’Autrichien.
Ce dernier s’arrête pour un train de pneus neufs au 55e tour, mais le changement de roues est plus long que prévu. Il revient en piste avec neuf secondes de retard sur le meneur, Tambay.
Lauda et sa McLaren sont trop forts… L’Autrichien roule plus vite d’une seconde au tour que le Français qui doit impérativement rouler “lentement” pour économiser du carburant. Au 62e tour, Lauda double Tambay et c’est terminé.
Lauda croise l’arrivée avec sept secondes d’avance sur Tambay qui a dû rouler au ralenti en fin de parcours. Nigel Mansell termine troisième à bord de sa Lotus devant René Arnoux sur une Ferrari au V6 bien fatigué.
Lorsque les voitures sont inspectées après la course, le personnel de l’écurie Renault est stupéfait de constater qu’il reste une bonne vingtaine de litres d'essence dans le réservoir de la voiture de Tambay. Les données de consommation étaient donc erronées.
Tambay aurait donc pu maintenir le rythme en fin de course et peut-être pu empêcher Lauda de la doubler… Mais qui sait ?