Retour en arrière de 117 ans aujourd’hui avec la présentation de la première édition de la Targa Florio ; cette légendaire course automobile du début du siècle dernier et disputée sur l’île de la Sicile en Italie.
C’est au courant de l’année 1905 que l'idée d'organiser une course automobile en Sicile vient à Vincenzo Florio, jeune magnat issu d'une famille très riche de Palerme et passionné de courses automobiles. Héritier d’une fortune, Florio ne voulait pas laisser un héritage culturel fait d’usines et de bateaux, mais un événement qui deviendrait connu sur toute la planète.
Un an auparavant, il a participé à une course sur le circuit de Brescia, et douze mois plus tard, il dispute la Coupe Gordon Bennett. C’est lors de ces épreuves qu’il noue des contacts majeurs avec des acteurs du sport automobile naissant. Florio discute ensuite de son projet avec son ami Charles Faroux, rédacteur en chef du journal sportif français "L'Auto".
Florio décide alors d'organiser "La Coppa Florio" à Brescia, puis une autre course très difficile en Sicile qu'il nomma plus tard "Targa Florio". Le projet de cette dernière est présenté à Paris en 1905 à Henri Desgrange, rédacteur en chef du journal "L'Auto" et patron de Faroux, qui accepte d’en faire la promotion.
Florio demande au comte d'Isnello de concevoir un tracé en Sicile, non loin de Palerme, qui soit assez long et sans passage à niveau. Isnello dessine un tracé long de 146,901 kilomètres qui démarre à Palerme, se rend à Bonfornello, puis traverses les villes de Cerda, Caltavuturo, Castellana, Petralia Sottana, Castelbuono, Collesano et Campofelice pour revenir à Palerme. Il s’agit de petites routes étroites de montagnes qui vont être arrosées d’une solution bitumineuse pour que la poussière ne se soulève pas trop.
L’annonce de cette course, la Targa Florio, est dotée d’une prime de 40 000 lires, une belle somme à l'époque. Vingt-deux équipages s’inscrivent, mais seulement dix se présentent aux vérifications techniques. Sept des voitures françaises sont absentes en raison d'une grève qui les a empêché d'embarquer à bord de navires à Marseille et à Gênes.
Les organisateurs ont placé 3500 carabiniers, gardes et soldats d'infanterie le long du parcours, car pour la plupart des habitants vivant dans ces collines majestueuses, voir circuler une voiture à moteur était une nouveauté et il fallait assurer leur sécurité.
Le départ est donné par un temps magnifique
À six heures du matin le 6 mai 1906, sous un ciel bleu, la première Targa Florio démarre. Le chronométreur en chef, Gilbert Marley, donne le départ à la Fiat 24/40 HP, 7,4 litres, conduite par Vincenzo Lancia, suivie à 10 minutes d'intervalle par neuf autres équipages.
Un peu plus d’un millier de spectateurs sont assis dans des gradins construits à la ligne d’arrivée située entre Campofelice et Bonformello, à 50 kilomètres miles à l'est de Palerme. En revanche, des dizaines de milliers d’amateurs d’automobiles se sont rendus pique-niquer tout autour du circuit pour voir passer ces étranges machines qui soulèvent quand même des nuages de poussière.
Durant la course, les positions et les écarts entre les concurrents sont fournis en temps réel aux tribunes grâce au télégraphe. Après avoir parcouru trois tours de cette longue boucle, Alessandro Cagno et son mécanicien Antonio Moriondo, sur une Itala 35/40 à moteur cinq cylindres de 14,8 litres, remportent la victoire après un effort de neuf heures, 32 minutes et 22 secondes et à la vitesse moyenne de 46,800 km/h.
Cagno, un Piémontais, signe également le tour le plus rapide en 2h50'10". Une fois la ligne d’arrivée passée, il freine et un joint universel de sa voiture casse net ! Une autre Itala, pilotée par Ettore Graziani termine au second rang avec un retard d’une trentaine de minutes, et la Berliet 24/40 de Paul Bablot coupe l’arrivée au troisième rang. Seuls six concurrents ont terminé l’épreuve.
Le succès de la course est immédiat et, à partir de ce moment, la Targa Florio entre dans le rang des courses automobiles les plus prestigieuses, devenant rapidement la course d'endurance la plus exigeante organisée sur un circuit routier.